|
| "La mort est mon métier" - Robert Merle | |
| | Auteur | Message |
---|
Maxime
Nombre de messages : 4383 Passion : Littérature Coup De Coeur Livresques : Il existe bon nombre de belles histoires. Préférences Littéraires : Un peu de tout, du moment que je lise. Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mar 2 Sep - 21:34 | |
| " LA MORT EST MON METIER " Robert Merle« A qui puis-je dédier cette critique, sinon aux victimes de ceux pour qui la mort est un métier ? » La mort est mon métier, 384 pages de biographie romancée centrés autour d’un personnage odieux et déshumanisé, nous plonge au cœur de l’abominable machine de mort qu’est le camp d’extermination d’Auschwitz et dans l’effroyable vie de Rudolf Lang, commandant SS terrifiant et père de famille à ses heures perdues. De son enfance à sa condamnation, Robert Merle retrace la vie – en 2 parties significatives - d’un jeune homme autoritaire, impitoyable et torturé psychologiquement; de ses 13 ans à ses années folles, où l’on a la chance – si je puis dire - de suivre pas à pas une carrière grandissante consacrée à « la lente et tâtonnante mise au point de l’usine de mort » du village d’Auschwitz. On y retrouve une enfance stricte et glaçante – en partie responsable du comportement de Rudolf à l’âge adulte - sous l’effigie d’un père sévère et paranoïaque, d’une mère absente et incapable, et d’une tendre et affectueuse bonne pour compenser. Il est clair que Rudolf Lang a été élevé dans le respect des choses bien faites, dans l’amour de la patrie et de la haine des Juifs. Son perfectionnisme et sa grande fidélité le mèneront haut dans la hiérarchie, et c’est comme cela qu’il se retrouvera de simple soldat au rang de commandant haut placé du camp de concentration, puis d’extermination d’Auschwitz. Tout au long du récit, on suit le parcours chaotique d’un anti-héros obsédé à obéir irrémédiablement aux ordres, et, pour qui la réussite devient au fur et à mesure une obsession, et l’échec la pire des humiliations. Pour « Lang », l’engagement dans l’armée Allemande en 1914 et dans la parti nazi bien plus tard, avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale par son supérieur, le Führer Hitler, reflète son envie de fuir à un quotidien pourtant banal mais inintéressant, tout en retrouvant un cadre autoritaire régit par l’armée, les ordres et les missions, sans lequel il est perdu. Dans cet ouvrage, on y comprend, dans l’horreur, comment le nazisme avait organisé de vraies carrières d’hommes criminels, et comment le personnage principal y est entraîné, sans aucun remord. D’ailleurs, l’auteur lui-même cite en préface : « Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, et par respect pour l’Etat. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est monstrueux » (Robert merle ; 27 Avril 1972). En effet, tantôt attendrissant, tantôt antipathique et insupportable, il est celui qui ordonne le massacre de milliers de personnes : « Je vous demande pardon, je n’en ai tué que 2 millions et demi » murmure t-il à l’assemblée du procès de Nuremberg. Sentiment inqualifiable face à ce spectacle inhumain, le livre nous plonge au cours de la tourmente, où terribles sont ses idées, et déroutantes sont ses actions. C’est un des rares livres où des bourreaux sont mis en scène, et où l’on côtoie,graduellement tout le processus d’invention de la solution finale… Des camions d’asphyxie aux fours crématoires, en passant par les chambres à gaz, les êtres humains deviennent progressivement des unités, puis sont rabaissés au rang de simples, stupides et inutiles animaux ; et le " gain de temps " est la chose la plus importante qu’il soit – bien avant la vie des pauvres victimes. Tout cela est calculé minutieusement afin de mettre en place la plus grande entreprise d’extermination jamais créée. De plus, Robert Merle évoque parfaitement dans ce livre l’état d’esprit des officiers SS, et on peut remarquer, à l’occasion, l’infernale imagination de l’une des têtes pensantes de ce massacre. La fin de ce livre marque la fin d’une époque terrifiante, et laisse le lecteur dans un sentiment d’horreur et de haine. Comment ont-ils pu tuer aussi froidement ? Ce livre est difficile à aimer quand on se plonge dans la tête d’un officier SS, à la première personne du singulier (de façon à rentrer dans la peau du personnage et à incarner l’individu en lui-même) meneur de la plus grande boucherie du siècle dernier. L’absence totale de sentiments mélioratifs choque, et le lecteur en vient jusqu’à espérer la mort du personnage principal qui est confronté au suicide, à la misère, et au chômage au cours du récit. Mais il est cependant très intéressant de se rendre compte de la perspicacité et de l’intelligence d’un homme qui n’a rien de sanguinaire et de monstrueux au premier coup d’œil. Le sérieux et l’attention toute particulière portée à bien faire d’un homme aussi consciencieux, le rendent responsable de monstruosités sans pareille. On ne peut, en revanche, se contraindre à pardonner et à oublier de tels actes contre l’humanité dans le seul but de justifier leurs comportements inadmissibles.
