Epopée Littéraire
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 Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)

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Tizzounette

Tizzounette


Féminin Nombre de messages : 848
Age : 34
Passion : Lire, écrire, vivre :)
Coup De Coeur Livresques : Tout, tout, tout...Allez jeter un coup d'oeil à ma présentation si vous voulez savoir ceux que je préfère =)
Préférences Littéraires : Fantasy !!!! Aventures fantastiques, ou comédies romantiques, romans de filles enfin un peu de tout mais pas trop les romans policiers...
Date d'inscription : 27/04/2009

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MessageSujet: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 13:25

1-La porte

Porte qui claque, pas qui approchent, larmes qui coulent.
Je m’enfonce dans mon lit en pleurant, noyée sous le poids de ma solitude. Seule, je suis seule. Il m’a laissée, abandonnée. Où est mon frère ? Je ne sais pas, personne ne sait. Envolé. Disparu. Je pleure, pleure.

Puis je relève la tête. Je sais. Arthur. Je sais où tu es ! Je l’avais redouté, sans trop y croire, depuis que j’ai découvert ce livre dans son antre.
Il est parti. Il y aspirait tant. Un livre emprunt de magie, dévoilant chaque parcelle d’un monde plus beau, comment ne pas en rêver ? Comment ne pas tenter sa chance quand on nous indique le chemin si aisément ?
J’avoue avoir moi-même été troublée. Alors, il s’y est finalement risqué ?

Je me relève, file dans sa chambre.
Des livres, il y en a partout. Je jette un œil dans sa bibliothèque à la recherche du coupable. Non, bien sur, trop facile. Je fouille la pile près de son lit, éparpille les quelques ouvrages sur son bureau, effleure les couvertures mystiques sur son appui de fenêtre. Mais LE livre n’est pas là. Je dois me rendre à l’évidence, il l’a bel et bien emmené avec lui. Evidemment, sinon comment aurait-il pu trouver la porte ? Mais…comment la trouverai-je, moi ? Mes yeux se posent sur sa carte de bibliothèque, placée en évidence sur la pile de livres à rendre. Parfait. Je m’en empare, enfile une veste et file en bas. Sur la table les restes du diner trainent, pas encore débarrassés. Impressionnant comme la vie s’arrête quand un enfant manque à l’appel. Je laisse un mot pour mes parents, inutile de les inquiéter, je sais comme le doute peut blesser. Je rejoins mon sac dans l’entrée, y ajoute quelques babioles, de l’argent, à manger. Tout est prêt. La porte se referme doucement dans mon dos. Je pars chercher mon frère.

La pluie dehors coule à flots et m’oblige à presser le pas jusqu’à l’arrêt le plus proche. Le ciel, comme moi, a le cœur en peine.
Mon bus me dépose juste en face de la médiathèque, et mes pas me conduisent mécaniquement vers le rayon qui m’intéresse. Science fiction, Fantastique, Fantasy… Mes yeux balaient chaque planche à la recherche de la couverture pourpre. J’y suis. Je sors le livre, feuillette quelques pages. La porte, nous y voila. Tout y est expliqué en détail. Rien de dangereux, d’insensé. Un simple portail, à peine voilé aux yeux inattentifs. La dame de l’accueil me lance un regard soupçonneux en enregistrant le livre sur la carte que je lui tends, un sourire timide la rassure. Enfin, elle me tend l’ouvrage auquel je m’agrippe fermement. Il est dorénavant ma seule chance de retrouver mon frère.

Le déluge me surprend à mon retour à l’air libre. Je protège le précieux volume dans mon sac après avoir noté l’adresse qui abrite la porte.
Bus, métro, bus à nouveau. Enfin, j’aperçois la plaque indiquant le parvis Saint Maurice. Je franchis avec hésitation la grille qui mène au parc attenant. Que faire maintenant ? Abritée sous une statue grimaçante, mes cheveux dégoulinants dans les yeux, je jette un nouveau coup d’œil au grimoire et parcours les indications.

Ici à droite, puis là derrière le buisson. La crypte m’apparaît.
Descendre les marches les yeux fermés en désirant sincèrement avoir le cœur pur, compter jusqu’à trois, avancer dans le vide.
Dans le vide ? Mon cœur bat la chamade. Et si ça ne marchait pas ? Et si mon frère s’était bel et bien fait enlevé par l’homme qu’on a dit avoir entraperçu quelques jours auparavant ? La sueur perle sur mon front. Non, y croire, il faut y croire. Avoir le cœur pur.
Pur ? Ai-je le cœur pur ? Je le désire, en tout cas. Avoir le cœur d’un enfant. Croire en la magie de ce monde.
Soudain je perçois un souffle, et le souvenir de mon père me murmurant au creux de l’oreille "Crois-tu en la magie ?" vient effleurer mon esprit.
Oui, j’y crois. Je veux y croire. Une voix chantonne à mon oreille attentive : "Aie le cœur pur, offre-toi au monde. Ouvre les yeux."

