J'irai cracher sur vos tombes - Boris Vian

Tu n'as signifié aucune préférence pour ce livre. T'a t'il plu et déçu ?

Et bien à vrai dire, j'avais peur de dire que j'ai adoré ce livre. La vérité c'est que je n'arrive jamais à poser d'avis concret sur un livre qui m'a touchée pariculièrement. Mais oui, il m'a plu, et même au-délà. Vian est un écrivain indomptable, tantôt lyrique, tantôt réaliste, c'est formidable de lire quelque chose dans ce genre c'est ... C'est unique. :]

Le résumé ne fait pas particulièrement envie à mon goût, mais je me fies sur ton avis. Il témoigne du choc des cultures, entre un adolescent dragueur et des jeunes filles rangées ?

Pas du tout. c'est vraiment un livre sur le racisme et la vengeance. Si j'évoquais l'idée de pénétrer dans l'intimité d'un futur criminel averti, ça te guiderait dans l'idée du livre ?

Oui, découvrir la perversité des pensées d'un tueur, de s'infiltrer dans les pires secrets d'une personne, ça m'intéresse !

Oui mais c'est pas vraiment ça non plus exactement. Rah je n'arrive pas à m'exprimer c'est trop dur. En tout les cas, si cette histoire ne te plait pas, (enfin d'après les très vagues explications que j'ai données et que je n'arrive pas à fournir), tu dois absolument gouter à Boris Vian, toi et les autres membres. La comparaison à Nothomb me plait assez bien, bien que ce ne soit pas le même style.

Pour moi ce livre est inénarrable,incomparable,indescriptible,unique...Bref il faut le lire. J 'apprécies beaucoup le style de Boris Vian qui est un des rares auteurs dont la lecture ne me demande aucun effort.

J'ai trouvé ce livre magnifique ! On le lit d'une traite. L'envie de vengeance de Lee est tellement forte que j'en suis devenue complètement dégoutée et j'ai profondément détesté ce personnage mais sans pour autant arrêté ma lecture. Le livre est rempli de mots crus. Mais Vian nous fait passer un message : la haine des Blancs sur les Noirs et l'inverse.

Moi j'ai adoré le personnage de Lee. Question de concept ;D

Maureen : Ce livre m'a fait bien plus d'effet que ne m'a extorquée de sentiments.

Chaque fois que je lis un livre que me touche beaucoup c'est plus fort que moi, j'ai le coeur rempli d'émotion !

Ce livre est magnifique. Je l'ai lu par hasard, et je n'en suis pas sorti indemne. Mon amour pour les romans de Vian n'a fait qu'amplifier. Et puis ce livre traite surtout d'un sujet très important, encore aujourd'hui, qui est le racisme ...

Le premier livre que j'ai lu de Boris Vian et celui qui m'a donné envie d'en lire d'autres.
Violent mais prenant. Qui n'aurait pas voulu se venger après ce qu'il lui est arrivé?

Voici mon avis personnel :

Mon avis quant à ce livre est, je dois dire, plutôt mitigé. D'un côté, j'ai beaucoup aimé l'idée de vengeance de ce jeune homme qui a perdu son frère à cause du racisme. On comprend son désarroi, sa haine, même si d'un autre côté on se dit que les soeurs Asquith ne sont pas responsables de ce drame et que donc il aurait pu s'en prendre aux véritables fautifs plutôt qu'à ces jeunes filles. Le racisme est vraiment bien décrit, on sent la difficulté que cela devait représenter d'être Noir à cette époque aux Etats-Unis. Ceci dit, j'ai trouvé que le personnage de Lee n'était pas vraiment approfondi. On sent qu'il veut se venger, certes, mais on a peu d'éléments quant à son véritable ressenti. En outre, j'ai trouvé ce personnage vraiment écoeurant, car si on comprend volontiers sa haine, on a du mal à concevoir qu'il puisse trouver du plaisir à coucher avec des jeunes adolescentes, voire même avec des enfants monnayant une certaine somme d'argent.... Les passages relatifs au sexe sont à mon sens beaucoup trop nombreux d'ailleurs, ce qui est vite lassant. Certains points sont qui plus est étranges dans ce texte. Je pense notamment au fait que Lee vouvoie ses "amis", et vice-versa, même après avoir connu la plus grande intimité avec eux.

Un livre très intéressant en ce qui concerne le racisme et la vengeance donc, très cru, très violent et qui ne laisse pas indemne, mais qui aurait pu être mieux selon moi si le personnage de Lee était plus approfondi

Je pense que ne pas approfondir le personnage de Lee était parfaitement voulu. COmme tu dis c'est un roman cru, voir même violent et obscène, mais en fait c'est un roman de surface. Un peu à l'image des préjugés/ racisme : on a l'impression que c'est superficiel, que c'est juste une question de point de vue, et puis on se rend compte que ça cache bien plus en fait.

Si vous le lisez avec l'espoir de trouver dans J'irai cracher sur vos tombes quelque chose capable de mettre vos sens en feu, vous allez drôlement être déçu. Si vous le lisez pour y retrouver la petite musique de Vian, vous l'y trouverez. Il n'y a pas beaucoup d'écrits de Vian dont il ne suffise de lire trois lignes anonymes pour dire tout de suite : «Tiens, c'est du Vian !» Ils ne sont pas nombreux, les écrivains dont on puisse en dire autant. Ce sont généralement ces écrivains-là qui ont les lecteurs les plus fidèles, les plus passionnés, parce que, en les lisant, on les entend parler. Lire Vian, lire Léautaud, lire la correspondance de Flaubert, c'est vraiment être avec eux. Ils ne truquent pas, ils ne se déguisent pas. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils écrivent. Ca ne se pardonne pas, ça. Vian a été condamné. Flaubert a été condamné...

Même s’il a été écrit sur le mode du second degré, le roman n’en reste pas moins choquant et dérangeant, même encore aujourd’hui. Vian y cumule tous les ingrédients d’un cocktail explosif à commencer par l’ambiance torride qui règne dans ses pages, qualifiée de « pornographique » à l’époque. La violence est également omniprésente jusqu’aux scènes de meurtre finales assez atroces. L’auteur ne lésine pas sur les moyens !

« Percutant », « foudroyant et terriblement efficace », tels sont les adjectifs utilisés pour qualifier ce roman à la mécanique narrative redoutable servie par un style âpre tout en phrases courtes et acérées qui tombent comme des couperets.

Le style et l'humour sont emprunts d'une verve étonnante, y compris aujourd'hui encore. Les tabous évoqués se sont édulcorés, mais n'ont pas tellement disparu, sur le sexe, l'intégration des minorités raciales, la culture dans les quartiers populaires, et même l'alcool.
L'outrance fait rire, les répliquent fusent, on passe vite à l'acte et on pense beaucoup à la chose, tout en buvant beaucoup. L'ensemble offre un cocktail détonnant, sous fond de violence et de vengeance.Vian a l'art du suspense et orchestre un crescendo dramatique parfait dans la découverte de la personnalité de Lee mais aussi de ses sombres desseins. Tout s'enchaîne implacablement jusqu'à l’apogée sanglante et magistrale...

S'il n'y a peut-être rien de révolutionnaire, il vaut le détour.