Epopée Littéraire
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 Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog)

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nanet

nanet


Féminin Nombre de messages : 829
Age : 53
Passion : Lecture et écriture...
Coup De Coeur Livresques : Harry et Frodon ^^
Préférences Littéraires : Fantasy et héroïc-fantasy
Date d'inscription : 26/04/2009

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MessageSujet: Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog)   Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog) Icon_minitimeMar 26 Mai - 12:10

Balade...

J’étire tout doucement mes membres, un à un, comme après une séance de relaxation, où, pour reprendre pied dans la réalité, on bouge légèrement. Là, c’est surtout la douleur. Non. La peur de la douleur qui me fait hésiter et tenter chaque geste avec un surcroît de précaution.



Je viens de dégringoler pendant un temps incroyablement long, sur une pente
abrupte, et je suis étendue au sol. Mes os, mes muscles, ma peau sont des
milliers de points douloureux. Je ne suis que douleur. Entièrement.



Certes, apparemment, cela signifie que je suis encore en vie ! Si je n’avais pas
affreusement mal, j’en rirai ! Presque…



Je tente d’ouvrir mes paupières. Elles sont gonflées de sang et lourdes. Un trait lumineux transperce ces boudins injectés d’hémoglobine et je m’acclimate à cette sensation chaleureuse. Lentement. Les tons m’entourant sont verdoyants. Flous. Mais verts. Toutefois, il m’est encore ardu de déterminer une quelconque forme. De toute évidence, je vais devoir patienter un peu. Autant laisser se reposer mes paupières en les refermant.


Je consacre quelques secondes au noir rendu par mes yeux clos. Il me permet de focaliser mon attention sur mes autres sens… J’entends le vent souffler entre les branches des arbres, masquant un silence que seule la nature sait créer. Reposant. J’essaie de sentir la fraîcheur de cet environnement, et l’odeur des alpages, de l’herbe coupée me comblent. Dans mes plus profonds souvenirs, cet effluve est ancré comme porteur de bon augure. Revigorante, elle est un baume aussi efficace que les remèdes scientifiquement éprouvés et créait en moi la sensation de pouvoir affronter toutes mes souffrances. J’inspire royalement, ouvrant mes narines à cette puissante médication et m’enivre un peu.


Au fin fond de mon esprit se forme une image, une idée de montagne, au printemps. Et je suis bien. L’envie de courir dans les champs fait frissonner mes jambes et sonne brutalement la fin du rêve. Tel un réveil matinal offusquant… Pour courir, il faut marcher. Pour marcher, se lever…

Première étape, essayer de voir si je peux esquisser un mouvement.

Je suis parvenue à mobiliser mes paupières et un peu mes doigts. Voyons si je peux faire un autre exploit ! Je tente de relever un bras. Ma main décolle du
sol soyeux. Elle s’élève, lentement, périlleusement dans les airs. Mes muscles
se rappellent à moi, pourtant, je n’ai pas la sensation d’avoir les os brisés.
De toute façon, je repose cette main, sans terminer la balade. Elle est trop
lourde pour mon épaule. L’effort vient d’anéantir mes quelques maigres forces
restantes. J’halète comme un forcené.



De combien l’ai-je soulevée ? Dix centimètres ? Cinq ? Ô, joie de l’altitude !


Je pousse un profond soupir et cette audace se paye cher… Je me mets à tousser violemment. Mes côtes me brûlent, des larmes s’amoncellent au sein de mes yeux et je dois lutter pour calmer cette toux ravageuse. Elle cesse enfin. Et ma respiration reprend un rythme régulier. Quasi normal.