Pour ma part, ce livre m’a énormément plu, car il témoigne d’actes historiques impardonnables, qu’il ne faut oublier malgré la souffrance qu’apporte des souvenirs aussi affreux. Comment ne pas être touché ? Le seul fait de lire cette œuvre terrible vous plonge au cœur d’un enfer sans fin, dont la seule sortie est la tout dernière page, libératrice de l’épouvantable. On est souvent mal à l’aise tant le spectacle est inhumain, tant les descriptions sont poignantes, et écoeurantes. Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains : âmes sensibles, s’abstenir !
Robert Merle, après la guerre, a fournit un vrai travail d’historien pour réussir à recueillir autant d’informations, qu’il a su rendre compte sans épargner aucun des nombreux détails écoeurants utilisés par les nazis pour un génocide de ce genre. Les témoignages du procès de Nuremberg et les écrits de Rudolf Lang (" Rudolf Hoess ", en vérité) lui on permis d’écrire ce chef d’œuvre impressionnant de la littérature française, qu’il lui a valu un honneur tout particulier. En effet, il est l’un des précurseurs de ce type d’œuvre, a but historique avant tout, parus entre 1952 et 1972, qui ne touche que des jeunes lecteurs principalement, nés après 1945 pour la plupart. Un style d’écriture simple, un sujet intéressant et la vérité en perspective ont rendus " La mort est mon métier " un des livres phares sur « les témoignages bouleversants des camps de la mort outre-rhin. »
| |
| | | milal
Nombre de messages : 1166 Age : 31 Passion : écriture, lecture, rêve... Coup De Coeur Livresques : Aucun, chaque livre est une nouvelle page. Préférences Littéraires : fantasy, aventure, action... Date d'inscription : 13/08/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mer 3 Sep - 15:50 | |
| très franchement ça me donne pas du tout envie de lire ce livre mais je devrai quand même lire ce que toi maxime tu as écri héhéhé
mais c'est long donc franchement... enfin tu m'en voudras pas si je lis pas tout ce que t'as marqué sur ce livre héhéhé !!! | |
| | | Maxime
Nombre de messages : 4383 Passion : Littérature Coup De Coeur Livresques : Il existe bon nombre de belles histoires. Préférences Littéraires : Un peu de tout, du moment que je lise. Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mer 3 Sep - 16:12 | |
| Absolument pas, chacun est libre de lire ce que bon lui semble. Le grand premier paragraphe est le plus intéressant, selon moi. Je dois avouer que ce post était à l'origine un travail de seconde, une rédaction, suite à la lecture d'un livre de notre choix dans un registre bien particulier. C'était une bone occasion de faire découvrir un roman. | |
| | | Avalon
Nombre de messages : 119 Age : 33 Passion : Lire parmi tant d'autres Coup De Coeur Livresques : Roméo et Juliette de William Shakespeare Préférences Littéraires : Romans Date d'inscription : 17/08/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mer 3 Sep - 18:17 | |
| Je l'ai lu quand j'étais en Seconde. J'avoue que c'est un des pires livres de la Seconde Guerre Mondiale que j'ai lu. Comment peut-on tuer des millions de gens et ne rien éprouver ? | |
| | | milal
Nombre de messages : 1166 Age : 31 Passion : écriture, lecture, rêve... Coup De Coeur Livresques : Aucun, chaque livre est une nouvelle page. Préférences Littéraires : fantasy, aventure, action... Date d'inscription : 13/08/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mer 3 Sep - 18:21 | |
| ben jstement c'est pour ça que j'aurai plutot mis ce roman dans la rubrique philo enfin maintenat je pense qu'on peut rajouter un 5ème débat héhéhé | |
| | | Avalon
Nombre de messages : 119 Age : 33 Passion : Lire parmi tant d'autres Coup De Coeur Livresques : Roméo et Juliette de William Shakespeare Préférences Littéraires : Romans Date d'inscription : 17/08/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Jeu 4 Sep - 17:05 | |
| Pourquoi dans la rubrique Philo, je ne comprends pas vraiment ?! | |
| | | milal
Nombre de messages : 1166 Age : 31 Passion : écriture, lecture, rêve... Coup De Coeur Livresques : Aucun, chaque livre est une nouvelle page. Préférences Littéraires : fantasy, aventure, action... Date d'inscription : 13/08/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Jeu 4 Sep - 17:23 | |
| Pourquoi est ce possible de commetre des crimes si j'ai bien compris l'histoire sans éprouver le moindre sentiment comment est-ce possible ?