J’ouvre les yeux.

Le temps s'arrête tout à coup. Je sens toujours ce souffle dans ma nuque, et pourtant derrière moi tout est invisible.
Comme mes mains, mes pieds, mon corps tout entier.
Soudain, le monde autour de moi n'est plus que vide, ni blanc ni noir, simplement là sans y être vraiment. La porte. Le livre en avait décrit les effets et j'étais restée de marbre devant ce qu'évoquaient les lignes aventureuses. N'être plus rien, plus qu'un esprit, une âme farouche dont il me fallait rester maître. Avancer. Il fallait que je continue. Mais comment se déplacer dans un univers où on ne distingue pas le sol ? Sans avoir même conscience de son propre corps ?
La peur me prit alors. Il fallait que j'avance.
Je devais parcourir une trentaine de pas, c'est ce que prétendait le manuscrit. Au prix d'un effort colossal, je parvins à m'imaginer lever la jambe, la tendre en avant et reposer lourdement mon pied un mètre en avant. Le monde ne bougea pas, ni même mon corps invisible, mais je finis par me persuader que mon esprit s'était envolé vers la sortie. J'effectuai ainsi une dizaine d'autres pas.

Mais, alors que je m'apprêtais à soulever le talon qui me menait doucement vers une issue, mon esprit vacilla. Et si tous ces efforts n'étaient qu'imaginaires? Et si mon corps était en fait posté au même endroit qu'à mon arrivée? Et si je restais coincée infiniment dans ce vide inerte qui constituerait une prison impénétrable?
Alors, tandis que le doute s'insinuait en moi, le vide ne fut plus du vide mais de l'eau, et l'eau m'enleva, me repoussa loin en arrière sans que je ne puisse faire aucun mouvement. Et je fus emportée, emmenée vers les profondeurs abyssales que pouvait contenir ce monde invisible.
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 13:37

2- Enfermée

Un haut-le-cœur me secoue. On me ramène sur la berge. Qui me ramène ? J’essaie d’ouvrir les yeux, ils sont collés par mes larmes salées. Quand enfin je parviens à entrouvrir un oeil un soleil éblouissant me le fait refermer. Où suis-je ? J’entends des grognements résonner autour de moi, des pas lourds s’approcher. Mes paupières se soulèvent à nouveau. De hautes silhouettes sombres m’entourent.
"Où suis-je ?" Cette fois un murmure rauque sort de ma bouche.
Ils ne semblent pas m’entendre. Qui sont-ils ?
On me soulève de terre. A nouveau mes yeux sont clos, à nouveau je suis prise d’un haut-le-cœur. Soudain ma poitrine explose, un feu me brûle de l’intérieur.
"Aidez-moi", eus-je à peine le temps de penser avant de sombrer dans l’inconscience.

Je me réveille étendue dans une…cabane ? pièce ? chambre ?
Un regard alentour me montre des minuscules bâtonnets de bois empilés les uns sur les autres, des milliers de bâtonnets, formant une palissade percée de trous, en lieu et place des murs.
Un éclat de rire vient poindre sur mes lèvres : on se croirait dans une maison construite avec des…allumettes ! Si monsieur Pignon voyait ça…
Juste à côté de ma tête d’autres empilements font office de piliers soutenant une sorte de tôle plongeant jusqu’au sol…en caoutchouc !
En effet, tentant de me lever, je m’accroche d’une main à la pâte rougeâtre qui, loin de m’aider, s’étire mollement et me laisse m’étaler les quatre fers en l’air. Hum, drôle d’habitation. Et… mais tiens, où est la porte ?
Je fais le tour de la pièce, inspectant l’assemblage minutieux. Aucune ouverture assez grande pour me laisser passer. Aucune sortie. Mais…qui m’a déposée ici alors ? Comment ai-je pu me retrouver dans une pièce sans porte ?