J’entame un bilan de la situation, incomplet, forcément, tant que je ne pourrai pas évaluer l’espace qui m’entoure. Mais je mesure un peu les chances et les atouts que j’ai en ma possession… J’ai dégringolé une falaise et je suis allongée sur un sol assez doux. De l’herbe ? Ce que l’odeur penche à confirmer. J’aurais pu tomber pire : dans de l’eau par exemple ou sur un tapis de cailloux. Mes os ne semblent pas rompus. Mes mouvements sont algiques,
m’arrachant grimaces et larmes, mais je dois pouvoir me mouvoir. Juste une
question de volonté. Je bloque alors ma respiration et ramène les deux bras
vers mon torse en soufflant. Habitude prise lors de ces cours de sports honnis,
où l’on s’amuse à effectuer maints mouvements répétitifs pour obtenir un corps
parfaitement sculpté ! Je n’en ai jamais retiré que les courbatures des
premières séances…



Ma veste est déchirée. Déchiquetée serait un terme plus précis. Je tâte aussi mes jambes. La droite me fait réellement plus mal. Avec sagesse, je la longe de mes doigts inexpérimentés et trouve la cause de cette sensation fort désagréable. Une esquille de bois. Plantée. Comme une belle écharde, mais mesurant dans les dix bons centimètres. J’en appelle à ma mémoire, qui se veut endormie, comme tout mon organisme, blessée par les chocs accumulés lors de la descente vertigineuse. Un gros effort de concentration m’est nécessaire pour extraire des profondeurs les vestiges de connaissance.

Première leçon de secourisme… Ne pas ôter les objets plantés dans les membres, sous peine de risquer une belle hémorragie.

Cette petite voix au fin fond de moi vient d’augmenter considérablement mon stress… Je suppose qu’elle est là pour s’assurer que je ne ferai pas de folie et ne tenterai pas d’extraire cette épineuse écharde.

Mes mains poursuivent leurs explorations sur mon corps, apaisant bizarrement les tensions. Peut-être qu’en prenant conscience du peu de blessures occasionnées sur mon organisme, mes sens se remettent dans le bon sens ? J’ai toujours été une sensorielle. J’aime toucher. Cela m’a valu de nombreux déboires. Déjà, enfant, je ne parvenais à calmer une crainte que lorsque je passais mes doigts fins au travers d’un tissu doux, d’une soie délicate que je maltraitais copieusement entre pouce et index… Le contact rappelait-il celui de la peau de ma mère ? Me ramenait-il inconsciemment entre ses bras ?

Je guide mes mains vers ma tête et touche mon crâne. Pas de fêlure apparente, pas de trace de sang… L’examen prend fin sur la poitrine, où je croise les mains.

Résolue à me sortir de ce lieu où j’ai roulé, je compte mes avantages.

Mes sens sont fonctionnels. Mes os en état. Seuls mes yeux ont peine à s’ouvrir, mais le temps aidera à la dissipation de l’hématome… Je suis, par contre, fourbue, et sûrement perdue. Je n’ai rien avec moi pour me nourrir et la crampe qui ceint mon abdomen est bel et bien celle de la faim. Bilan plutôt positif, si j’en crois la frayeur occasionnée par ma chute. J’aurais pu me briser la nuque !

Je décide que la sieste a assez duré. J’ouvre, entrouvre en vérité, mes yeux. La lumière est verdâtre, comme filtrée par un épais rideau de velours. Chatoyante, dansante, le soleil pénétrant tout de même et plongeant jusqu’au sol. Une lumière fort agréable. Celle que je rechercherais sans complexe pour une belle balade en compagnie charmante.

Je décide d’appliquer les notions inculquées par ma professeur de yoga, il y a
fort longtemps, et relève lentement mes jambes au-dessus de mes cuisses avant de laisser choir mon corps, le plus doucement possible, sur le côté. Je dois reconnaître que c’est efficace. Douloureux. Horriblement douloureux, même. Mais je ne suis plus clouée sur le dos… J’ai ainsi pu augmenter considérablement mon champ de vision.


Ma vue s’étant acclimatée à la frondaison et la lumière y pénétrant, je commence à distinguer des formes.

Des arbres, comme je le pensais, m‘entourent. Je ne peux voir derrière moi et me tourner augmenterait encore ma souffrance, mais j’imagine être au cœur d’une clairière. Une sorte d’éclaircissement entre les arbres.

Par contre, je ne m’explique pas pourquoi l’herbe est coupée !

Je sillonne l’espace entre les arbres cherchant un passage, un indice, une vie.
Rien. Les troncs massifs laissent peu de passage entre eux et les branchages
s’échouent au sol, croulants sous le poids de leurs feuillages. Passer entre
eux serait synonyme de grimpette ! Dans mon état, c’est impensable.


