Il est des étés qui marquent une année, parfois toute une vie. Un été
définitivement planté dans la mémoire de Philippe Delerm, marqué par le souvenir indélébile et savoureux des bâtonnets à
trente-cinq centimes. Un été d'autant plus inoubliable qu'il est marqué par la
disparition de la grand-mère, cette vieille dame chaleureuse, attentive, rivée
au passé bienheureux du narrateur. Dès lors, si le bonheur a un futur, il est resté dans l'enfance insouciante : 'L' avenir, c'est avant.' Aux côtés de cette grand-mère perdue pour toujours, qui fait naître le texte. En attendant le deuil, ce sont les souvenirs qui resurgissent, viennent hanter le présent, à coup d'anecdotes parfumées, sensuelles, délicates.
Il est des livres qui paraissent fades, au premier abord, car l’action n’est
pas des plus présentes et pour bien d’autres raisons. Pourtant…
Un été pour mémoire est un petit bijou, 150 pages qui se lisent comme une seule. On découvre avec un bonheur, presque honteux face au décès de la grand-mère, le monde du narrateur. De ce dernier,
on (re ?)vit les souvenirs et la douceur mélancolique des derniers instants dans ce village, cette maison. On imagine les sentiments du jeune homme avec une insolente facilité. Rien de cela ne semble décrit mais nos fissures s’entrouvrent grâce aux mots justes et égaux de Philippe Delerm dont c’est probablement l’un des meilleurs livres.
On pourrait lire ce livre par – 10°C que l’on entendrait quand même les grillons chanter, sentirait le soleil nous brûler.
A découvrir et à aimer, sans hésiter.