Maureen
Nombre de messages : 432 Age : 28 Passion : La Lecture et la Photographie. Coup De Coeur Livresques : Les Hauts de Hurle-Vent, L'Ecume des Jours et Mme Bovary Préférences Littéraires : Aucune ! Je lis tout ce qui me tombe sous la main ! Date d'inscription : 10/05/2009
| Sujet: Ma Nouvelle Fantastique (Maureen) Dim 7 Juin - 20:06 | |
| ____Assise dans ma voiture, je roule à tombeau ouvert sur une route verglacée. Je négocie un virage en épingle à cheveux et écrase un peu plus la pédale de l’accélérateur. Il fait nuit noire, mes phares étant défectueux je ne vois pas plus loin que le capot de mon véhicule. Les yeux vitreux à cause de ma soirée trop alcoolisée j’observe l’aiguille du compteur monter dangereusement. Soudain, une bête surgit devant moi. Je donne un brusque coup de volant sur la droite pour l’éviter et assiste, impuissante, à la dégringolade de ma voiture dans un ravin. ____Où suis-je ? Où suis-je ? Cette question se répète depuis maintenant quelques minutes dans ma tête. Où suis-je ? Mon esprit est embrumé. Les yeux fermés sur le monde, je me sens comme sur un nuage. J’ai l’impression de flotter en apesanteur. Pas un bruit, pas un souffle de vent ne viennent troubler mon inquiétante position. Peut-être que ce n’ai qu’un rêve ? J’essaye de me pincer. Rien. Impossible de bouger un bras. Je me rends compte que je n’en n’ai pas! Je suis certaine que je me trouve dans un cauchemar ! ____Alors que je commence peu à peu à laisser vagabonder mon esprit dans les vallées de mon imagination, une frétillante lumière apparaît titiller mon cerveau. Lumière, qui, me fait plisser les paupières. Mais je ne peux toujours pas ouvrir les yeux. Cela se révèle une opération trop compliquée. La lueur s’intensifie, puis, je me trouve catapultée dans de l’eau. Je me réceptionne de tout mon long dans la flaque. Le souffle coupé dû à la violence du choc, j’aspire une grande goulée d’air et m’effondre un peu plus dans le liquide glacé. ____Trempée jusqu’aux os je tousse et recrache toute l’eau que j’ai dans les poumons. Je me relève difficilement, les cheveux dans les yeux et les vêtements alourdis. Je m’assieds lourdement sur un bout de terre sèche et contemple le paysage aux alentours. ____On dirait un monde tout droit sorti d’un conte de fée. Il y a de l’herbe jusqu’à perte de vue. Quelques grands arbres ombragent ce plat pays. Un ruisseau coule à travers la gigantesque prairie. Des papillons multicolores volètent autour de moi nullement effrayés par ma présence. Je n’ai aucune appréhension sur cet endroit. Une très bonne humeur s’installe dans toute mon corps et un sourire longtemps disparu fleurit sur mes lèvres. Je contemple toutes ces choses avec émerveillement et je me lève pour continuer à explorer ces lieux délicieux. ____Après plusieurs minutes de marche, j’atteins une minuscule maisonnette qui doit m’arriver pas plus haut que la taille. De la fumée sort de la cheminée et j’entend quelqu’un s’affairer à l’intérieur. La porte s’ouvre brusquement et un petit homme, haut comme trois pommes, se montre sur le seuil de son habitation secouant une couverture d’où s’échappe un nuage de poussière qui me fait tousser et éternuer. L’air que j’expulse soudainement le fait sursauter et le bonnet aux couleurs chatoyantes qu’il porte sur la tête tombe dans une flaque de boue et laisse apparaître deux oreilles pointues au-dessus de son crâne rasé. ____Le petit homme regarde son couvre-chef d’un air consterné. Il relève la tête vers moi et m’adresse des yeux courroucés. Il laisse choir son ouvrage sur le sol et s’avance dans ma direction. Malgré ses courtes jambes, il parvient devant moi en trois foulées. Ce petit bonhomme, outre ses oreilles difformes, possède un nez plus long que la normale. Il est vêtu d’une tunique ornée des mêmes couleurs que son bonnet. Il ne porte pas de chaussures. Ses pieds nus caressent l’herbe verte affriolante. ____Il croise ses bras sur son torse et me