Sauf que le temps file, que mon estomac commence sérieusement à crier famine et que je n’ai rien à grignoter. A moins de becqueter un peu d’herbe ? L’idée me semble assez incongrue, au départ, mais le temps faisant son office et surtout la crampe siégeant au centre de mon abdomen, je tire sur une première brindille et la mastique copieusement. Bon, la salade sans assaisonnement n’a jamais été mon péché mignon… Je voulais entamer un régime hypocalorique avant l’été, je devrais pouvoir mettre de superbes
maillots !


Tout à mon broutage, je ne m’aperçois pas du mouvement se profilant sur ma droite. Ce n’est que lorsque la… chose se présente devant moi que je me fige, paniquée.

J’ouvre la bouche telle une carpe.

Avant de la refermer et de plutôt lever un sourcil…

J’ai, sous les yeux, un petit être freluquet, avec un visage clair, rosé, légèrement triangulaire orné de deux immenses oreilles poilues et pointues. De grands yeux dorés dévorent tout l’espace normalement dévolu à la figure et une fine bouche, à peine esquissée. Encore un peu et je m’attendrai presque à voir apparaître un sigle de ponctuation au dessus de ce personnage, tant il me ramène à mes lectures ! Bref, on dirait un minuscule Renard, mais version manga. J’imagine bien qu’il soit plat et parle avec une bulle… Mais la réalité le rend tridimensionnel et surtout, il me regarde un tantinet étonné, lui aussi.

Il porte un vêtement constitué de plumes multicolores et de quelques feuilles, qui le couvrent jusqu’aux pieds. Enfin, pattes. Enfin jusqu’au sol. Il se tient
debout et sa hauteur doit avoisiner les quarante-cinq centimètres. Bon, je suis
toujours allongée, pour ne pas dire vautrée, sur le côté, cela peut fausser mon
jugement.


Après une observation minutieuse, cet être tend sa main vers moi. Enfin, patte ? Appendice ? Euh… non, main finalement, me parait adapté, même s’il n’a que
trois… doigts, pourvus de griffes légèrement recourbées et incroyablement
propres.


Un bourdonnement s’élève, tout autour de moi, un bruissement qui me pénètre en profondeur, s’immisçant dans mes membres, tel un liquide froid. Je suis oppressée. La peur que j’avais chassée ressurgit et les tremblements de mes jambes sont autant dus à cette sensation bizarre qu’à la crainte qui
m’assaille. Je me mets à haleter. Je me mets à crier. Et… tout s’arrête.


Tout.

La peur, pourtant, reste en moi.

Mais la douleur a cessé.

Complètement.

Le petit être est toujours là. Immobile, ses grand yeux curieux et sa tête
penchée. Sa main inlassablement levée vers moi. Il l’abaisse. Simplement.


Je soupire. C’est lui qui a réussi cet exploit ? C’est lui qui vient de me
guérir de toute cette torture physique. Juste en levant une main ? Je
l’observe sérieusement et me sens franchement bête. Comment cet insignifiant Renard peut-il maîtriser tant de force ? Tant de puissance ? Est-ce une
sorte de druide ? De sorciers ? Mes rêves les plus fous prennent en
cet instant, une teinte fade face à cette rencontre. Il est là, réel, petit
bout de rien, et détenant cette force.


Je me place face à lui, en tailleur.

- Merci.

Il penche sa tête un peu plus et ses yeux déjà immenses envahissent à présent intégralement son visage riquiqui. C’est joli. Il a l’air surpris. Puis, il
ouvre la bouche et tente d’émettre un son. Je suis touchée. Emue. C’est magique. Ce petit bout de chose, là devant moi, tente de reproduire ma voix. J’aperçois sa langue rosée, fine et l’effort qu’il fournit.


Dernière édition par nanet-frog le Mar 26 Mai - 12:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog)   Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog) Icon_minitimeMar 26 Mai - 12:10

Je décide alors de l’aider. Je pose ma main sur mon cou, à l’endroit des cordes
vocales, et pousse un vocalisme d’un ton monocorde. Puis, appuyant légèrement sur la gorge, je modifie le son.


Ses yeux se sont assombris.

