Lecture & Identification

Un sympathique nouveau sujet qui je l'espère va vite devenir légèrement déviant.

Dans une vie, même courte, de littéraire, quasi tout lecteur assidu s'est un jour retourné sur telle ou telle oeuvre en constatant OMG mais c'est moi ! Car l'une des beautés de la littérature, c'est bien sur l'identification : de simples mots sur papier bible qui découvrent tant de ressemblances avec votre personne, dans les gestes, les paroles, l'état d'esprit, que ce n'est pas forcément flatteur. Mais un lecteur doit pourtant continuellement se remettre en question et accepter cette opportunité en or d'apprendre de lui même avec humilité...

Sans vous noyer davantage sous une prose étouffante, à qui vous identifiez vous le plus ? Est-ce systématiquement des personnages du même sexe que vous ? Je suis curieuse !

On m'a déjà dit souvent que j'étais un peu comme Meursault, dans L'Etranger d'Albert Camus. C'est une comparaison qui ne me déplaît pas forcément. Dans mon cas les personnages auxquels je m'identifie sont tous des garçons.

mayubee a écrit:

Sans vous noyer davantage sous une prose étouffante, à qui vous identifiez vous le plus ? Est-ce systématiquement des personnages du même sexe que vous ? Je suis curieuse !

Indéniablement à Frédéric Moreau de L'Education sentimentale, Flaubert. Et oui en général l'identification est masculine, la raison est simple les femmes (même lorsque leurs créateurs est un homme) font généralement des choix qui me laissent perplexe...

Mais le pire, personnellement, c'est l'identification à un personnage complètement différent de moi.
Ça m'est arrivé malheureusement (pour mon estime ) et heureusement (parce que ça prouve que je n'ai pas fini de m'extasier face à la plume d'un Homme).

D'un autre côté je fais attention à cette identification, car en général ce phénomène engendre irrémédiablement la disparition de mon sens critique. Cependant, c'est vrai qu'il est jouissif pour un lecteur de pouvoir s'identifier à un personnage. C'est en quelque sorte le fruit défendu...

En ce qui me concerne, j'ai beau être une fille, j'ai également du mal a m'identifier aux personnages feminins. A part quelques exeptions, comme la mère dans La Vie est Ailleurs de Kundera ou encore Emma Bovary, je me suis davantage retrouvée en Heathcliff dans les Hauts de Hurlevent, en Julius Winsome dans le roman de Gerard Donovan, en Mr Darcy, Mr Rochester ou encore plus facilement Romeo que Juliette.
Quelque soit le sexe de l'auteur, il y a une espèce d'aura de vertu et de beauté autour des personnages feminins, une sorte de rigidité ou meme d'hypocrisie, qui, la plupart du temps, ne me ressemble pas. Je préfère des personnages criblés de défauts mais naturels...

Wako, j'aime beaucoup ton image de fruit défendu!

Je trouve assez intéressant de voir le point de vue, somme toutes assez différent, de chacun... C'est avec ce genre de questions que l'on se rend compte de la manière particulière à chacun d'appréhender ses lectures... Personnellement, je ne m'identifie presque jamais à un personnage dans mes lectures... Par contre, assez souvent, à juste certains aspects de leur personnalité : je ne peux parfois m'empêcher de penser que j'aurais fait parfaitement pareil en certaines situations, que mes pensées auraient suivi le même fil... En fait, de toute ma mémoire, il y a un personnage de bouquin auquel je me suis réellement identifié... Merry, dans le Seigneur des anneaux! =P À part ça, on pourrait juste mentionner la plupart deslivres de Holdstock (j'ai prévu de créer un sujet sur lui un de ces jours), qui ont l'art, je pense, d'avoir des personnages auxquels chacun peut s'identifier de façon ou d'autre, tant ils sont humains et qu'on les sent vivants...

J'ai énormément de mal à m'identifier dans un personnage même quand le livre me plait beaucoup. Lorsque, par bonheur, cela arrive, le personnage peut être aussi bien un homme qu'une femme.
Il y a eu les filles de Quatre Filles et un Jean, Le perso de L'Herbe Bleue, Aureliano Buendia dans Cent ans de solitude, Jérôme Garcin dans ses souvenirs cavaliers.
C'est à peu près tout.

Heu Aureliano Buendia le colonel ?
De mon coté je me sens plus proche de José Arcadio Buendia le fondateur...

Exact, le colonel ! ^^

JE cherche desesperement à qui je pourrais m'identifier, mais je sèche.

Idem. Peut-être Alceste dans le Misanthrope. Encore que...