Je lance un appel qui demeure sans réponse.
Bien, je suis seule, enfermée dans une cabane en allumettes. Et le soleil commence à taper, ses rayons se glissant entre les petits bâtonnets.
Tout à coup, l’image d’une allumette prenant feu et se propageant à toute la cabane trotte dans mon esprit. La peur me reprend, enserrant ma gorge en un étau douloureux. Où suis-je ? Je veux sortir d’ici !
"Toi vouloir sortir ? Toi attendre. Si feu pas prendre, toi sauvée."
Feu, pas prendre ? Qu’est ce que cette voix dans ma tête ? Le feu ne va pas prendre ! Ils ne vont pas me faire rôtir quand même ?! Mais…qui m’a parlé ?
"Penseur parler, toi attendre. Passer test. Dormir."
Penseur ? C’est quoi ça ? Attendre quoi ? Quel test ? Où suis-je ?
Attendre, non mais ça ne va pas ! Je ne vais pas me laisser bruler vive ! Une vague de révolte me submerge alors. Mais qui sont-ils pour disposer ainsi de ma vie ? Et pourquoi ne répond-il pas, ce penseur ?!
« Où suis-je ? » hurlais-je en vain.

La chaleur monte. Je m’assois. Ne pas paniquer, surtout. Le soleil transperce les frêles parois de bois et m’éblouit de milles feux. Que faire ? Je sens mes mains moites comprimer mes genoux, une perle de sueur coule dans mon cou. Comment réfléchir par une telle chaleur ? Le temps passe. Le tissu rêche dont ils m’ont vêtue me colle à la peau. Dans quoi suis-je venue me fourrer ? Raah Arthur, si je te retrouve tu me le paieras ! Ils m’ont pris mon sac, en plus. Ou peut-être l’ai-je perdu en traversant la "porte". Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis tellement lasse. J’ai tellement chaud. Sans réfléchir vraiment, je pose ma tête sur le sol bouillant. Je me replie, loin de ce monde inhospitalier. Je veux rentrer chez moi. Mes yeux se brouillent. Se ferment un instant. Ne se rouvrent pas.

J’entends… Qu’est ce que j’entends ? Des voix. Que disent-elles ?

Elle avait peur. Seule dans sa cellule, elle tremblait. Ils l’avaient tous terrorisée, et elle les avait abandonnés. Elle était maintenant seule. Mais seul, on a toujours peur.

J’ouvre les yeux. Je suis seule. Dans un lit. Plus d’allumettes, mais des murs en pierre blanche. Un toit, toujours du même matériau caoutchouteux, mais qui semble un peu plus solide, peut-être durci avec le temps ? Une fenêtre, trop haute. Et une porte ! Je me relève.
« Ohé ? »
Toujours personne. Ai-je donc atterris dans un monde désert de tout habitant ? Je pose un pied par terre, et une douce moquette rosée m’accueille. Humph, c’est toujours mieux que la cabane de bois. Visiblement, j’ai réussi le "test".
Je m’approche de la porte, tourne la poignée, plus haute que la normale. Je m’attends à déclencher quelque chose, l’arrivée d’un garde, une alarme sonore, un de ces pièges qui attendent les héros dans tous ces livres. Il n’y a rien. Je débouche dans une plaine aride, déserte.
Autour de moi les voix murmurent.
Seule, seule…
Une angoisse sourde me tord le ventre.
Ça n’est pas possible. Je scrute les alentours. Ça ne peut pas être vide. Un désert. Et où est la nature ? Il n’y a plus rien, rien.
Soudain, un nuage au loin m’avertis que quelque chose approche. Le doute m’assaille. Que faire ? Fuir, me cacher, rester… J’opte finalement pour la dernière solution : l’attente m’épuise, j’ai besoin d’aide. Je prie pour que, quel qu’il soit, l’arrivant soit pacifique.
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 13:44

3- Le peuple de Lynaeln

La cavalcade se fait plus pressante, le sol tremble tout à coup. Je suis forcée de baisser la tête pour me protéger au mieux de la poussière qui m’entoure dans un tourbillon occulte. Quand, enfin, la rafale s’apaise, mes yeux s’ouvrent sur d’énormes sabots. Verts.
Je recule pour que la "chose" m’apparaisse en entier. Devant moi se tient un centaure ténébreux. Pattes puissantes, muscles bandés roulants sous un poil dru, torse d’athlète. Verts.
Sa crinière couleur sapin encadre un visage sauvage, deux yeux aussi limpides qu’un lac de montagne, une peau couleur d’herbe tendre, deux minuscules cornes en bois.
Oh mon Dieu. Jamais il ne m’avait été donné d’observer de spectacle si grandiose. Une créature mythique, un regard aussi profond, une stature aussi impressionnante. Sa vue me glaça et m’attira, inextricablement. Il était sauvage et mystérieux. Fort et agile. Il était beau.
Et il était vert.
Il portait en lui toute la nature qui semblait avoir déserté ce monde. Un ilot de fraicheur dans une immensité sableuse. Une oasis en plein désert. Il était la vie dans ce monde abandonné.