Il semble vouloir apprendre puisqu’il s’assoit. Sa robe fait un cercle autour de
lui, épousant l’herbe. Il pose à présent sa propre main sur son cou et tente de
refaire mes gestes. Sauf qu’aucun son ne sort. Il plisse les yeux. Son visage
est un livre d’expression et la communication entre nous n’en est que plus
facile. Je m’attends à le voir bouder d’un instant à l’autre…


Je recommence la scène.

Il s’évertue à le reproduire, mais, à nouveau, échoue. Il se lève alors d’un bond
et se jette sur moi. Je crie ! Pourtant, il a juste posé les doigts
sur mon cou. Et il se recule. Et regarde sa main. Il la porte à sa gorge. Et
cette fois, le son naît. Clair. Limpide. Cristallin.


Il a compris.

Je souris, fière de l’avoir mené à cette fabuleuse découverte.

Il penche à nouveau sa tête, ses yeux écarquillés. Cette rencontre me laissera un souvenir fabuleux de douceur et de grâce. Il se recule lentement, puis comme alerté par quelque chose que je ne peux ni entendre, ni voir, se tourne vers les arbres. Brusquement.

Les plumes qui ornent sa tenue gonflent, le rendant bien plus volumineux. Les
feuilles frémissent. Leur bruissement emplit l’air. Les branches se redressent,
agressant l’espace autour de lui. S’il n’était pas si petit, il serait presque
inquiétant.


Le bruit s’amplifie, devenant si puissant, si fort que je dois boucher mes
oreilles.


De plus, la douleur de ma jambe blessée reprend, insidieusement, gagnant centimètre après centimètre. Je me concentre pour la repousser, la canaliser et je ferme les yeux un instant. Ma concentration a dû mal à résister au boucan qu’impose mon nouvel ami aux faux airs de Renard. Il grogne. Je souffle. Il grogne encore plus fort. J’inspire profondément et bloque un instant cet air, faisant le vide dans mon esprit. Puis, en le relâchant, j’imagine qu’il emporte les sensations douloureuses de ma jambe. Petits moyens, petits effets. Mais cela m’aura permis de me calmer un peu face à l’angoisse qui s’emparait peu à peu de moi. Car il faut bien avouer que les sons qui m’entourent sont devenus assez terrifiants.

Est-ce que ce modeste animal peut se transformer en une bête féroce ? Est-il
comme les « Gremlins » de mon enfance qui semblaient tout doux, mais
cachaient d’affreuses créatures assez démoniaques, ou, pire, un « Renard-Garou » sanguinaire ? Il faut vraiment que j’arrête les livres fantasy !


J’ouvre mes mirettes, ayant effroyablement peur de ce que je vais découvrir.

Le petit Renard est encore devant moi. Sa tenue ressemble, à présent, à un arbuste agrémenté de plumes laissant percevoir son corps menu mais musclé. Il a grandi d’une bonne dizaine de centimètres. Et au bout de ses mains, les griffes ne sont plus du tout mignonnes et manucurées… Elles ont considérablement poussées !

Son grognement s’est éteint. Seuls restent : les bruissements de feuilles, des
crissements aigus auxquels répondent d’autres tonalités et le vent qui siffle
drôlement fort.


Je lève les yeux et suis obligée de mettre ma main en visière pour cacher la
luminosité croissante. Toutefois, je vois. Je vois et j’ai un soubresaut de
conscience. Autour de la clairière, cachés en partie par les arbres, d’autres
petits êtres me regardent, nous regardent. Je ne perçois que leurs grands yeux
multicolores et surtout sombres. Ils n’ont pas l’air ravis. Pour tout dire, ils
ont même l’air un tantinet en colère.


Je dois, je suppose, être un intrus dans leur univers et ils cherchent à me
jauger.


Comment leur faire comprendre que je ne leur veux aucun mal ? Que je n’ai
absolument aucune idée de là où je me trouve ? Et aléatoirement, que j’ai
faim ! Comment ça, c’est une pensée égoïste ? Oui, bon, passons.


Je résume. Je suis assise en tailleur, avec une douleur lancinante dans la jambe, entourée de quelques petits êtres que je qualifierai de surprenants et assez angoissants et … j’ai faim.

