Coucou à tous! Je vais vous partager le début d'une histoire que j'ai commencé à écrire à l'âge de 14 ans parce que je m'ennuyais pendant les vacances
, enfin évidemment je n'ai pas réussi à la continuer et je l'ai abandonnée mais vu qu'il y a un espace prévu à cet effet, je me suis dit: pourquoi pas la poster! J'ai été fascinée par les cours d'histoire sur l'esclavage, j'ai donc voulu en reparler ici (j'avais 14 ans oubliez pas XD)
Portugal, le 5 mai 1830. « Allez, du nerf les gars! Chargez les étoffes ici! Non, pas là les armes! Dépêchez-vous, on a pas que ça à faire! »
Le capitaine hurlait à pleins poumons contre son équipage. Le bateau n’était pas encore parti du port de Lisbonne mais déjà la cargaison se faisait plus importante à chaque tonneau placé. Des Portugais sur le quai regardaient ces va-et-vient incessants. Le soleil venait de poindre son nez et l’air se réchauffait de minute en minute.
Puis après d’interminables heures, le navire négrier remonta l’ancre, déploya ses longues voiles et largua les amarres. Puis il s’éloigna de la jetée. Les matelots poussèrent un « hourra! » de contentement; les voilà en route vers l’Afrique, vers le Ghana plus précisément. D’autres bateaux étaient alignés, chargés d’étoffes, d’alcool, d’armes et de pacotille. Ah, quelle fabuleuse idée de vendre des Noirs comme esclaves! Ils n’imaginaient pas ce qu’enduraient ces hommes, ces femmes ou encore ces enfants; ils pensaient tout simplement qu’être noir, cela voulait dire que l’on était inférieur. Mais que l’on soit noir, blanc, jaune ou je ne sais quelle autre couleur, nous sommes tous égaux. Et c’est cela le plus important.
Voilà maintenant un mois que les navires négriers avançaient sur l’océan Atlantique; et chaque jour ils se rapprochaient de leur destination finale: le Ghana, le Sénégal ou la Côte-d’ivoire. Ils fendaient l’eau, essayant de mettre le moins de temps possible. Le temps était doux, la brise légère, et la mer demeurait calme. Les provisions diminuaient au fur et à mesure que le bateau avançait.
Et voilà qu’au bout d’une quinzaine de jours après le mois, un matelot s’exclama:
- « Terre, terre! Voici l’Afrique, où nous pourrons gagner de l’argent en achetant et vendant des esclaves.
- Hourra! Fit l’équipage pour la deuxième fois. »
Ghana, le 24 juillet 1830.
Les bateaux accostèrent enfin dans le port de leur destination; celui que nous allons observer s’est amarré à Accra, le village à l’intérieur du Ghana. Les habitants encore endormis sortirent de leur hutte. Dès qu’ils aperçurent le négrier, leurs visages se raidirent et ils rentrèrent précipitamment chez eux. Le navire libéra l’ancre et la laissa choir au fond de l’eau. Et c’est dans une hutte comme les autres que je vivais, moi Anna, ou dormais plus précisément. Mais quand la pluie se mit à tomber, je fus réveillée par ce bruit doux et mélancolique, comme si les anges pleuraient. Des gouttelettes glissaient avec un son de cristal; dehors les oiseaux chantaient. Je me levai du vieil ouvrage en bois qui me servait de lit, les pieds gelés. Je me dirigeai ensuite vers la fenêtre et aperçus les hommes qui déchargeaient d’innombrables caisses et tonneaux. Mais la particularité de leurs visages me stupéfia: ils étaient blancs! Je me regardai dans le malheureux bout de verre qui nous servait de miroir et m’observa attentivement; le mien demeurait noir! Je savais que le bateau qui venait là prenait des esclaves et les conduisait jusqu’en Amérique; mais je ne comprenais pas pourquoi ils nous faisaient cela; nous les Noirs, n’étions nous pas comme les autres hommes? Moi aussi, j’étais noire, et j’espérais de tout cœur que mes parents ne me vendraient pas, malgré notre pauvreté. Ma chambre se trouvait au même niveau que toutes les pièces, il n’y avait pas d’étage. Ma tapisserie avait l’air sèche, fripée comme une rose ne voulant pas s’ouvrir. Je décidai enfin de sortir de la pièce. Encore toute endormie, je traversai le couloir et me dirigeai vers la chambre de ma sœur. Aujourd’hui il n’y avait pas d’école, et j’en étais contente. J’espérais ainsi pouvoir jouer avec Soya. Elle rayonnait de douceur, et nous ne nous séparons jamais. Mais celle-ci dormait encore. Je passai près de sa porte