Je me jetai à ses pieds.
« Aidez-moi, je vous en prie. Je suis perdue, abandonnée. Aidez-moi… »
Il ne parla pas. Avança, ouvrit la porte de ma "chambre" et s’y engouffra. Il semblait chercher quelque chose, quelqu’un. Un grognement sortir de sa bouche. Il me regardait d’un air interrogateur.
Quoi, c’était donc ainsi qu’il parlait ?!
« Euh… Je ne comprends pas… Je suis désolée. » lançai-je d’une petite voix aigüe qui n’était pas la mienne.
Je me raclai la gorge, repris plus fermement :
« Je viens d’ailleurs. Je ne parle pas votre langue. Me comprenez-vous ? »

Il suivait avec attention chaque mouvement de mes lèvres, semblait s’abreuver de mes mots. Mais il ne répondit pas.
Il s’approcha de moi, me scrutant avec attention, un air émerveillé sur le visage. Il huma mon odeur, émit un autre de ses grognements curieux. Je le laissai tourner autour de moi, caresser ma peau blanche, respirer une mèche de mes cheveux. Il se pressait contre moi avec délicatesse, comme on serre dans ses bras un être aimé revenant d’un lointain voyage.
Il observa chaque parcelle de mon corps sans animosité, et je subissais l’examen sans broncher. Un autre grognement. Je le regardais avec impuissance. Comment se faire comprendre ?

« Il faut que… » Grogne. Il avait posé un doigt sur mes lèvres, m’incitant au silence. Il plongea son regard pénétrant dans le mien. J’y insufflai avec une volonté de fer le message que je voulais lui transmettre.
J’ai besoin d’aide. Je suis perdue.
Il se détacha de moi. Se pencha vers le lit, y prit quelque chose. Mon sac. Il tenait mon sac. Ils ne me l’avaient donc pas pris. Je fronçai les sourcils. Pourquoi ne l’avais-je pas remarqué plus tôt ? Il me le tendit, puis me pris par le bras. Il serra, fort. Un petit cri plaintif m’échappa, et il eut l’air stupéfait, desserra un peu son étreinte.
« Et oui mon gars, que veux-tu, je suis une frêle créature humaine, pas un de tes soldats à sabots ! »
Il recula, surpris. Puis, faisant soudainement fi des convenances, il m’agrippa à deux mains et me projeta sur son dos.
En moins de deux nous galopions à toute allure à des milles de l’habitation. Le sol défilait à quelques centimètres de ma tête et je me sentais ballotée de tous côtés. Argh, je sentais la nausée monter, mon estomac vide secoué à tout va. Je fermai les yeux, ce fut pire. Le monde disparaissait sous moi à une allure folle. Où m’emmenait-il ? Je priai pour que tout cela cesse, m’agrippai désespérément à son pelage. Pitié…
Et tout stoppa. Halte. L’arrêt fut si soudain que je faillis glisser à terre mais une main me rattrapa in extremis.

"Toi humaine ?"
Je regardai autour de moi. Une foule de "gens" m’entouraient. Des centaures renâclaient. Qu’est-ce qu’ils étaient beaux. Il y en avait de toutes les couleurs de la nature. Ici un bleu d’azur rappelait l’eau des torrents, là le roux chatoyant évoquait la chute des feuilles en automne, ailleurs le rouge éblouissant du soleil couchant enflammait la place. Ils portaient en eux toute la vie qu’il manquait à ce monde.
J’observai également d’autres créatures, plus petites, moins poilues, tout en rondeurs, et au visage souriant.
Eh bien, me voila au pays des télétubbies maintenant, me dis-je un peu perdue…
Tous me regardaient avec des yeux ronds, ébahis.
« Héhé, bonjour. » avançai-je timidement.