Si je me lève, ils risquent de prendre peur et de m’attaquer. Franchement, même s’ils font quarante centimètres, leurs griffes me refroidissent un peu. J’ai
déjà une écharde dans la cuisse, je n’ai pas vraiment envie de me retrouver
avec d’autres piercings. La situation m’empêche de réfléchir. La boule au fond
de ma gorge m’oppresse. Quelle pitre héroïne !


- Mais dans quelle galère je me suis fourrée ! Lâchai-je subitement.

Le silence suit mon invective.

Mes yeux rencontrent ceux de mon ami. Si je peux l’appeler ainsi. En tout cas, il
semble vouloir rester entre eux et moi, c’est déjà une marque touchante
d’affection.


Il place sa main sur sa gorge et pousse un cri strident suivi de deux autres plus clairs. Dans le lointain, un grognement monte. Il agite sa main et les branches se mettent à trembler reproduisant une tonalité similaire.

- Vous parlez avec les bruits, murmurai-je.

Je suis dans l’incapacité de communiquer avec eux ! Mes mots sont uniquement des vibrations sonores qu’ils reçoivent sans y apposer de signification. Il me faut trouver un mode d’échange. Et si je mimais ? Je ne suis pas très forte à ce petit jeu, mais si j’essayais par des gestes simple de leur faire comprendre ma passivité ?

J’écarte mes mains, paumes vers le haut, espérant que cela marche.

Raté !

Cela doit évoquer en eux un truc pas très rassurant, car ils sont à présent à
quelques mètres, leurs griffes tendues et je ne dois ma sauvegarde qu’a mon
sauveteur plumé ! Il est un peu monstrueux, d’ailleurs, lorsqu’il se met
en colère. Les poils de ses oreilles sont hérissés, ses griffes crochues
scintillent, ses muscles saillent et ce que je devine être son réseau sanguin
afflue sous sa peau. Les autres sont probablement du même avis que moi. Ils
semblent pétrifiés de peur.


Je baisse précautionneusement les mains. Je vais me faire discrète, cela vaudra mieux. Autant observer.

En face de moi, un petit Renard bleu avec une tunique ornée de plumes multicolores, arrivant au niveau de ses genoux, tient ses mains sur son ventre et la tête penchée à droite, les yeux grand ouverts, sans battement de cils. Un autre, derrière lui, portant une tenue aussi courte, demeure dans la même posture. Tournant graduellement mon visage, je constate que les membres de cette assemblée portant des tenues courtes se tiennent quasiment tous ainsi. Les autres, qui en l’occurrence sont plus proches de nous, arborent une autre attitude. Plus agressive ! Ils ont les mains levées, paumes vers le haut et la tête campée bien droite.

Oh bon sang, je viens de saisir ma bévue… Je plaque immédiatement mes mains sur mon ventre en signe de soumission et penche la tête à droite. Le plus dur sera d’écarquiller les yeux comme eux ! Là, j’avoue mon impuissance.

Les crissements cessent.

Les mains des petits Renards s’abaissent.

- Pfiou ! Soupirai-je.

Mon Renard reprend peu à peu une allure plus décontractée. Les autres s’assagissent aussi. L’un d’eux s’avance. Nonchalamment. Il se poste près du Renard rose et leurs pattes entrent en contact. La vibration qu’ils émettent est doucereuse, souple, presque inaudible. Elle s’incruste dans mon corps comme au début de notre rencontre, je me sens libérée de toute la pression engendrée quelques minutes plus tôt. Incroyablement bien. Détendue.

Mais quels pouvoirs utilisent-ils ?


Dernière édition par nanet-frog le Mar 26 Mai - 12:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog)   Ma nouvelle Fantastique - (nanet-frog) Icon_minitimeMar 26 Mai - 12:10

Tout d’un coup, alors que le silence est revenu, mon ventre émet un ignoble
gargouillis. Strident. Guttural.


J’adore les regards qui se posent alors sur moi. Leurs immenses yeux colorés me donnent le sentiment d’être une personne merveilleuse. On dirait que des étoiles y ont trouvé refuge et qu’elles brillent uniquement pour me combler. Je pince ma lèvre tant l’émotion m’étreint.

