1984George Orwell
Titre original : Nineteen Eighty-FourAnnée de parution : 1949
Edition : Folio
Prix généralement observé : 7,32 euros
L'auteur : Eric Arthur Blair, plus connu sous le nom de George Orwell, est né en 1903 à Motihari en Inde britannique. Il a été chroniqueur, critique littéraire et romancier. S'il a certes une dizaine d'oeuvres à son actif, il est avant tout connu pour les romans
La ferme des animaux et
1984 qui rencontrent aujourd'hui encore un vif succès. L'oeuvre orwellienne porte vivement la marque de l'expérience personnelle et des engagements politiques de l'auteur, qui a fermement dénoncé l'impérialisme britannique ainsi que les totalitarismes nazi et soviétique.
Synopsis du livre : "De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston.... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée."
Mon avis personnel : Dans
1984, George Orwell nous dépeint un monde futuriste régi par un gouvernement totalitaire où le citoyen n'a plus aucun droit, si ce n'est le droit d'admirer "
le Parti" et de travailler en ce sens. Fortement inspiré par le régime stalinien, George Orwell dépeint admirablement bien tout ce qui a trait au totalitarisme et à la dictature : Le culte de la personnalité, la propagande, la désinformation, la surveillance, l'utilisation de boucs émissaires, l'abrutissement des masses, le déni du passé, la terreur.... Rien n'est laissé de côté, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat final est plus que brillant : Même si la dictature est là portée à son paroxysme, il est tout à fait imaginable qu'un tel monde où toute critique serait exclue voire même punie puisse exister un jour, notamment grâce aux avancées technologiques, et cela fait froid dans le dos, d'autant plus lorsqu'on réalise que certains des procédés utilisés par "
le Parti" dans
1984 sont effectivement de mise aujourd'hui : On pense notamment à la profusion de caméras de surveillance à outrance dans certaines villes, ainsi même qu'au fichage des citoyens dans certains pays, à la pression psychologique et morale pratiquée lors d'interrogatoires.... L'Océania est peut-être un monde fictif, mais on a parfois l'impression de s'en rapprocher, et ça fait peur. Le plus impressionnant, c'est que l'histoire se déroule à Londres, et lorsqu'on sait qu'aujourd'hui la capitale britannique est la ville qui compte le plus de caméras de surveillance par habitants au monde, c'est vraiment effarant. On pourrait presque considérer Orwell comme un visionnaire.
Cette contre-utopie est donc très intéressante à lire, car elle montre ce vers quoi on risque d'aller si les citoyens persistent dans leur désintéressement et leur désengagement en matière de politique et s'ils laissent des hommes machiavéliques avides de pouvoir prendre les rênes du pays. Car Big Brother n'est pas le seul fautif. Les gens qui n'ont rien fait pour empêcher une telle chose d'arriver le sont en effet tout autant. Qui plus est, Orwell a inventé pour ce livre tout un jargon futuriste qui nous met vite à l'aise avec l'histoire et qui nous donne vraiment l'impression que ce monde fictif existe bel et bien.
En outre, l'action de Winston est également très intéressante, car elle montre que dans de tels états totalitaires, on ne peut faire confiance à personne, et que finalement on est seul face à l'horreur. On sent un très fort individualisme, notamment avec le personnage de Julia, individualisme qui fait d'ailleurs curieusement penser à notre société actuelle. Car si Winston est longtemps persuadé que les sentiments sont plus forts que tout et que ce qui se trouve dans notre coeur ne peut être modelé et détourné par le gouvernement, on réalise qu'au final, c'est d'une certaine façon malheureusement possible. La fin du récit va également en ce sens, et on ne peut que s'émouvoir du sort du héros qui, bien qu'il ait été "
rééduqué", semble tout de même recouvrir certaines bribes de son passé, bien que cela reste inconscient et que, de toute façon, ne permettra pas de renverser ce machiavélique bien qu'allégorique Big Brother, qui a d'ailleurs donné lieu à une expression mondialement célèbre dépeignant le totalitarisme et l'état policier.
Quelques citations pour la route :- La mémoire était défaillante et les documents falsifiés, la prétention du Parti à avoir amélioré les conditions de la vie humaine devait alors être acceptée, car il n'existait pas et ne pourrait jamais exister de modèle à quoi comparer les conditions actuelles.
- Dans notre société, ceux qui ont la connaissance la plus complète de ce qui se passe, sont aussi ceux qui sont les plus éloignés de voir le monde tel qu'il est. En général, plus vaste est la compréhension, plus profonde est l'illusion. Le plus intelligent est le moins normal.
- "Je ne parle pas de confessions. Se confesser n'est pas trahir. Ce que l'on dit ou fait ne compte pas. Seuls les sentiments comptent. S'ils peuvent m'amener à cesser de t'aimer, là sera la vraie trahison."