jauge du regard de haut en bas en plusieurs balayages. A chaque fois que ses prunelles s’enchevêtrent dans les miennes j’ai l’impression qu’il lit en moi. Puis, il cramponne sa main à la mienne et instantanément des dizaines d’images défilent dans ma tête. Le petit homme qui en face de moi me fait parvenir un message par des projections holographiques qui passe de son cerveau au mien par l’intermédiaire de sa main ! Argh ! Toutes les informations qu’il me donne se bousculent dans ma tête. ____Lentement, ma cervelle exécute le tri des renseignements qu’il m’a confié. Il me dit qu’il s’appelle Olimar et que par ma faute, son plus élégant bonnet viens d’être mis en l’air. Je ne sais pas comment m’excuser. Il retire sa main et me sourit. J’ignore comment il a su que je suis désolée mais Olimar semble avoir oublié toute rancune envers moi. Puis, une illumination me parcourt. Mais bien sûr ! Mon petit ami doit être télépathe ! ____Décontenancée par ma découverte, je me laisse entraîner par Olimar vers sa maisonnette. Il s’arrête à quelques mètres de cette dernière et se frappe le front avec le plat de sa main. Il se trouve que je suis trop grande pour rentrer à l’intérieur. Il réfléchit plusieurs secondes et alors que je commence à m’inquiéter de le voir dans son étrange léthargie, il retourne dans sa cabane précipitamment et en ressort tout aussi vite avec quelque chose dans son poing. Il le déplie et je distingue un minuscule gobelet qui est rempli à demi d’un liquide ambré aux reflets mordorés. ____Il me tend le verre et, sans aucune appréhension, je bois tout son contenu. Cette boisson me réchauffe les entrailles et une délicieuse sensation s’empare de mon corps. Inopinément, mes bras et mes jambes se mettent à se raccourcir promptement et j’atteins rapidement la même taille qu’Olimar. ____Heureux de sa réussite, il bat des mains et m’emmène dans son habitation. L’intérieur est impeccable. Je vois que le ménage vient d’être fait il n’y a pas longtemps. Au milieu de l’unique pièce trône un immense feu où repose une marmite presque aussi grande que mon hôte. Une odeur exquise s’échappe du récipient. Il n’y a aucun instrument électrique. Juste l’énorme foyer qui berce la pièce avec un halo lumineux. Tout le mobilier est fabriqué en bois. L’extrême convivialité d’Olimar me met tout de suite à l’aise dans son chez-soi. ____Pendant que je continue à regarder béatement ce qui se trouve sous mes yeux, des notes de musique me parviennent aux oreilles. C’est une mélodie joyeuse et entraînante. Je sens qu’elle se rapproche de nous. Mon petit ami m’abandonne et rejoint la flûte espiègle qui joue. Je sort à mon tour et découvre une horde de créatures comme Olimar qui se trouvent dans une goélette. ____Celle-ci avance sur deux paires de roues. Les voiles blanches du bateau se remplissent de vent et il file comme l’éclair ! Olimar danse au même rythme que la musique de ses compagnons. Ils sautent tous de leur moyen de locomotion et organisent une farandole démesurée. Ils m’entraînent avec eux et mes pieds les suivent sans aucunes résistances. Je prends cette danse comme un acte de bienvenue. ____Je m’écroule dans l’herbe moelleuse et tous mes nouveaux amis me rejoignent. La totalité de ces êtres ont un sourire jusqu’aux oreilles. Je n’avais jamais vu autant de gens heureux. Chacun a une tunique de couleur différente. Mais ce sont toujours des couleurs joyeuses. ____Alors que je commence à somnoler, je ressens un picotement dans mon corps. Et, sans prévenir, je me mets à grandir jusqu’à retrouver ma taille normale. Les amis d’Olimar prennent peur. Certains s’enfuient, d’autres regagnent leur goélette en courant. ____Olimar se met sur ses jambes et leur envoie des messages télépathiques pour les rassurer. Cela remporte un succès immédiat et ses condisciples se calment peu à peu. Un confus attroupement m’enveloppe. Ces personnes qui m’arrivent aux genoux veulent toutes pouvoir me