Plusieurs gargouillis répondent au mien et les petits êtres s’approchent. Ils finissent par s’asseoir, autour de nous, leur tenue dessinant de nombreuses fleurs aux maintes couleurs sur l’herbe. Chacun d’entre eux est différent des autres, à y bien regarder, mais ils ont tous ces yeux mirobolants. Seule la teinte diffère, variant d'un magnifique brun doré à de l'or étincelant. Et les émotions les rendent encore plus attrayants.

Je me rends compte, d'un coup, qu'ils ont sorti de leurs tenues, des pochons faits de grandes feuilles et liés par des Calamus de plume. Ingénieux ! Ils les
ouvrent, au centre du cercle et piochent leurs minuscules mains au fond de ces
bourses. Ils en extraient plusieurs ingrédients qu'ils me présentent gentiment
: une pâte verte, onctueuse, dont il forment de fin bâtonnets ; de grandes
tiges jaunies, enroulées telles des tagliatelles ; des brins d'herbes
fraîchement coupés mêlés à des fleurs aux parfums enivrants ; de grandes
feuilles luisantes qu'il croquent et d'autres servant de galette. J'observe
leur comportement. Ils puisent dans leurs pochons, mariant les éléments et
semblent ne s'alimenter que de verdure...


Une minuscule main se pose sur mon bras et je pivote la tête. Je croise deux grands orbes inquiets. Apparemment, mon abstinence les rend dubitatifs. Je souris et saisis quelques tiges. Le goût est fort ! Je ne m'y attendais pas et je dois faire de gros efforts pour réprimer une grimace. Ils ne comprendraient pas, je le crains, cette démonstration. Je mastique donc, cette drôle de pitance
végétalienne. Et finalement, je suis conquise par la diversité des parfums, des
goûts...



Le repas qui m'apparaissait frugal, s'avère assez bourratif. Et, je suis
rapidement rassasiée. Epatant. De plus, je capte la cause des herbes coupées
autour de nous... Je suis tombée au centre de leur garde-manger !


Lorsqu'ils ont aussi terminé de se nourrir, ces êtres se lèvent et, par petits groupes, rejoignent le couvert des branchages.

Bientôt il ne reste que trois d'entre eux auprès de moi : mon ami rose, un Renard bleu et un autre violine. Ce dernier porte une tunique longue constituée essentiellement de plumes noires et de branches aux tons clairs. Un contraste saisissant. Les deux autres Renards paraissent attendre une réaction, un ordre de sa part ! Serait-ce le chef ?

Je ne peux, d'ailleurs, déterminer s'ils sont sexués. Ainsi, ce Renard violine est
peut-être une Renarde ? En tout cas, il s'avance vers moi, jusqu'à frôler mes
pieds, et penche la tête. Je l'imite. Il écarquille ses mirettes et je tente d'en
faire de même, avec mes pauvres moyens d'humaine. Il semble satisfait...
Puisqu'il réagit positivement. Il se baisse et touche ma jambe, au-dessus de
l'écharde. Là, une vibration intense parcourt mon membre, comme une stimulation nerveuse, pourtant dénuée de la sensation douloureuse que j'appréhendais. Mes yeux suivent ses gestes. Lentement, il remonte vers le pli de l'aine. Il s'y appui un instant. Redescend par un autre chemin. Remonte. Et, à chaque changement d'orientation, des frissons différents se créent en moi.


J'ai l'impression qu'il apprend !

Il étudie mon organisme... Puis, alors que je commençais à m'appesantir, une
décharge électrique m’assaille. Puissante. Cruelle. Avant de s'estomper. Mon
cri est resté enfermé, bloqué dans ma gorge, en même temps que l'air de mes
poumons. Je relâche ce dernier. Profondément. Courageusement.


Au cœur des prunelles du petit Renard brille une lueur rassurante. Je baisse mon regard et vois, dans sa poigne, l'écharde ensanglantée. Je détourne les yeux vers la plaie, craignant une hémorragie. Rien ! Pas une goutte de sang, à part celui déjà séché, maculant mon pantalon d’escalade. Ma confusion doit se lire sur mon faciès, car mon ami rose émet un cri strident, seul moyen de
communication commun. J'esquisse un sourire en plongeant mes yeux au fond des les siens.