enfin voilà quoi... | |
| | | Maxime
Nombre de messages : 4383 Passion : Littérature Coup De Coeur Livresques : Il existe bon nombre de belles histoires. Préférences Littéraires : Un peu de tout, du moment que je lise. Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Jeu 4 Sep - 17:25 | |
| Parce que tu considères que c'est une philosophie, la sienne ; sa façon de penser ? | |
| | | milal
Nombre de messages : 1166 Age : 31 Passion : écriture, lecture, rêve... Coup De Coeur Livresques : Aucun, chaque livre est une nouvelle page. Préférences Littéraires : fantasy, aventure, action... Date d'inscription : 13/08/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Jeu 4 Sep - 17:28 | |
| non mais c'est a discuter pourquoi est ce que ce genre de personnes peut exister ? | |
| | | Kimberley
Nombre de messages : 25 Age : 31 Passion : La lecture Coup De Coeur Livresques : La saga de Stephenie Meyer Préférences Littéraires : Aucune Date d'inscription : 03/01/2009
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Sam 3 Jan - 21:33 | |
| AH ! c'est un livre que j'ai très envie de lire. On a pas souvent la "chance" de lire des récits relatant l'autre côté de la guerre. SUr les camps de concentration, l'éxile de certain juifs ect on en lis beaucoup mais des comme celui ci : non. Donc j'éspère pouvoir le lire bientot | |
| | | Maxime
Nombre de messages : 4383 Passion : Littérature Coup De Coeur Livresques : Il existe bon nombre de belles histoires. Préférences Littéraires : Un peu de tout, du moment que je lise. Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Sam 3 Jan - 21:38 | |
| Milal, je crois que le monde est tellement vaste et grouillant d'unicité qu'il y aura bien des personnes comme cela... Malheureusement.
Et, effectivement, Kimberley, je te le conseille car ce livre est le plus effroyable que je n'ai lu. Certains passages sont inhumains, mais malheureusement criant de vérité. L'auteur ne mâche pas ses mots, et nous dévoile de fond en comble le lent et fastidieux processus de la mise à mort de millions d'innocents. Evidemment, le personnage principal est un véritable anti-héros, car commanditaire de ces actes horribles et impardonnables. La fin est totalement bouleversante, surtout le passage dans le tribunal, où il est jugé. Là, on lui dit : "Vous avez tué 5 millions et demi de Juifs." Et lui de répondre : "Pardon, mais je n'en ai tué QUE 3 millions et demi." Le coup de grâce est rendu, notre haine est inimaginable envers cet indigne être humain. | |
| | | Laszlo Volli
Nombre de messages : 285 Age : 32 Passion : J'adore écrire ! Coup De Coeur Livresques : Saga, et Malavita, de T.Benacquista Préférences Littéraires : Tonino Benacquista Date d'inscription : 24/07/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Sam 3 Jan - 23:58 | |
| J'ai lu Mein Kampf, alors ne vous plaignez pas [C'était un choix de lecture purement littéraire, je tiens grandement à le préciser]. Ce livre s'ajoute à la longue liste de livres traitant de ce sujet très sensible qu'est la Guerre, et tout ce qu'elle engendre. Ta critique a l'air bonne (j'ai lu entre les lignes, mais j'y reviendrais, promis ). Je pense que j'envisagerais cette lecture comme lecture complémentaire quand on commencera le thème de la guerre en littérature, en cours de Français. | |
| | | Ludo28
Nombre de messages : 48 Age : 50 Passion : Livre, Musique, Cinéma Coup De Coeur Livresques : Seul dans le noir Paul Auster Préférences Littéraires : SF, Horreur, Thriller Date d'inscription : 25/03/2009
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mer 25 Mar - 14:24 | |
| - Avalon a écrit:
- Je l'ai lu quand j'étais en Seconde. J'avoue que c'est un des pires livres de la Seconde Guerre Mondiale que j'ai lu. Comment peut-on tuer des millions de gens et ne rien éprouver ?
La force de ce livre, c'est surtout de montrer comment sans s'en rendre compte des fonctionnaires allemands ont glissé dans l'horreur et queau moment où ils s'en sont rendu compte il était trop tard... Pas qu'ils n'éprouvaient rien c'est qu'ils se savaient déjà jugés et condamnés pour des choses qu'ils ont fait. | |
| | | Maxime
Nombre de messages : 4383 Passion : Littérature Coup De Coeur Livresques : Il existe bon nombre de belles histoires. Préférences Littéraires : Un peu de tout, du moment que je lise. Date d'inscription : 01/06/2008
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle Mer 25 Mar - 15:24 | |
| Et l'horreur de ce livre est avant tout d'avoir pu montrer avec une précision presque bouleversante ce qu'il s'était réellement passé de ce côté obscur de la guerre... Après, leurs sentiment peuvent être bons ou mauvais, ils ont fait ce qu'ils ont fait, plus personne ne peut revenir en arrière : ils ont été jugés en fonction des atrocités qu'ils ont pu commettre... | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: "La mort est mon métier" - Robert Merle | |
| |
| | | | "La mort est mon métier" - Robert Merle | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |