Les Fleurs du Mal - Charles Baudelaire

Publié en 1857

La Destruction

Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon;
Il nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.

Parfois, il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes
Et l’appareil sanglant de la Destruction !

Mon Avis :
Ces poèmes que Baudelaire a écrit sont une cascade de souffrance et de beauté. Les fleurs du mal, dans ce titre l'auteur a réussi, un très bel oxymore, à transformer le mal, synonyme de souffrance en beauté, amour et sensualité !

Les poèmes de Baudelaire sont tous aussi singulier et mystérieux les uns que les autres. Une véritable mine de trésor se cache entre les lignes de chacun de ces vers. Il est de ceux qui a su transformer les mots en art (comme l'a déjà fait Ronsard et beaucoup d'autres d'autre encore).

Beaucoup disent que Baudelaire était satanique ou malade mental mais il puisait juste ses idées dans les ténèbres et le mal comme peu de poètes ou d'écrivains l'ont fait et il s'est servi de sa souffrance ou de ses regrets personnels pour écrire cette oeuvre .

Bref, ces fleurs maladives comme il les appelle lui même sont l'un des plus grand chef-d'oeuvres que l'homme ait pu concevoir et que le temps nous rendu tout aussi intact et magnifique. Car ce recueil reste l'un des plus beau de tous les temps .

Ce poème est fantastique. Je n'ai jamais lu ce recueil, et je le regrette amèrement. C'est magnifique, et comme tu le dis si bien, le mal est un sujet de prédilection pour les poètes.

Je ne sais plus où je l'ai lu, mais quelque part quelqu'un a dit que l'Homme avait inventé Dieu pour donner une raison "positive" aux choses et à leur existence. Mais devant la nefaste négativité de certaines, il a fallu exprimer un nouveau concept : Le Mal.
Je n'y adhère pas, et c'est sans doute pour ça que j'aime les quelques poèmes des Fleurs Du Mal que j'ai lu.

La beauté melée à la souffrance, ou bien le Mal qui s'exposerait comme un fruit defendu, la tentation. . .

J'aime =D

A une Madone
Spleen et idéal.

Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse,
Un autel souterrain au fond de ma détresse,
Et creuser dans le coin le plus noir de mon coeur,
Loin du désir mondain et du regard moqueur,
Une niche, d'azur et d'or tout émaillée,
Où tu te dresseras, Statue émerveillée.
Avec mes Vers polis, treillis d'un pur métal
Savamment constellé de rimes de cristal,
Je ferai pour ta tête une énorme Couronne ;
Et dans ma jalousie, ô mortelle Madone,
Je saurai te tailler un Manteau, de façon
Barbare, roide et lourd, et doublé de soupçon,
Qui, comme une guérite, enfermera tes charmes ;
Non de Perles brodé, mais de toutes mes Larmes !
Ta Robe, ce sera mon Désir, frémissant,
Onduleux, mon Désir qui monte et qui descend,
Aux pointes se balance, aux vallons se repose,
Et revêt d'un baiser tout ton corps blanc et rose.
Je te ferai de mon Respect de beaux Souliers
De satin, par tes pieds divins humiliés,
Qui, les emprisonnant dans une molle étreinte,
Comme un moule fidèle en garderont l'empreinte.
Si je ne puis, malgré tout mon art diligent,
Pour Marchepied tailler une Lune d'argent,
Je mettrai le Serpent qui me mord les entrailles
Sous tes talons, afin que tu foules et railles,
Reine victorieuse et féconde en rachats,
Ce monstre tout gonflé de haine et de crachats.
Tu verras mes Pensers, rangés comme les Cierges
Devant l'autel fleuri de la Reine des Vierges,
Étoilant de reflets le plafond peint en bleu,
Te regarder toujours avec des yeux de feu ;
Et comme tout en moi te chérit et t'admire,
Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe,
Et sans cesse vers toi, sommet blanc et neigeux,
En Vapeurs montera mon Esprit orageux.

Enfin, pour compléter ton rôle de Marie,
Et pour mêler l'amour avec la barbarie,
Volupté noire ! des sept Péchés capitaux,
Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux
Bien affilés, et, comme un jongleur insensible,
Prenant le plus profond de ton amour pour cible,
Je les planterai tous dans ton Coeur pantelant,
Dans ton Coeur sanglotant, dans ton Coeur ruisselant !

Comme je l'avais déjà dit on ne parle pas de Baudelaire on le lit. Pour vous prouver la démesure du génie Baudelairien voici l'un de mes poèmes préférés extrait des Fleurs du mal évidemment.

