Tizzounette
Nombre de messages : 848 Age : 34 Passion : Lire, écrire, vivre :) Coup De Coeur Livresques : Tout, tout, tout...Allez jeter un coup d'oeil à ma présentation si vous voulez savoir ceux que je préfère =) Préférences Littéraires : Fantasy !!!! Aventures fantastiques, ou comédies romantiques, romans de filles enfin un peu de tout mais pas trop les romans policiers... Date d'inscription : 27/04/2009
| Sujet: Les Débris du Chaudron - Nathalie Dau Ven 25 Sep - 16:00 | |
| Les Débris du chaudron, Nathalie Dau Editions: Argemmios éditions, 13.50 euros, environ 200 pages L’Auteur : Née à Antibes en 1966, Nathalie Dau est aujourd’hui une nouvelliste reconnue (elle a reçu le prix Merlin pour sa nouvelle Le Violon de la Fée, réalisé plusieurs anthologies et fut très saluée par la critique pour son premier recueil Contes Myalgiques 1 : Les Terres qui rêvent). Les débris du Chaudron est son second roman et elle le signe d’une main de maître, s’inspirant tout en la recréant totalement d’une nouvelle éponyme initialement publiée dans l’anthologie Royaumes. Elle est également la fondatrice des éditions Argemmios et y valorise folklore, mythologie et poésie. Quatrième de couverture : L’amour et la vengeance ont l’art de traverser les âges, et ce d’autant plus lorsque les dieux sont impliqués.
Pour certains mortels, cela signifie un héritage lourd à porter, mêlé de malédiction.
Ainsi en va-t-il d’Augusta Quinn et d’Alwyn Archtaft. Destinés à réparer le chaudron de Kerridwen, afin de permettre le retour de la déesse, ils devront compter avec Affang, le terrible démon des eaux, qui les poursuivra de sa haine.
Mais en cette fin de XXème siècle, un dieu veille et se souvient. Capable d’arpenter les lieux d’ici et d’ailleurs, Kernunnos, sous l’un ou l’autre de ses avatars, permettra à la réalité de rattraper le mythe... et de le dépasser.Mon avis : C’est un roman magnifique, basé sur la légende de Kerridwen, de Kernunnos et de leur amour infini. Un roman très bien écrit, qui nous emporte aux grès de mots toujours excellemment choisis dans une intrigue ensorcelante, nous faisant plonger jusqu’au cou dans la passionnante mythologie celte imprégnant chacune des pages de ce récit. Une légende que je ne connaissais pas et qui n’a eu de cesse de m’éblouir tout au long de ce roman, entrecoupée des aventures contemporaines des habitants du monde du dessus : les hommes. "Je suis Kerridwen, reine sorcière aux trois couronnes. Je viens en paix, répondant aux prières et rêveries informulées, prête à vous enseigner les secrets de mon peuple, car nombre des vôtres en ont exprimé le désir." Ainsi, face à la sagesse infinie de Kerridwen et au récit de sa vie tragique, ici contée comme un destin qui se déroule, immuable, on découvre les doutes humains, la peur et la faiblesse qui envahissent le monde et que Kerridwen a échoué à enrayer, mais aussi le courage et la spontanéité qui guident Owen, d’abord, puis ses descendants. On observe la terrible malédiction qui frappe deux familles, deux humains appelés à explorer le passé pour mieux construire l’avenir. "Alors je lui ai raconté la légende. Notre légende : la malédiction du démon des eaux." D’un côté les héros, dieux avisés mais passionnés, baignant dans une philosophie de vie à part, sachant profiter de ce que la vie leur offre et en faire cadeau à leur tour à ceux qui les côtoient, deux âmes qui ont traversé les âges, n’ayant d’autre but que de répondre aux prières qui leurs sont adressées, tout puissants mais cependant soumis à une sorte de voie, tracée pour eux, à un destin auquel ils ne sauraient se dérober, et qui par mégarde laissent échapper la pire créature qu’ils aient engendré : Affang ; de l’autre côté leurs descendants, simples humains dans un monde fermé à la magie, payant une faute qu’ils n’ont pas commise mais qu’eux seuls peuvent réparer, et qui malgré tout demeurent les seuls à pouvoir faire renaître celle qui veillera sur notre monde à nouveau. L’écrivaine alterne à la perfection les points de vue pour nous dérouler la trame d’une légende oubliée et qu’il nous faut pourtant reconstruire pas à pas, comme Kernunnos rassemble jour après jour les morceaux du chaudron déchu qui permettront de ramener sa bien-aimée à la vie."Autrefois, j’étais le gardien du chaudron. […] Nous avions un lien, et ce lien inspira mon cœur qui sut commander à mes pieds. Lorsque je suis entré dans la vallée de Cerdagne, le dernier des magiciens gorrs a vu s’illuminer le tesson de métal dont il avait la garde. Alors ils sont venus vers moi, l’un vibrant et brillant dans la paume de l’autre. Et j’ai compris que le poison ne nous avait causé qu’une défaite temporaire. Il restait un espoir, une quête à mener." Et, au travers de cette intrigue déroutante on décèle, non sans amertume, une certaine critique du monde actuel et de la mauvaiseté qui se répand à la Terre, ici expliquée comme les conséquences du poison diffusé par Affang mais qui cependant ne peut manquer de nous insuffler une intense réflexion sur le monde dans lequel nous vivons. Quelques piques ironiques, quelques clins d’œil écologiques, et des questionnements lourds de sens, qui attisent encore le climat tragique qui règne sur ce roman. "Nourris par les poisons d’Affang, les hommes creusent. Impunément. Ou bien s’envolent, droit dans les nuages. Ce qu’ils cherchent ? Le savoir, la magie, tous les anciens secrets. Et l’origine. Et le futur. Et le pouvoir de dire que tout était mensonge et que l’œuf primordial, l’œuf du serpent de mer, n’est qu’un vulgaire oursin fossile. Les hommes écoutent le soleil. Les hommes apprennent la fusion. Les hommes dépassent le ciel et s’en vont polluer la lune. Qui paie le prix ?" De plus, ce livre est magnifiquement illustré par Magali Villeneuve, qui engendre pour nous de somptueuses représentations des passages clés du roman. Elle dessine à la perfection ces personnages marquants, et sait transcrire pour nous l’émotion portée par les mots de Nathalie Dau. Des dessins qui m’ont accompagnée, avant la lecture, essayant de percer le secret de cette majesté qui se dégage de ses traits, mais aussi pendant mon voyage au cœur du roman, quand enfin les visages s’accompagnaient de noms et d’une histoire, et qui perdurent bien après que j’aie refermé la dernière page, flottant dans mon esprit aux côtés de l’histoire de Kerridwen.Un magnifique roman de Fantasy, donc, mais mêlé dans chacune de ses pages à une connaissance parfaite de la mythologie, à des réflexions non innocentes sur notre monde et ses secrets, à une atmosphère intense qui nous imprègne en profondeur, ainsi qu’à une écriture très poétique…un très bon roman de ce fait, et un style qui, je dois bien l’avouer, prend peu à peu le pas sur les romans Jeunesse qui forment habituellement mon quotidien. Ainsi, aucune crainte à avoir, la relève est assurée !Petit plus : la "présentation" de l’œuvre par Nathalie Dau elle-même, ou plutôt son intention spéciale à sa fille, placée avant même la préface mais qui prend tout son sens à la fin du roman, est très marquante, personnellement j’ai adoré ! Mais je ne vais pas vous dévoiler tous les secrets de ce roman… A vous de découvrir maintenant la légende de Kerridwen ! | |
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