L'attentat, Yasmina Khadra

Tout d'abord, j'ai décidé de placer L'attentat dans cette partie parce que l'auteur au travers de cette histoire bouleversante traduit les affres d'un pays rongé par la terreur, et dévoile un roman sur fond de terrorisme.

Le premier chapitre de l'histoire met tout de suite le lecteur en condition. Nous voici plongés dans la société du XXIème siècle, qui se désagrège au rythme des explosions et ne vit qu'entre les guerres de religion. Cette histoire, qui pourrait être celles de romans d'anticipation, est une réalité bien connue des journaux à sensation et des médias avides de catastrophes. Mais se cachent derrière ces actes meurtriers des revendications pour la liberté et un combat sans merci entre des peuples qui s'entre-déchirent.

Le roman propose plusieurs contrastes cinglants : alors que le lecteur est confronté dès les premières lignes à l'horreur personnifiée, l'auteur nous conte le portrait d'un jeune homme brillant qui exerce la profession de chirurgien dans un monde complètement musulman. C'est par ces quelques mots que le personnage principal est décrit, et rattaché au chaos d'un univers qui ne fait pas de cadeau : "Dès ma première année universitaire, j'avais mesuré l'extrême brutalité du parcours qui m'attendait, les efforts titanesques que je devais consentir pour mériter mon statut de citoyen à part entière. le diplôme ne résolvait pas tout, il me fallait séduire et rassurer, encaisser sans rendre les coups, être patient à perdre haleine à défaut de perdre la face. A mon corps défendant, je m'étais surpris en train de représenter ma communauté. Dans une certaine mesure, il me fallait surtout réussir pour elle. Je n'avais même pas besoin d'être mandaté par les miens ; le regard des autres me désignait d'office à cette mission ingrate et félonne." Le personnage évolue au contact d'un peuple qui n'est pas le sien : le roman se base sur la haine, le sang et le combat désespéré d'une nationalité contre une autre. Un israélien chez les Palestiniens, le contraste n'est pas flagrant pour les européens, mais cela donne un tableau saisissant qui se joue par des sacrifices humains et des engagements qu'il est préférable de taire.

Cet homme en tous points banal va voir le sol se dérober sous ses pieds lorsqu'il va apprendre qu'une attaque terroriste à la bombe, effectuée en plein centre de Tel Aviv, sera opérée par sa propre femme. Amine, le personnage principal que l'on suit tout au long du roman, va découvrir le corps déchiqueté de la kamikaze, le carnaque provoqué par cette belle inconnue qui a partagée ses jours durant plusieurs années.

Comment n'a t-il pu rien sentir venir ? De ce questionnement qui deviendra sa philosophie de vie, il va partir en quête de réponses censées être conservées dans le secret absolu d'activités militantes. Et pour cause, c'est tout l'Orient qui gardera le serment de cet attentat et qui fera le deuil d'une femme qui, pour la "liberté de son pays et le respect de son peuple", se sera sacrifiée dans le plus horrible des actes. "Le sacrifice n'incombe pas qu'aux autres. Si nous acceptons que les enfants des autres meurent pour les nôtres, ous devons accepter que nos enfants meurent por ceux des autres, sinon, ce ne serait pas loyal. Pourquoi veux-tu que Sihem reste en dehors de l'histoire de son peuple ? Qu'avait-elle de plus ou de moins par raport aux femmes qui s'étaient sacrifiées avant ? C'est le prix à payer pour être libre..."

C'est un livre absolument poignant qui ne laissera pas une seule seconde de répit au pauvre lecteur. Ce dernier est transballé de part et d'autre de la frontière, au centre même d'un enfer qui naît sous le soleil ardent d'un pays si proche de l'Occident. On y voît les atrocités commises au nom d'Allah, la haine éternelle entre deux peuples, les peurs et souffrances de familles souillées du sang de l'homme et rongées par le mépris de l'autre, et surtout un contexte où se rejoignent l'obscène et le monstrueux. Mais c'est avant tout une leçon de vie qui condamne l'indifférence et l'inégalité, et qui unit dans un même livre le passé meurtier de deux ennemis jurés.

Une bonne critique, pour un livre qui me semble puissant.
J'espère le lire prochainement et continué sur ma lancée avec Les sirènes de Bagdad du même auteur.

Il y a aussi Les hirondelles de Kaboul qui me semble être un livre sur la même lignée.

Je ne peux qu'acquiéçer face à cette critique très juste.

Hélas, je n'ai pas ton vocabulaire et je trouve qu'elle manque encore de développement.

Absolument pas d'accord avec toi, Elora. Tu restes concise et sais trouver les mots justes pour définir l'oeuvre. Cela vaut probablement mieux que des blabla

Ouais mais j'ai l'impression d'avoir oublié plein de trucs ou alors je les ai pas mis car je ne savais pas comment les tourner !

J'ai souvent cette impression, car je ne peux pas m'empêcher lorsque j'écris de cerner toutes les facettes d'un sujet. Mais c'est impossible de se souvenir de tout... mieux vaut ainsi rester dans un "flou artistique" (j'ai vérifié si l'expression pouvait s'utiliser en littérature, et j'ai été agréablement surpris).