Une seule chose à dire lisez : Les Fleurs du Mal !

Je parle de la personne et je lis son talent !

Le parfum

Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église,
Ou d'un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.

De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,

Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.

L'héautontimorouménos

Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher!
Et je ferai de ta paupière,

Pour abreuver mon Sahara,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera

Comme un vaisseau qui prend le large
Et dans mon coeur, qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge!

Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace ironie
Qui me secoue et qui me mord?

Elle est dans ma voix, la criarde!
C'est tout mon sang, ce poison noir!
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau!
Je suis le soufflet et la joue!
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau!

Je suis de mon coeur le vampire,
_Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire!

Charles Baudelaire

J'aime bien ce dernier. Je n'ai jamais lu "les fleurs du mal", et avec les échos que j'en avais entendu, je ne comptais pas le faire, mais je crois que je viens de changer d'avis =)

Ca me fait plaisir tiens Wink

Personnellement, j'adore la poésie, et je compte Baudelaire parmi les plus fascinants qui soient. Je suis super contente que ça t'ait plu. Si t'as aimé celui-là, JE pense que beaucoup d'autre vont te plaire.

Tic-Tac a écrit:: J'aime bien ce dernier. Je n'ai jamais lu "les fleurs du mal", et avec les échos que j'en avais entendu, je ne comptais pas le faire, mais je crois que je viens de changer d'avis =)

Bon, je te conseille quand même d'en lire un par-ci par-là mais pas tous d'un coup...

C'est l'avantage avec les recueils, si un ne nous plait pas, on zappe, et on peut toujours y revenir après.

Je n'ai jamais lu de recueils de poèmes, peut-être ai-je été dégoûtée de la poésie par les machins qu'on nous faisait apprendre par coeur en primaires. Bon ok je suis méchante. Mais faut avouer qu'ils n'étaient pas merveilleux, ces poèmes.
Malgré cela je pense que ça ne se lit pas comme un roman, ça se savoure à petite dose. Je me trompe? =)

Je pense que ça dépend pour beaucoup de la sensibilité de chacun. LEs soirs de déprime, je me fait souvent de grosses doses de poémes (3-4 recueils genre baudelaire, verlaine, hugo, prevert...) mais quand tout va bien, il faut juste savoir trouver LE poème qui correspond à l'humeur du moment. ET quand on l'a trouvé, là, on apprécie vraiment. Et c'est vraiment génial de voir son état d'esprit du moment couché sur papier avec de beaux mots, de vrais concentrés d'éternité, intemporels et actuels, immortel...

Oops je me suis un peu laissée emporter je crois^^

C'est en se laissant emporter qu'on devient écrivain ^^.
Je veux dire que je suis tout à fait d'accord avec ce que tu viens de dire, et ce sont là les bons mots pour décrire cet... état d'esprit Razz

.
(Parfois j'ai aussi l'impression je ferais mieux de la fermer avant de commencer à parler ^^)

Je crois aps pouvoir devenir écrivain un jour (ou alors si, mais alors je ne serais sans doute pas lue xD)
(to talk or not to talk, that is the question, too.) <= anglais...approximatif

Moi, je peux pas lire plusieurs recueils d'affiler...J'y arrive déjà pas avec un seul ! Justement, les beaux mots et tout, ça a vite fait de me dégoûter. Je me dis que les miens ne valent pas grand chose. De plus, j'ai du mal à les comprendre.

Bha, pour les comprendre il suffit de demander au petit Robert. Laughing

Mais on risque parfois de passer plus de temps avec le dico entre les mains qu'avec le recueil qu'on essai de lire. C'est le problème. Neutral

Pour en revenir au Fleur du Mal, mon poème préféré est Le Voyage ; c'est un poème qui était à peu prés au milieu du recueil dans la première édition, qui était sa clef de voute ; c'est aussi le plus long poème du recueil il me semble. Je l'aime particulièrement parce que c'est une sorte de résumé de tout le recueil, et que tout y est ! Baudelaire n'était pas un amateur des long poème à la Hugo, mais celui là est particulièrement réussit, tout comme le Cygne, que Baudelaire lui-même considérait comme un de ses meilleur poèmes.

Le Voyage : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/le_voyage.html
Le Cygne : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/le_cygne.html

Lorsque j'ai lu ce recueil, j'en ai été dégoûté : je lisais en diagonale les vers, je faisais tout pour achever la lecture de ces abominables écrits. Lire tout d'un coup est un véritable gachis : l'erreur de mon professeur de français a été de nous presser et de nous ordonner de le connaître par coeur.