"Toi humaine ?"
Ah, j’en avais oublié le gnome. Le petit être grisâtre qui m’avait empêché de tomber se tendait vers moi avec circonspection. Je l’observai à la dérobée. Lui n’était pas comme les autres. Il émanait de lui comme une aura spéciale, un halo mystérieux qui faisait de lui un être à part.
Il me prit par la main. "Toi venir !"
Je restai interdite, me laissant entrainer dernière lui bouche bée. Il n’avait pas parlé, non. Sa voix, tranchante, avait résonné dans mon esprit ! Qui plus est, elle ne m’était pas inconnue. J’en conservais encore l’écho mystérieux. La voix de la cabane aux allumettes. Le penseur.
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 13:48

4- A la découverte de l’ Ülnavir

Je me laissai guider loin de la foule, qui baragouinait avec force grognements. Au passage, je jetai un coup d’œil autour de moi : un énorme château abritait ce petit peuple, tout en pierre blanche et en cette drôle de résine caoutchouteuse.
Ici non plus, nul arbre alentours. J’allais devoir me résigner à oublier les forêts chatoyantes et les multiples fleurs de ma contrée : en ce monde la nature semblait belle et bien définitivement absente.
"Moi t’expliquer. Toi venir."
Le penseur lisait donc dans les pensées… Logique.

Il m’emmena dans une petite pièce carrée tout en haut du plus haut escalier. Haha, nous arrivions donc dans la tour de l’alchimiste savant, si l’on en croit tous les récits lus dans mon monde. Peut-être allait-il enfin m’expliquer. Je me tournai vers lui, passai la porte qu’il venait de m’ouvrir.
Je n’en cru pas mes yeux. Je me trouvais dans la plus grande bibliothèque jamais inventée. Des livres, des livres, des livres. Il y en avait partout, chaque mètre carré en était recouvert.
"Bibliothécaire, mieux, non ?" inscrivit dans mon esprit le petit être, un drôle de sourire sur sa face simiesque.
J’en restais muette. Plus de livres que je ne pourrais jamais en lire en toute une vie. Des milliers, que dis-je des millions d’histoires passionnantes, de chevauchées fantastiques, de rêves sur papier.
Je me demandais en quelle langue ils étaient écrits. Que faisaient-ils ici ? J’aurais cru que dans un monde déjà magique on n’eut pas besoin de ces merveilles.
"Livres partout. Mais livres pas remplacer vie. Avant, pas besoin lire. Maintenant, tout peuple venir demander livres au penseur. Cherchent rêves."
J’acquiesçais, subjuguée.
Il me regarda, semblant vouloir sonder mon esprit. Je ne bougeai pas, gardai les yeux levés vers cet océan de mots. Il renâcla, désirant visiblement que je m’intéresse plus à lui qu’à ces chefs-d’œuvre. Je ne voulais pas détacher mon regard des précieux recueils. Quant à ce bougre qui dénigrait le langage universel et refusait de s’exprimer par des mots, y préférant les pensées primitives…
Agacé, il m’attrapa par le bras, me faisant pivoter vers lui. Il n’avait pas de temps à perdre en inutiles contemplations. "Toi vouloir savoir ?"

Je baissai la tête vers son regard pénétrant et m’en mordit les doigts.
Il plongea en moi, s’immergeant dans mon esprit d’enfant. Il lut chacune de mes pensées, vécut chacun de mes souvenirs, lorgna chacun de mes rêves secrets. Il sombra dans mon cœur tumultueux et virevolta au grès de mes pensées futiles. Puis il s’enfouit dans mes peines, se noya dans mes malheurs. Il visita mon cerveau et en comprit l’agencement.
Peu à peu en lui mes mots trouvaient leur ordre, peu à peu il semblait me comprendre. Réapprendre un langage oublié.
Il ouvrit la bouche.
« Je suis le penseur, guérisseur des âmes et conducteur des rêves. »

J’acquiesçais, cette fois tout ouïe. Il me terrifiait. Non, il me fascinait. Il lisait en moi. Tout. Il comprenait tout. Je baissais la tête, honteuse de m’être montrée impolie avec un hôte de son envergure. Il leva la tête et, poursuivant dans mon esprit, me conta une histoire. Son histoire.

"Autrefois, le monde d’Ülnavir vivait en paix, la nature florissait alentours et le peuple aimait son roi, Lynaeln. Les humains traversaient régulièrement la porte, et tous nous les accueillions à bras ouverts. La magie en ce monde était partout. Les enfants riaient. Chacun faisait de sa vie un rêve. Souvent, le gardien trouvait au matin quelque aventurier venu admirer les splendeurs de nos contrées, qui s’en retournait ensuite les relater en votre monde. Les humains étaient bons alors."

Dans mon esprit se gravaient des images d’un royaume fleurissant qui s’apposait à la voix du penseur. Ainsi ce monde avait été vivant, lui aussi. Ainsi ils avaient connu la magie, et avaient été heureux. Le petit être continuait son récit et les tableaux défilaient derrière mes yeux.

