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 Six personnages en quête d'auteur, Pirandello

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Maxime

Maxime


Masculin Nombre de messages : 4383
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MessageSujet: Six personnages en quête d'auteur, Pirandello   Six personnages en quête d'auteur, Pirandello Icon_minitimeDim 10 Jan - 22:09



SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D'AUTEUR
Pirandello

Six personnages en quête d'auteur, Pirandello 9782253138860FS
« Votre incrédulité me surprend… N’êtes-vous donc pas, vous, comédiens, habitués à faire vivre en vous-mêmes, dressés les uns contre les autres, les personnages crées par un auteur ? Vous hésitez devant nous parce que nous ne sommes pas contenus dans la brochure du souffleur… »


C’est un drôle de concept ! On a du mal à croire, lorsque l’on se fait l’adaptation cinématographique ou la représentation visuelle dans notre tête de cette pièce de théâtre, que tous les personnages ne sont que des fantoches, ne sont que des « personnages » au final qui jouent leur propre rôle. Dans cette pièce de théâtre apparaissent très rapidement deux dimensions : celle de la réalité, dans laquelle la pièce sera adaptée ; et celle du livre, la fiction dans laquelle vivent les personnages de leur modeste statut de créations de l’auteur.

C’est pourquoi ces 6 personnages en quête d’auteur, dont 4 principaux, apparaissent dans leur description légèrement stéréotypés. A vrai dire, chaque personnage possède une personnalité qui permettra de rentrer en conflit avec les autres : les personnages nous paraissent exagérés jusqu’à la dérision, mais je ne peux m’empêcher de rendre ce caractère propice au drame familial un statut volontaire. L’auteur dans cette pièce de théâtre cherche à « livrer en pâture » la tragédie de six personnages qui n’ont pu trouver d’auteur pour mettre en scène leur univers et le mélodrame qui constitue leur raison d’exister. C’est ainsi que ces personnages débarquent en plein milieu d’une répétition de théâtre, viennent chercher un auteur qui saura leur rendre les raisons de leur existence, et qui permettra à ces six protagonistes de revivre dans un éternel recommencement et dans une succession de différends une polémique au sein même de leur famille qui au fur et à mesure qu’elle est dévoilée nous semble bien complexe… Cette dernière phrase l’est également, à vrai dire.


« Oui, égarés, si l’on veut… Et voici comment : l’auteur qui nous a donné la vie n’a pas voulu ou n’a pas pu matériellement achever de nous mettre au monde, au monde de l’art… Et ce fut un crime. Lorsqu’on a la chance de naître héros – héros de théâtre – bien vivant, on peut se rire de la mort. On est immortel. L’homme, l’écrivain qui est l’instrument de la création mourra, mais sa création ne mourra jamais. »


A mesure qu’on lit cette pièce, on se rend compte vraiment que ce qui est en train de se jouer est la véritable pièce de théâtre, et non la répétition d’une pièce dans laquelle ils joueront le drame de leurs vies. Les sentiments et les états sont ainsi mis en exergue par le jeu des personnages de leurs propres rôles. Ce qui est intéressant, c’est de se dire que si cette pièce est jouée, le spectateur ne verra pas à première vue une pièce achevée, mais la répétition de scènes dans lesquelles il pourra découvrir, au rythme de la mise en scène progressive de leur passé, un véritable tableau. Les personnages qui sont sur scène ne sont pas joués : ils vivent leur propre rôle. Et c’est cela qui est merveilleux dans Six personnages en quête d’auteur de Pirandello : on ne peut pas reprocher l’excès de certaines réactions, le cliché d’une famille à problème, ni même la complexité voulue de leur passé. Ils sont déjà intégrés à cette grande famille des acteurs.

Il est cependant à dénigrer le fait que la plume de l’auteur soit la même tout au long de la pièce. Etant donné que chaque personnage est « vivant » et représente une entité immuable qui ne peut évoluer au cours de l’existence, nous pouvons penser que chacun, bourrés de tous les stéréotypes que leur a attribués l’auteur, pourraient avoir une manière de débiter ses paroles différente. Or, l’auteur garde la même plume – plate – et ne la fait pas rebondir au gré des interventions des personnages.

De plus, cette pièce que j’attendais davantage philosophique, ne le devient qu’au dernier acte. Il est dommage de ne pas penser à la condition des personnages plus tôt. La manière dont l’auteur intervient directement dans la pièce de théâtre, grâce au Directeur, est à remarquer comme une astucieuse mise en abyme : l’auteur rentre directement dans le monde de ses personnages et casse les codes de la pièce de théâtre classique. Et puis se dévoile la terrible vérité, la chute de la pièce, la raison pour laquelle ces personnages sont sans auteur : ce sont des personnages dont il est arrivé le malheur d’être nés vivants du cerveau d’un auteur et qui se sont vus refuser la vie. Des personnages abandonnés, vivants et sans vie, qui vont hanter l’auteur…


« Mais oui, messieurs ! Quelle autre réalité est la nôtre ? Ce qui pour vous est un jeu, est pour nous notre unique réalité. Et non seulement pour nous, d’ailleurs. Pensez-y bien. Pouvez-vous me dire ce que vous êtes ? »


Le lecteur se questionne sur la condition véritable des personnages : lorsqu’ils prennent métaphoriquement « vie » de la plume de l’auteur, cela demeure t-il dans le domaine de l’imaginaire ? Nous sommes confrontés dans cette pièce à des personnages tourmentés d’être laissés pour compte. On remarque toute la dimension de la pièce… et surtout que les personnages ne peuvent aller contre le drame qui est inscrit dans leurs « lettres », en quelque sorte : ils ne peuvent jouer que pour ce dont ils ont été engendrés. « Il ne peut pas, vous voyez, monsieur, il ne peut pas ! Il est obligé de rester là par force, lié à sa chaîne, irrémédiablement ! (…) Vous pouvez imaginer quel est son déchirement d’étaler ce qu’elle éprouve devant vos acteurs, et cependant, elle a une si profonde envie de s’approcher de lui que, tenez, la voilà prête à vivre sa grande scène. »

Les scènes sont un peu anarchiques, et ne vont pas en s’améliorant, mais toutes vont dans un même et unique sens : celui de l’auteur. La scène finale est tragique à souhait, c’est une grande chute de théâtre, que dis-je, l’apothéose ! Une fin durant laquelle fiction et réalité se confondent, dans laquelle toutes deux ne peuvent être différenciées… L’existence des personnages est-elle donc fiction ou réalité ?
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