Perso, un livre qu'on était obligé de lire pour les cours...Je le lisais forcément en diagonale... J'avoue et honte à moi. Pour la simple et bonne raison que je n'aime pas être pressée et comme je savais qu'on allait avoir des cours dessus, je ne voyais pas l'intérêt.

Mais j'ai toujours adoré les "abominables" écrits de BAUDELAIRE. Je les considère réellement comme des chefs d'oeuvre.

Moi c'est pareil ! Je n'ai jamais réussi à vraiment lire et apprécier des livres qu'on m'a donné à lire, pourtant je les reprends parfois pour les lires l'année suivante Laughing

Sinon, je suis d'acord avec Elora pour dire que Les fleurs du Mal sont un véritable chef d'oeuvre, qui marque une nouvelle ère dans la poésie française.

D'un autre côté, selon les éditions, les mots un tantinet compliqués sont expliqués en bas de page, et les références historiques ou culturelles aussi.

L' homme et la mer me parait essentiel. D'autant plus qu'il est célébrissime. L'idéal me plait beaucoup aussi. Après, dans le désordre: Duellum,, Reversibilité, le Poison, L'invitation au voyage, la mort des amants, le mort joyeux, spleen(les 4...), le rebelle, recueillement, l'horloge, le vin de l'assassin, L'épigraphe pour un livre condamné, les deux bonnes soeurs, L'Amour et le crâne, Abel et Cain, L'invivtation au voyage.

C'est tout^^ xD

Ce côté forcé n'est effectivement pas un moteur pour la lecture : il en est un freint. Les Fleurs du Mal en ont pour moi subi les conséquences, bien que je perçoive la beauté des écrits de Charles Baudelaire.

Tu peux toujours y revenir plus tard. MAis je pense que la poésie, c'est juste une affaire de feeling.0 On peut "percevoir" la beauté et la detester ("Je perçois la beauté des "Meditations Metaphysiques" de Descartes, mais qu'est ce que c'est chiant!") PEut être que t'aimes tout simplement pas et que le gacteur scolaire ne joue pas dedans. PErsonnellement, j'ai quasiment jamais eu l'occasion d'étudier un livre que je n'avais aps lu par le passé, et je n'ai jamais été freinée en quoi que ce soit dans mon envie de lire. Si j'accroche pas, c'est la faute du livre, pas de l'obligation de lire.

Je pense que le facteur scolaire y a joué : sachant pertinemment que je devais lire ce livre avec rapidité pour répondre aux éxigences des cours, je suis parti dans la lecture avec une mauvaise opinion du livre, et dans une volonté d'en découdre avec une lecture qui de prime abord ne m'attirait pas. La poésie d'une manière générale n'est pas mon genre de prédilection, mais j'y savoure des vers au rythme de mes envies et non de mes devoirs. Mais il est vrai qu'à forte dose je me lasse.

C'est comme tout, a grosse dose, c'est lassant, pour ne pas être triviale... Après, il y a aussi l'approche de l'oeuvre par le prof. Un bon enseignant donne envie, même si le sujet n'attire pas, alors que le prof "blasé" (ytoujours pour être polie et gentille) va plus rebuter qu'autre chose.

Nous avons tous subi les exigences scolaires Les Fleurs du Mal - Charles Baudelaire Icon_smile

. C'est incroyable de voir comme un lecteur se met à appréhender la lecture autant que ses caramades lorsque celle-ci devient obligatoire.
Je n'ai du lire que la moitié des livres que l'on m'avait imposé et encore. Même ceux lors de l'année du bac.
Comme vous le dites si bien, le côté forcé est un frein et non un moteur.

Pour en revenir aux Fleurs du Mal, j'ai beaucoup apprécié. C'est vrai que la poésie en général est un style qui se savoure au gré de ses envies. On peut lire un poème puis un autre, pas forcément à la suite, ni dans l'ordre.
Même si la poésie n'est mon thème de prédilection, je trouve que cet ouvrage est particulier. Les mots me donnent l'impression d'être une mélodie. Chaque mot s'accorde parfaitement avec le suivant comme le feraient des notes.

Le côté forcé n'est pas une bonne chose, mais cela permet aussi de découvrir des livres qu'on n'aurait jamais lu autrement. Effectiviement, il est toujours temps de revenir plus tard sur un livre imposé et de l'apprécier comme il le mérite =).

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