"Puis les choses changèrent. On ne venait plus pour admirer mais pour jauger. Des hommes s’installèrent parmi le peuple de Lynaeln et profitèrent de nos richesses. Ils voulurent être acceptés dans ce monde puis, quand ce fut fait, ils le transformèrent. Ils brulèrent nos forêts, coupèrent nos arbres. Ils saccagèrent notre monde et le rendirent aride. La magie, qui avait tant émerveillé leurs ancêtres, les indifférait ; elle déserta l’Ülnavir. Puis, après des années d’occupation, quand ils en eurent extrait tous les bienfaits, ils repartirent, laissant au peuple de Lynaeln une terre desséchée."
Mon cœur se serra. Les hommes, responsables de ce monde désertique, d’une nature défunte ? Mais je ne fus pas véritablement étonnée. Il en était de même, là-bas, sur Terre, constatai-je consternée…
Le penseur acheva :

"Désormais, plus aucun humain ne s’intéressait à notre peuple. Les intrépides en quête d’aventure se firent rares, puis il ne vint plus personne. Le peuple devint triste et maussade ; Lynaeln mourut, accablé à la vue de sa terre dépouillée.
Sans mère nature, le monde était mort.
Les histoires merveilleuses au sujet de l’Ülnavir qui courraient en votre monde furent oubliées. Certains rêveurs, désireux de perpétuer ces légendes, apposèrent sur papier ce qu’ils avaient vécus ici, ou ce qu’on leur en avait raconté. Ainsi naquirent ces livres que tu admires tant. Mais jamais plus un humain ne tenta l’aventure. Votre monde lui aussi a fané. Il ne reste guère plus personne pour croire en la magie."


Il avait raison. Ça me fendit le cœur. C’était vrai. Dorénavant, plus personne ne croyait en la magie. Les plus aventureux lisaient des livres. Les autres, rien. La vie par procuration. Plus guère d’aventures tumultueuses. Pourquoi ?

"Les choses changent. Les gens oublient. Ils s’affadissent, s’embourbent dans leur ennui."

Les larmes me montèrent aux yeux. Nous étions devenus lâches.
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 13:56

5- Solitude

« Votre histoire m’afflige. Je suis désolée de voir ce que nous vous avons fait subir. »
C’était vrai, je l’étais. Ce monde était mort par notre faute. Il aurait pu revivre, si d’autres étaient venus, s’il y avait encore eu, sur Terre, quelqu’un qui s’en serait soucié. Mais il n’y avait personne. Moi-même je n’étais venue que pour retrouver mon frère. A cette pensée ma gorge se noua.
"Ton frère n’est pas ici. Tu es la première humaine que nous voyons depuis tant de temps..."

Je baissai la tête. J’aurais voulu qu’ils aient droit à un invité de marque. A un rêveur.
Je n’étais qu’une pauvre adolescente qui cherchait son frère. Et il n’était pas là. La boule qui m’oppressait la trachée grossit encore. J’étais venue pour rien, mon frère n’étais pas là. J’étais seule.
"Tu es une rêveuse. "
Je levai la tête vers son regard glacé. C’était vrai, peut-être.
Mon frère l’aurait été encore davantage. Comme j’aurais aimé qu’il soit venu avec moi. Lui aurait été ébloui. Il aurait vénéré le centaure, adoré les petits gnomes timides. Il aurait parlé avec chacun d’eux et cherché à découvrir tous les secrets de ce monde. Moi, je m’étais laissée porter. Et j’allais repartir.
Oui, ils étaient magiques. Mais ça n’était qu’un peuple de plus, un pays avec des coutumes différentes, d’autres aptitudes, c’est vrai, mais la même vie au final. Le rêve n’existait pas.
J’en aurais pleuré. J’en pleurais, d’ailleurs. Tout ici était mort, vide. Rien ne m’y attendait. Le penseur m’entraina d’un air malheureux dans une chambre du château, je me roulais en boule sur le lit. Déçue.
"Voila pourquoi les livres existent. Eux ne déçoivent pas."
J’éclatais en sanglots. J’avais honte, honte de ne pas pouvoir dire à ce penseur que j’avais toujours rêvé d’un conversation mentale, honte de ne pas pouvoir lui dire que je l’admirai et que j’aurai aimé vivre sa vie. Honte de voir que ce monde ne m’intéressait pas. Je voulais rentrer chez moi. Retrouver ma famille, mes amis. La magie n’avait de sens qu’avec eux. Ici, il n’y avait rien à admirer.

Je restais là un long moment, repliée sur moi-même. Les pensées tournaient dans ma tête. J’avais fait tout ça pour rien. Il n’y avait pas de solution miracle, pas d’endroit magique où se réfugier. Mon frère n’était pas là. Qu’allais-je faire ?
Je devais rentrer chez moi.
Je l’avais dit au penseur. "Tu ne peux pas rentrer." Avait-il déclaré. "Il n’y a plus guère de chemin jusqu’à ton monde. Plus personne à faire rentrer depuis trop longtemps..."

Ne peux pas rentrer... Pas rentrer... La tête me tournait. Je ne pouvais pas rentrer. Ça n’était pas possible. J’étais glacée de l’intérieur. Je devais rentrer. Mon Dieu, il fallait que je rentre. Mes larmes coulaient, inutiles. Mon cœur souffrait. Des voix me tourmentaient, ces mêmes voix qui me soufflaient que j’étais seule, seule dans ce monde abandonné. Des voix qui murmuraient…

Elle avait mal. Les larmes coulaient sur ses joues et remplissaient ses yeux de brouillard. Mais personne ne la voyait. Elle était seule.

Non, non… Je me secouais, déchirée. Ça n’était pas possible. Je ne pouvais pas rester ici. Avec ces voix qui me torturaient. De quoi parlaient-elles ? Je n’étais pas seule. J’allais rentrer. Le penseur m’aiderait. Il m’aiderait.

Elle avait froid. Son cœur se glaçait dans sa cellule, ses mains gelées croisées sur sa poitrine frigorifiée. Nulle chaleur humaine pour elle. Elle était seule.

J’allais rentrer chez moi. Il fallait que je rentre. Je me levai à la recherche du penseur. Dans les couloirs, je ne croisai personne. Désert.

Elle était seule.

Je dévalai les niveaux, longeai les passages étroits ; je ne retrouvais pas le long escalier qui menait au penseur. Il n’était nulle part.

Seule.

Je me mis à courir, cherchant en vain une trace de vie. Ça n’était pas possible. Ils avaient tous disparus. Où étaient-ils ? Je courrais, courrais. Personne.

Elle était seule.

Et ces voix, allaient-elles se taire ?
Soudain, sans prévenir des marches se présentèrent devant mes yeux, plongeant vers un sombre sous-sol. Je n’eus pas le temps de freiner, je dégringolais dans l’escalier. La chute dura, dura. Je ne sus combien de marches je dévalai ainsi, cahotant, ma tête heurtant avec force la pierre dure et froide.
Seule...
Elle avait froid. Elle avait mal. Elle avait peur.
Elle était seule.

Aïe. Je débouchais tête la première au beau milieu d’un couloir sombre, mon crâne heurtant le mur dans un craquement assourdissant. Je restai étalée par terre, à même la pierre froide.

Elle était morte. Ils l’avaient tuée à petit feu. Elle gisait oubliée de tous. Et pour la pleurer, il n’y avait personne.

Les voix…que racontaient-elles ? Je n’étais pas morte. Non. Il fallait que j’ouvre les yeux. Je n’étais pas morte.
Alors, tandis que mes paupières se soulevaient et que le sang regagnait mes membres ankylosés, je sus qu’elles ne parlaient pas de moi. Je n’étais pas morte, non. Ni seule. Tout au long de mon périple j’avais reçu de l’aide. Ce n’était pas le cas de la créature qui se tenait devant moi, recroquevillée au fond d’une cellule. Seule.
Je m’approchai. La délivrai.

On la secouait. Elle n’était pas morte.
Quelqu’un l’appelait. Elle revivait.
Elle ouvrit les yeux, ils étaient plongés dans les siens.
Sur sa joue une main se posa, balayant d’un geste sa dernière larme.
Et soudain les voix se turent.
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 13:58

7- Une promesse

Je plongeai dans son regard troublant. Je ne savais si elle me répondrait. Elle devait le faire. Elle était ma dernière alliée. Devant moi se tenait une femme. Humaine.
« Qui es-tu ? »

Elle répondit d’une voix rauque, usée par les pleurs et les âges silencieux.
« Voila bien longtemps qu’on a effacé mon nom des mémoires. Ici, on m’appelle Solitude. »

J’eus pitié d’elle. Elle si pâle, transie au fond de son cachot, si seule qu’on lui avait donné le nom de son malheur. Je la pris par la main, lui offrit une étreinte malheureuse. Elle avait tellement souffert. Comment avait-elle pu survivre en étant si seule ? Si désemparée…

« L’espoir m’a conservé durant de longues années. Longtemps j’ai attendu, attendu la venue d’un homme, d’un sauveur. Attendu qu’à nouveau les visiteurs se pressent aux frontières de l’Ülnavir et découvrent les merveilles qu’offre ce monde. Attendu qu’à nouveau on croie en la magie. Et tu es venue.
- Qui es-tu ?
- Je suis comme toi. Une voyageuse. La dernière des humaines.
Quand tous les autres sont partis, je suis restée.
- Pourquoi ?
- Je suis le guide. Je montre la voie. Je me suis offerte à ce monde, espérant un jour aider à le reconstruire. »

Je baissai la tête. Quel courage ! Elle était restée pour préserver ce monde. Elle l’avait aimé, comme je l’aurais certainement aimé si j’y étais venue du temps où la nature luxuriante offrait encore à son peuple un havre de paix, où les oiseaux aux milles couleurs volaient dans le ciel pur. Du temps où le peuple de Lynaeln faisait naitre dans le ciel moult reflets colorés nés de la magie, qui amusaient les hommes et faisaient rêver les femmes. Un temps que je discernais encore au fond des yeux sombres de Solitude.

« Je vais te faire rentrer chez toi. »

Une douce chaleur m’envahit. Oui, j’allais rentrer chez moi. Mais auparavant je devais lui dire, l’aider. J’aurais voulu connaître ce monde. Je le ferai connaître à d’autres.
« Ce temps renaîtra. Je t’en fais la promesse. Je reviendrai. D’autres viendront. D’autres rêveront. Je t’en fais la promesse, un jour l’Ülnavir renaîtra à la vie.
- Je sais. Tu n’es que la première. Le commencement. Le catalyseur. »

Je souris. Oui, j’étais le catalyseur. Bientôt, d’autres suivront, d’autres voudront voir de leurs yeux ces centaures aux couleurs chatoyantes, ce penseur mystérieux. D’autres liront cette histoire ; ils viendront.
La doyenne me prit par les épaules. Nos regards se croisèrent, s’attachèrent.

Elle ouvrit la bouche, chuchota, murmura, m’implora presque pour une dernière prière.
« Avant de partir… voudrais-tu… me nommer ? »
Une vague de chaleur me submergea, une vague d’amour et de compassion devant cette femme qui avait donné son être à ce monde. Une vague qui réchauffa son cœur également quand, la regardant profondément, je lui offris ce dernier cadeau :

« Je te nomme Espoir. »
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette)   Ma nouvelle Fantastique (Tizzounette) Icon_minitimeLun 8 Juin - 14:04

8- Retour aux sources

Un murmure, une promesse.
Ferme les yeux.
J’obtempérai. Sur mes épaules reposait encore l’ombre des mains amies d’Espoir. Le vent s’engouffra alors près de nous, joua un instant avec une mèche de mes cheveux, balaya mes doutes et mes regrets. Je m’envolais, tourbillonnais avec ce vent joueur, m’échappais vers un lieu plus familier. Le souffle chaud me portait, bienveillant. Un rire tendre s’échappa de mes lèvres et flotta un instant sur l’onde transparente, dépassant en vigueur les effluves des voix qui m’avaient tourmentée auparavant. Puis sous mes pieds la terre ferme, enfin. La mienne. Le parfum des arbres sous la pluie et l’herbe douce. J’ouvris les yeux. J’étais revenue dans le parc, parvis Saint Maurice. Derrière moi une petite crypte d’apparence délabrée, avec au fond, je l’aurais parié, un sourire serein sur les lèvres de ma dernière alliée.
Dans ma poche, mon portable vibrait.

"On a retrouvé Arthur. Rentre vite, il t’attend."

Retrouvé. Un soulagement sans bornes s’empara de moi. Retrouvé ! J’avais envie d’éclater de rire, de crier au monde ma joie, d’hurler mon bonheur. Mon frère était sauf, et moi, moi je revenais d’un monde magique.
De l'Ülnavir.
Un monde dont vous n’avez pas fini d’entendre parler, vous, oui vous qui lisez ces mémoires.
Abandonnez cette histoire dérisoire, détachez-vous des mots superflus. Ailleurs, quelque part sur le parvis Saint Maurice vous guette la vie, la vraie.
Celle du peuple de Lynaeln, qui n’attend que vous pour renaître...
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