sur la pointe des pieds et allai vers la cuisine. Elle avait un aspect délabrée, et le crépi des murs semblait se décoller. Plus loin les chaises semblaient tordues; je me demandais comment elles pouvaient encore tenir debout. Dès que ma mère me vit, elle éclata en sanglots. Ses yeux verts étaient cachés sous ses cheveux noirs; les larmes coulaient sur son pull rouge. La journée commençait bien! Je la réconfortai du mieux que je pouvais, mais celle-ci demeurait inconsolable. Elle ne voulut répondre à aucune de mes questions. Que s’est il donc passé? Décidant de l’ignorer, je sortis mon bol fait de terre en argile et mangeai mes céréales. Vers neuf heures et demie, ma sœur se leva. En voyant ma mère pleurer ainsi, elle m’interrogea du regard mais je lui répondis en hochant ma tête négativement. Elle s’installa à côté de moi et se mit à chuchoter:
- « Pourquoi pleure t’elle? Je n’aime pas la voir comme ça, c’est mauvais signe. »
Je l’écoutais, le regard vague. Était il arrivé quelque chose à Père? Il est vrai que je ne l’apprécie pas beaucoup, mais m’imaginer sans lui me donnait la chair de poule. N’ayant plus d’appétit, je passai mon bol à ma sœur qui le finit rapidement. Dire que cet après midi nous irions voir les nègres qui se vendaient sur la place! Rien que d’y penser, une larme glissa sur ma joue. Ce que les humains pouvaient être horribles parfois! En revanche, voir des inconnus au visage blanc me fascinait. Pour nous les Noirs, rencontrer des Blancs était porteur de chance. C’était un événement étrange, on pourrait les prendre pour des dieux. Cette couleur ressemblait à de la craie; elle demeurait irréelle par rapport à notre teint chocolat noir. Mais ce trafic organisé depuis peu nous a fait changer. Il nous a ouvert les yeux, et nous voyons bien que ces hommes nous haïssent et nous traitent comme des animaux; ils nous vendent rien que pour l’argent. Mais le moment du marquage à fer rouge me terrifiait. Chaque fois, je rentrais chez moi avant de les entendre crier et se mordre les lèvres tellement la douleur faisait mal.
Je remontai dans ma chambre, commençant à sortir mes habits mais Mère survint dans l’encadrement de la pièce:
- « Anna, fit elle, mets moi plutôt ta petite jupe jaune et ton haut blanc!
- Ma jupe….jaune!! Mais tu me dis tout le temps de ne pas la mettre parce que tu ne l’aimes pas!
- Oui mais aujourd’hui c’est…… différent. »
Elle m’avait dit cette phrase sur une voix presque inaudible que j’avais du me pencher pour l’entendre. Que se passait il donc? Mettre ma jupe jaune ne me posait aucun problème, mais pourquoi Mère m’avait elle dit de la mettre?
Ne cherchant pas les complications, je l’enfilai rapidement puis me dirigeai dehors. La pluie avait cessée de tomber, le vent était chaud, la terre fine sous mes pieds. Je fis quelques pas à l’extérieur, puis je m’allongeai à l’ombre d’un palmier. Le vent caressait mon visage et me berçait. Le bruit des vagues à proximité réjouissait mes oreilles. Quelle belle journée! Je pensais déjà à tout ce que j’allais faire seule ou avec Soya. Des oiseaux au plumage multicolore se posèrent à mes pieds. Quelques uns montaient sur moi, d’autres restaient à côté. Je fis un somme et m’amusa ensuite à construire des châteaux de sable. Ils s’écroulaient tous! Vraiment je ne semblais pas douée. Mais moi et ma famille n’allons jamais à la plage. Ici il n’y a que du sable fin, alors je ne vous dis pas pour essayer de construire quelque chose avec!Je modelai ensuite des figurines de sable dur et jouai avec. Ici, dans notre pays, les enfants pouvaient jouer avec trois fois rien! Mais moi et Soya jouons tous les jours avec des éléments de la nature. Des fois ce sont des figurines de feuilles, de pierres, enfin tout est permis ici. Puis un bruit se fit entendre. C’était Soya qui se promenait dehors en regardant au lointain. Mère, elle, était en train de faire la vaisselle. Elle nous regardait à travers les fenêtres. Soya m’aperçut allongée et se dirigea vers moi. Son visage resplendissait dans la lumière du matin et son sourire illuminait sa face noire. Le tee-shirt vert qu’elle portait se mariait avec sa couleur de peau. Elle semblait préoccupée et inquiète. Elle me confia:
- « Où est Père?