Comment leur témoigner ma gratitude ? Ils viennent de me nourrir et de me soigner. Pourtant, ils ne connaissent rien de moi ! Je pourrais être un prédateur , comme nombre de mes congénères... Sentent-ils les désirs enfouis, l'âme pure des gens ? Savent-ils qu'ils m'intriguent, m'attirent et créent en moi une frustration ignoble de ne pouvoir réellement échanger ?

Le Renard violine est toujours devant moi et je réalise, confuse, mon manque total de politesse. Seulement, comment dire merci ?

J'hoche la tête sur le côté, espérant ne pas me fourvoyer et décide d'utiliser mes pauvres moyens humains.

- Merci.

Il me toise. Ses prunelles se sont assombries et ses oreilles hérissées. Il ne
bouge pas. Et je mets toute ma conviction dans mon sourire.


Je suis effarée d'être tant impressionnée par ces petits êtres. Mais leur grandeur psychique dépasse largement celle du physique. Je suis intimement convaincue qu'ils pourraient me nuire, au même titre qu'ils m'ont soignée. Leur force se joue de ma nature, car ils puisent la leur directement à la source de toute vie. Ils communient totalement avec leur environnement !

Le Renard bleu, resté jusqu'à présent en retrait, s'approche et tend une sorte de mousse brunâtre à son congénère. Il s'agenouille, pliant ses jambes sous sa tunique, puis attrape la mousse et s'en couvre le visage. Un grognement
s'élève. Sourd. Ahurissant. La mousse se solidifie en un masque. Et, le mage,
je ne doute plus qu'il soit leur Sorcier, se met à trembler. Les plumes noires
se dressent, un peu comme l'ont fait celles de mon ami rose, mais les branches
restent immobiles. Le bruit s'intensifie et devient un long gémissement. Une
sorte de complainte.


Les deux autres se sont installés calmement, de chaque côté, et ont croisé leurs bras devant eux. Ils gardent les yeux grand ouverts, sans qu'aucun clignement ne vient troubler leur vue.

Au bout d'un temps assez long, le son se mue en un cri plus clair. Les plumes
redescendent le long du corps miniature et la mousse tombe. Elle reste
compacte. Le Renard bleu la ramasse et l'enfouit sous sa propre tunique. Puis,
il se tourne vers moi, penche sa tête quelques secondes, avant de repartir et
de s'enfoncer à son tour sous les arbres.


Il doit être une sorte de serviteur ! Sa tenue était bien plus simple, moins
chargée en plume. A moins qu'il ne soit plus jeune ? Oh que j'aimerais
découvrir tous leurs rites, tous leurs secrets !


Le Renard violine se lève et tend une main vers la forêt... Il semble vouloir que
je le suive.


Je suis sidérée !

Néanmoins, je me soulève lentement, craignant que ma taille ne les impressionne. Mon corps est raidi, courbaturé, même après les merveilleux soins du guérisseur. Ma chute a dû être rude. Je profite de ma station debout pour compléter l'observation du paysage alentour. Contrairement à ce que je pensais, derrière moi, il n'y a pas d'arbres ! Mais une pente douce qui se confond avec l'horizon. Vers le haut, au-dessus des cimes, je devine la montagne d'où j'ai décroché. Pointue. Sauvage. Majestueuse. J'imagine mes co-grimpeurs en train de chercher ma dépouille et ma gorge se serre. Pourrais-je retourner dans mon monde ?

Je sens au centre de ma main la caresse d'une peluche. En baissant la tête, je
constate que le Renard violine m'attend, à l'orée de la forêt, tandis que mon
ami rose vient de me ramener délicatement à la réalité. Son contact est si
doux. J'avance d'un pas et nous nous enfonçons dans les sous-bois, sa main
toujours dans la mienne. Fort heureusement, car l'épaisseur des branches a tué toute lumière. Je serre un peu mes doigts et reçois en retour un petit cri
strident. Il est adorable. Mes pas sont mal assurés, j'ai peur de m'étaler sur
les racines que je ne vois absolument pas. A plusieurs reprises, je trébuche et
me rattrape contre les troncs, égratignant la peau de mes avant-bras ou de la
paume de ma main libre. Mais, à aucun moment, mon ami ne me lâche. Au
contraire, pour chacun de mes faux-pas, il se fait plus présent, plus
rassurant.