toucher. Il leur explique comment il m’a rencontré. ____Un des leurs approche vers moi et me tend sa main. Je l’accepte et aussitôt, grâce aux images, il me demande d’où je viens. Ils s’assoient en cercle autour de moi et je raconte à ce peuple mes habitudes sur la planète Terre. Je relate des inventions terriennes. Je leur parle de la pollution. Ils font la moue quand j’explique ce que c’est. Je dis que ma planète est en danger. Ils paraissent effrayés. Ils sont émerveillés quand je pense à la gastronomie française. Je leur parle aussi de ma famille et de mes amis. Ils s’y intéressent. Des milliers de questions fussent dans ma tête. Tout le monde en a. Mes compagnons sont pendus à mes lèvres. ____Olimar me dit que dans leur territoire, les habitants naissent dans des fleurs. Ils n’ont pas de parents ni d’enfants. Chacun est maître de sa vie. Après une très longue discussion télépathique, Olimar me demande si j’aime mon pays. Une vague de nostalgie me submerge et de grosses larmes coule le long de mon visage. ____Ils me regardent, étonnés, ils n’ont jamais vu quelqu’un pleurer eux qui sont toujours souriant. Mon ami s'avance vers moi et cueille avec sa main une goutte de ce nectar. Il le porte à sa bouche et son visage se tord d’une grimace. C’est salé. Je renifle. ____Olimar se dresse de toute sa hauteur, bombe le torse et décide de me ramener chez moi. Je lui adresse un pâle sourire mais, au fond de moi, je le remercie abondamment. Il court en direction de la goélette et saute à l’intérieur. Je le suis et me tasse dans un coin pour ne pas le gêner. Il appelle une dizaine de ses camarades qui nous rejoignent et ils mettent en action leur bateau sur roues. Le vent s’engouffre dans les deux voiles et nous voilà parti. Nous traversons l’immense prairie à vive allure. Mes cheveux fouettent mon visage. ____Après je-ne-sais-combien-d’heures de voyage, nous arrivons à l’orée d’une forêt. L’engin se stoppe et Olimar et moi descendons. Nous nous retournons et j’agite les mains en direction du bateau. Puis, nous entrons dans ces bois. Nous marchons encore je-ne-sais-combien-d’heures et, au bout d’un moment, je m’affaisse de tout mon poids sur l’humus humide de la forêt mes pieds ne me portant plus. ____A mon réveil, Olimar a disparu. Je suis toujours au même endroit. Je me relève et frotte mes bras nus. Il fait un froid glacial et règne dans ces grands bois une obscurité à faire pâlir de jalousie la nuit elle-même. Je cherche mon ami du regard mais celui-ci s’est tout simplement évaporé. Je fais quelques pas, les jambes encore engourdies par mon long somme. J’ai froid. J’ai faim. J’ai soif. ____Je continue à marcher dans les broussailles. Les ronces me griffent sournoisement. Je me prends les pieds dans des racines traîtresses. Et puis, après avoir longtemps bataillé avec les végétaux, je vois finalement la fin de la forêt. J’avance encore un peu et je me retrouve sur la route où avais eu lieu mon accident. Je me remémores mon interminable chute dans le ravin… ____Mais ce que je distingues sur le bitume me laisse perplexe. Ma voiture est là. Au milieu de l’asphalte. Sans une égratignure. Sans un coup sur la carrosserie. Je cours vers elle. Un cri de joie me fend la bouche. J’ouvre en grand la portière et m’assoie confortablement sur le siège. Les clefs sont sur le contact. Je les tourne. Le moteur se met à vrombir. Je démarre. Je roule doucement sur la route verglacée. Tandis que la forêt commence à disparaître, un petit homme gesticule sur le bas-côté…
____Le lendemain, un accident fait les gros titres des journaux. La glissière de sécurité a été arrachée pendant la nuit. Une voiture sombre a été retrouvée dans le ravin qui borde la route qui mène au village. Une femme baignait dans son hémoglobine. Son taux d’alcoolémie était de 2,6 grammes par litre de sang… Moi ? Je suis attablée devant un copieux petit-déjeuner...Maureen | |
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