Magali
Nombre de messages : 2506 Age : 31 Passion : Ressentir Coup De Coeur Livresques : La mante au fil des jours - Christine renard + J'irai cracher sur vos tombes - Boris Vian + Le Rêve - Emile Zola + L'insoutenable legereté de l'être - Milan Kundera Préférences Littéraires : Boris Vian, Emile Zola, Jean-christophe Grangé, Milan Kundera. Date d'inscription : 22/06/2008
| Sujet: l'égaré des époques Ven 8 Mai - 13:02 | |
| Brouillon, premier jet : l'inspiration reviens.
Je suis là. J’existe. Je sens la pierre froide à travers mes haillons, j’ai fermé les yeux. Il n’y a plus rien à voir depuis longtemps, mais je suis là, et la pierre me brûle autant que du feu. Je vois des choses derrière mes paupières. Je sens le noir, je sens l’obscurité. Il n’y a pas de lumière. Y en a-t-il jamais eu ? Bien sur que si, je l’ai déjà vue, il y a longtemps. Quand, je ne sais pas, mais je sais qu’elle existe, qu’elle a existé. Comme moi. Une douleur au bas ventre me fait plier les genoux. Je pose ma main sur le sol. J’ai froid. Où suis-je ? Qui suis-je ? Et que sont ces bruits inconnus qui me parviennent aux oreilles ? Je suis immobile, j’ai peur. De quoi ai-je peur ? Il me suffit d’ouvrir les yeux, et de voir. Voir ce qui se passe. Je dois rêver, ça ne peut pas être un froissement de tissu. Et pourtant c’est ce que je t’entends, mais il n’y a pas de tissus ici, il n’y a que le vide, et moi. Il faut ouvrir les yeux, le bruit continue, il s’approche, s’enfuit, revient. Mais qu’est-ce que c’est ? Je suis epuisé, ma vie est finie, je n’existe plus, je n’ai jamais existé, pourquoi le monde serait-il différent de moi ? Ce froissement me torture, il me dit que quelque chose existe à côté de moi, pourquoi moi je sais qu’il existe ? Pourquoi semble-t-il m’ignorer ? Ouvrir les yeux, voir, regarder, comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre ce qui se passe. Allez vieux machin, tu peux pas continuer à penser et à fermer les yeux. Tu peux pas continuer à attendre la fin. Ouvre tes yeux, et vois. J’ouvre mes yeux, le noir m’embrasse, l’obscurité me caresse. Il n’y a rien. Je ne sens pas le vent frais sur mon visage, je ne touche pas l’herbe verte, je ne vois pas d’abeilles butiner les fleurs rouge. Les fleurs rouges. Où sont-elles ? Je n’entends plus rien, je lève ma tête, mes lèvres sont sèches. Ma peau se ride, mes cheveux poussent. Où suis-je ? Tu sais très bien où tu es, arrête de perdre ta tête. Je la ramasse, et la remets en place. Il est bientôt l’heure, et je sens mon corps appeler à l’aide. J’attends, j’écoute, mes yeux bougent et je reste immobile sur les pierres gelées. J’attends, il est bientôt l’heure. Je n’ai aucune raison de dire qu’il est l’heure, je n’ai pas de montre. Je ne vois pas la lune, tout ce que je vois, c’est quatre murs sombres et graisseux. Je les envie, ils sont grands et fiers, moi je suis insignifiant et je ne suis plus là pour longtemps. Le suis-je encore ? Il est bientôt l’heure. Je verrai le rayon, le rayon d’espoir qui me guide dans ce labyrinthe fermé. Il faut que je sorte, mais j’ai froid, j’ai peur, et j’ai disparu depuis trop longtemps déjà.
Mes yeux s'animent, elle arrive. Elle m'appelle. Mes yeux la voient, elle est si belle ! Sa couleur dorée me regonfle le coeur, mais voilà qu'elle disparait comme elle est venue : dans un crissement sonore doux à ma peau. - Je t’aime ! m’écris-je.
Personne ne répond, ai-je vraiment parlé ? Ma voix sort de mon corps comme un rat de son trou. Elle est précipitée et incohérente. Je suis pas sûr d’avoir été à la hauteur, elle est partie sans un bruit. Je ne la reverrais pas avant demain. Demain. Oui, demain, je t’attendrais encore, lumière furtive, je t’attendrais toute la vie, tu es à moi. Le cadavre qui me sert de corps s’agite, je rampe jusqu’à l’endroit où ma muse est apparue. Je sens l’humidité de la pierre, mes mains me font mal, mais je rampe encore, et je lèche le sol où l’on a répandu quelque chose que je crois être à manger. Il faut manger, ma fée s’occupe de moi et me nourrit. Elle m’aime. Ma langue sur le sol froid me fait mal, mais j’ai faim, et l’heure est passée. Je dois tenir encore, tenir jusqu’à demain, attendre de la revoir encore une fois avant de partir. Elle m’aime, je ne sais pas son nom. Elle ne sait pas le mien, je n’en ai pas de toute manière. Mais qu’est-ce que c’est ? Le froissement, il revient. Je reste allongé à plat ventre. Que dois-je faire ? Je me retourne, mes côtes douloureuses se tordent l’espace d’un instant, et je me retrouve sur le dos. | |
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