Je ne peux estimer la distance parcourue, d'autant que notre cheminement tortueux a, tout de même, duré un long moment. A moins que ce ne soit l'angoisse qui me le fasse penser. Le temps est une valeur variant suivant l'occupation.

Nous déboulons, finalement, dans une autre clairière, beaucoup plus exiguë et parsemée d'arbustes. La luminosité y est tamisée, douce, donnant un aspect de quiétude à cette place.

Le Renard violine est arrivé bien avant nous. Il est installé près d'un des
arbustes, sur une pierre plate et s'occupe de trois Renardeaux. Ils sont
pratiquement nus ! Et le guérisseur émet des sifflements auxquels ils répondent soit par de nouveaux sons, très aigus, soit par des mouvements, des actes, des gestes. Il leur enseigne ! Et je reste assez impressionnée par leur agilité. Ces tout petits bouts de Renard, mesurant au bas mot vingt
centimètres, soulèvent de leur pouvoir des pierres quasi aussi grandes qu’eux.
J’aurais voulu passer ma journée à les regarder, les comprendre, mais déjà mon ami rose m’attire en serrant sa main.


Il m’emmène plus loin, vers d’autres membres de sa confrérie. Ils sont assis,
autour de grandes galettes rocheuses et préparent des aliments naturels. La
cuisine ?


Ces Renards sont tous vêtus de très longues robes qui créent des corolles
multicolores. Je tourne à nouveau la tête vers les enfants, et une idée me
vient à l’esprit. Plus les tenues sont longues, plus ces êtres ont âgés ?
Rien ne peut confirmer cette affirmation. Seulement un sentiment profond.


Au même titre, je ne peux déterminer s’ils sont mâles ou femelles ?
D’ailleurs je suis un peu dérangée par cette classification, ne les considérant
pas comme des animaux mais des amis… des êtres doués d’une forme d’intelligence supérieure. Et respectant la nature de façon si précautionneuse. Alors que nous, pauvres humains, détruisons notre monde. Est-ce pour cette raison qu’ils vivent cachés ? Est-ce pour cette raison que personne n’a jamais parlé d’eux ?


Mon petit ami me tire vers d’autres lieux, d’autres images, d’autres sources de
connaissance, et mon esprit se noie sous les nombreuses preuves de leur
incroyable société. Tout est régi. Tout est organisé dans un commun ensemble.
Il ne m’apparaît aucune tension, et un grand respect entre eux. Ils vivent dans
une sorte d’harmonie, où chacun est maître d’une profession, donnant aux autres son savoir, et est, en même temps récepteur de celui des autres. Un partage total. Une équation parfaite.


Le guérisseur vient de nous rejoindre et près du bosquet, les enfants jouent à
présent, sous la tutelle d’un autre Renard. Il se poste devant moi, ses yeux
brillants et tente à son tour de s’exprimer à ma façon. Un cri sort finalement
de sa gorge et je suis charmée. Ils sont si attentifs, si mignons.


Une larme, trahissant toutes mes émotions, roule lentement sur ma joue. Et mon Renard rose s'en empare vivement. Il la porte à ses lèvres avant de tenter de la reposer sur la mienne. Ce doit être un comportement spécial, car dans la seconde qui suit, il verse à son tour une larme. Il guide ma main pour que je l'imite. Je suis touchée. Au plus profond de mon âme.

La larme a un goût de sucre.

Et mon cœur se met à battre plus vite.

Tout tourne.

J'ouvre les yeux. Le bruit du vent qui s'engouffre sous les arbres attire mon
attention. Au-dessus de moi, une tente blanche décorée d'une grande croix rouge ! Sur moi, une couverture... J’ai dû rêver… Je suis simplement sur un brancard. Je suis un peu déçue. Je la soulève pourtant, cherchant une trace de blessure quelconque, une preuve de cette rencontre. Et je me laisse retomber, un sourire gravé sur les lèvres...


Sur ma jambe, un tatouage de style manga orne à présent mon tibia.

Un petit Renard ... rose !











Un remerciement spécial à Brocy qui a corrigé cette nouvelle.
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