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 Au clair de lune.

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WakO

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MessageSujet: Au clair de lune.   Au clair de lune. Icon_minitimeLun 20 Juil - 13:31

Au clair de lune. Img-115843xwcx6
Je vous conseille de lancer Moonlight Sonata de Beethoven en fond musical. Pour une "meilleure ambiance"...

« Le dernier train passe à minuit. C’est celui-ci que j’ai décidé de prendre.

Mon identité n’a aucune importance, ni même la raison pour laquelle j’effectue ce voyage. Disons que j’ai fait mon temps ici et qu’il est temps d’aller explorer d’autres horizons.
Quoiqu’il-en-soit si vous lisez cette page c’est que mon voyage s’est parfaitement déroulé et qui que vous soyez ne vous inquiétez pas, je suis surement plus heureux là-bas.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j’écris, peut être pour m’exprimer une dernière fois. Peut être pour essayer de ne pas disparaître totalement de la surface de cette terre, pour laisser un souvenir à quelqu’un, que l’on s’intéresse à moi au moins une fois.


J’ai eu comme on dit une « enfance difficile », très tôt j’ai dû apprendre à me débrouiller seul. Et faire par ailleurs de très mauvais choix. Je n’ai jamais réussi à établir d’attaches affectives avec les autres. Pas d’envie, de force ni de courage. Les autres non plus d’ailleurs, non pas que je rejette la faute sur quelqu’un – je sais reconnaître mes erreurs – mais personne ne m’a jamais vraiment témoigné d’affection.
Bref, je n’aime pas parler de moi alors je vais plutôt essayer de vous décrire mes dernières heures ici.



Avant d’entamer l’écriture de cette note j’ai détruit toutes traces de mon existence. Jeter tout ce qui pourrait me retenir : garder un souvenir de moi. J’ai démissionné de mon boulot, j’ai fait don de toutes mes affaires à un SDF et j’ai brûlé ma carte de crédit, mon passeport, etc.
Je n’ai gardé que ma voiture – j’en aurais besoin pour le voyage – et de quoi écrire.


Dehors il fait déjà nuit, pourtant on y voit comme en plein jour grâce à la lumière que diffuse la pleine lune. Une lune d’une blancheur immaculée sans aucune aspérité, parfaite.
A vrai dire la colline d’où j’écris est à l’exemple de cette lune, vierge de toutes souillures d’hommes. Relativement élevée pour dominer la ville elle étouffe les bruits incommodants de celle-ci. Au centre de cette butte siège un grand hêtre qui semble s’affaisser par le poids de ses années.
En contrebas par contre c’est une autre affaire. La ville y est logée, elle se propage à une vitesse effarante en dévorant tous les tertres semblables au mien. Remplaçant l’herbe par de l’asphalte et les hêtres par de grandes tours de fer. Comme pour circonscrire cette expansion gangréneuse le rail de ma rame se tient en plein milieu de ces deux mondes antithétiques tel un gardien inviolable.


Il a plu sur la colline, de cette eau rédemptrice capable de tout laver. Cette pluie qui vous glace les os et vous réchauffe également.
J’ai eu besoin de courir, une dernière fois, besoin de me sentir en vie sous ce crachin incessant. Alors, j’ai couru, j’ai couru à en perdre haleine. Je suis descendu de la colline aussi vite que je le pouvais, mon cœur s’est mis à percuter ma poitrine de plus en plus fort. Ma respiration s’est faite saccadée, mes muscles s’enflammaient et enfin, alors que mon corps m’abandonnait, je me suis senti vivre. De cette vie puissante et inébranlable, un nouveau souffle de vigueur s’insufflait en moi.
C’est à cet instant que j’ai su que je pouvais le faire, non que je devais le faire, pour vivre enfin.
Je me suis donc installé au volant de ma voiture et je l’ai mené sur le rail, perpendiculairement à celui-ci.


Le dernier train passe à minuit, plus que cinq minutes avant le grand voyage – en espérant qu’il n’y ait pas de retards.
Je continue de rédiger, je vais essayer d’écrire jusqu’au bout.


Le voilà.
Je l’entends enfin, j’aperçois déjà ses lumières aveuglantes. Mon cœur s’accélère comme tout à l’heure lors de ma course effrénée. C’est étrange j’étais persuadé de ne pas redouter ce moment. C’est fou comme on peut se tromper sur soi. Mais il est trop tard pour reculer, dans quelques secondes tout sera fini et je pourrais vivre, enfin, être heureux.


Le choc fut brutal, je ne sens plus mes jambes c’est à peine si j’ai encore la force d’écrire. Je crois que je saigne beaucoup, car ma vision est obscurcie par un liquide.


C’est à peine croyable ce que je pensais être mon sang est en fait des larmes : je pleure. Je pleure et mes larmes me brûlent la peau. Je comprends que mon action est stupide. Je suis écœuré par ma lâcheté, l’affranchissement tant attendue ne surviendra pas. Comment ai-je pu le croire ? Je me rends enfin compte que j’ai frôlé le bonheur plus d’une fois. Il n’aurait suffi que de tendre la main et d’y croquer.
Je ne mourrais même pas heureux, quelle triste fin.


Je me retrouve esseulé face à la lune, cette lune d’une blancheur absolue. Complètement nu, toutes mes idées ayant disparu, diluées par sa seule présence. Elle semble me sourire, mais je n’arrive pas à savoir si ce sourire est ironique ou franc. Tout se dissout, le monde entier semble être absorbé par cette lune. Elle seule subsiste forte, fière et droite.
Elle seule me comprend, mais son regard se fait de plus en plus distant. Dans quelques instants elle se désintéressera de moi, irrémédiablement… »

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