Pendant plus de quarante-cinq ans, chaque été, Françoise Xenakis a vécu
un enfer. Iannis, son mari, ne délaissait la musique que pour sa
seconde passion, le kayak en haute mer. Mais pas seul. En famille. Afin
que " son bonheur soit complet ", disait-il. Tout le temps et par tous
les temps, ramer, ramer à longueur de journée. Et quand, enfin, une
crique, apparaissait à l'horizon, il fallait qu'elle soit déserte pour
que femme et enfant puissent se prélasser au soleil. Sinon, lannis
Xenakis remettait son fier esquif à flots, et vogue la galère.
Qu'importe si, dans la manoeuvre, le bébé prenait l'eau en même temps
que le barda familial. Il faut dire que le maître avait été champion
olympique de la catégorie.
Bref, Françoise Xenakis, qui aimait inconditionnellement son immense musicien de mari, le haïssait chaque été.
Une
écriture iconoclaste, un ton gouailleur que l'on retrouve toujours avec
bonheur. Une histoire vraie devenue un grand classique.
117 pages où la taille de la police est assez grosse. 117 pages que l’on lit vraiment très rapidement. 117 pages écrites en mer, par association d’idées. 117 pages parfois sans queue ni tête. 117 pages où l’on se rend compte encore un peu plus de la piètre image que l’homme peut avoir de la femme.
« Tu ne feras jamais rien. » répète-t-il sans cesse à Françoise sa femme depuis toujours. Elle ne le supporte plus. Aujourd’hui, à l’époque où l’on prône l’égalité entre les hommes et les femmes, le lecteur le hait, a envie de le raisonner voire de le corriger, de lui donner une bonne leçon. On a envie qu’elle s’en aille, elle aussi, elle voudrait. Mais elle est bien trop
soumise, trop faible et, dans sa tête, elle reste. Pour l’enfant. Grossière
erreur. Elle est encore liée à lui malgré les années, malgré le fait qu’elle lui ait déjà dit qu’elle voulait divorcer. Peur de la solitude ? De qui ? En y réfléchissant bien (et beaucoup, et longtemps…), ce livre à forte connotation autobiographique est presque un essai sur la douleur de la vie de famille quand tout fout le camp. Sur la peur de la solitude, aussi. Mais, ce n’est pas vraiment suffisant. Mais ce n’est pas tout.
C’est aussi 117 pages où le terrible jugement des « autres », leur hypocrisie se fait constamment sentir et cela met mal à l’aise. Ces vacanciers atypiques que les habitants de
l’île retrouvent chaque année, avec les même problèmes, ne sont jamais bien
reçus. Pas assez bien habillés. Insupportables. Trop pauvres. Trop sales
d’avoir passer plusieurs jours en mer. Le moindre détail est mal vu.
Ce livre, écrit entre 1950 et 1971 est encore assez actuel. Qui oserait dire que la différence est bien (ou mieux) acceptée aujourd’hui ?
Le style se rapproche un peu trop de l’oralité. Combiné à rien ni à un plan ni à une logique accessible au lecteur, cela est bien désagréable.
Ce roman pittoresque stimule l’imagination. Il faut beaucoup d’efforts pour se faire une idée des personnages, des paysages…
Ce n’est décidément pas un livre inévitable.
On le lit éventuellement pour se détendre, entre deux ouvrages plus gros, plus durs, plus prenant. Mais on l’oublie aussi vite que l’on découvre les 117 pages.