"C'est depuis cette seconde que je t'ai aimé. Je sais que les femmes t'ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t'a aimé aussi fort - comme une esclave, comme un chien -, avec autant de dévouement que cet être que j'étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l'amour inaperçu d'une enfant retirée dans l'ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l'amour, fait de désir ...
, et, malgré tout, exigeant, d'une femme épanouie. "
Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l'ombre, n'attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d'un enfant, symbole de cet amour que le temps n'a su effacer ni entamer. L'être aimé objet d'une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d'une femme qui se meurt doucement, sans s'apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu'elle admire plus que tout. La voix d'une femme qui s'est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l'a reconnue.
Avec Lettre d'une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l'analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d'une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu'elle touche au sublime.
Une excellente nouvelle de Zweig, qui ravit le lecteur par son suspense et son originalité. Le récit présente différentes facettes tout en étant merveilleusement bien construit. D'un côté, on a l'amour obsessionnel d'une jeune femme, omniprésent et fort, et de l'autre, un auteur vivant de relations courtes et futiles. Mais l'auteur ne s'imagine pas que la jeune inconnue a pris part dans sa vie et en imprègne le quotidien. La fin est magnifique, tout comme les passages où les deux personnages sont confrontés l'un à l'autre.
Dans Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig livre un magnifique exemple d’une passion dévorante et auto-destructrice. Un jeune homme reçoit une lettre d’une jeune femme où elle lui dévoile son amour viscérale pour lui depuis qu’elle a treize ans. Cette lettre, c’est une confession, un cri de désespoir pour se faire reconnaître: “je veux te révéler toute ma vie, cette vie qui véritablement n’a commencé que du jour où je t’ai connu. Auparavant, elle n’était que trouble et confusion, et mon souvenir ne s’y replongeait jamais;“.
Car cet homme, pour qui elle s’est sacrifiée toute sa vie, l’a rencontré trois fois, mais l’a prise pour trois personnes différentes et l’a oublié aussitôt chaque lendemain de leur nuit d’amour. Le fruit, de ce qu’elle pense être une histoire d’amour et qui s’avère être qu’une banale aventure pour lui, est un enfant. Elle n’a que lui à qui se raccrocher, et elle le fait éperdument, car c’est une partie de cet homme qu’elle a réussi à extirper.
Seulement, l’enfant tant chéri par sa mère en détresse est aujourd’hui mort. A bout, elle ne peut qu’avouer ce fardeau, cette obsession qui la consomme depuis son enfance.
Malgré cette histoire plus que tragique qui reprend vie au fil des pages, on espère, on veut croire que l’homme va la reconnaître. Le récit est éprouvant, haletant, on subit sans répit le fanatisme presque religieux de cette femme pour cet homme, dont seul la mort la délivrera.
Une nouvelle terriblement romantique, même si il est question de sacrifice, d’abandon de soi dans le seul but d’être au moins une seule fois dans les bras de l’être aimé.
A lire absolument!!