- Soya, je ne sais pas. Tout ce que j’espère, c’est qu’il ne lui soit rien arrivé.
- Je ne pense pas. Mère nous l’aurait dit.
Sur ce, je touchai rapidement l’épaule de ma sœur et fis je :
« C’est toi le chat!! »
Ma sœur, encore toute étonnée, mit un certain temps avant de se lancer à ma poursuite. Voilà! C’était tous les matins notre passe temps favori. Des fois quelques oiseaux se perchaient en haut des arbres afin de pouvoir nous observer et piaillaient pour nous encourager. Ici la nature était pacifique ainsi que les habitants d’Accra, notre ville.
Nous jouâmes encore à d’autres jeux, courant dans le sable chaud et roulant par terre. Puis, nous vîmes que le temps s’obscurcissait. Entendant l’orage gronder au loin, nous rentrâmes à la maison. Mère s’était enfin calmée. Elle lisait une brochure, installée sur un canapé aux teintes rougeâtres. Il était vraiment bizarre que Père ne soit toujours pas là. Que pouvait il bien faire? Nous n’avions pas de tapis, Mère disait toujours qu’ils coûtaient chers. Dehors, les éclairs étaient présents dans le ciel. La pluie tombait maintenant à flots et venait s’écraser sur nos vitres sales. Je préférai monter dans ma chambre et discuter avec Soya. Nous parlâmes de mille et une choses, puis nous descendirent afin de pouvoir déjeuner. Notre menu était simple; nous mangeâmes presque que des fruits: ananas, bananes, ou encore des noix de coco, enfin, tout ce qui se trouvait dans la nature. Et enfin arriva le dessert: coupe de bananes, citrons, kiwis mélangés avec de la mangue.
Puis, après, nous fîmes une courte sieste . J’aidai Mère pour débarrasser la table qui ne tenait presque pas debout.
* * *
Nous sommes parties très tôt dans l’après-midi pour se rendre sur la place. Il n’y avait plus d’orage, mais l’air était lourd et la chaleur accablante. Mon cœur pleure rien qu’en y pensant; ces marchands venus des quatre coins du monde examinent les nouveaux nègres. De couleur blanche, tous les Noirs les respectent. Plus tard, j’abolirai cette traite abominable et irrespectueuse.
En marchant autour des esclaves, je les regardai d’un air triste. Ce sentiment venait du plus profond de mon cœur, c’était un sentiment de honte, les Blancs nous prenaient pour des êtres inférieurs. Ils me répondaient de la même façon, et parfois quelques uns pleuraient ou hurlaient en priant afin de revoir leurs familles ou leurs enfants. Mais ils savaient bien que cela ne suffirait pas.
Mère nous tenait par la main; ses yeux étaient encore rougis par les pleurs.
Je distinguai au loin une silhouette qui ne m’était pas inconnue. Et si c’était Père?
En s’avançant un peu plus, je détailla le personnage et le fixai discrètement.. Son allure corpulente et ses moustaches noires aperçues, je me rendis compte que c’était lui. Mais que faisait-il avec un marchand? Pourquoi nous montraient-il du doigt? En plus, je ne savais même pas qu’ils se connaissaient; il osait parler à un Blanc?! Ces affreux humains qui se croient tout permis?
Je m’élançai en courant, suivie de Soya. Pleins de personnes étaient sur la place, mais je les évitai facilement. Étant plus âgée qu’elle, j’arrivai sans peine la première. Puis Soya arriva ensuite à ses pieds.
- « Père », m’exclamai-je mais ce dernier m’ordonna de me taire. Son visage demeurait durci, et ses yeux contenaient du mépris, mais je ne savais pas pour qui. Apparemment, il devait être en grande discussion avec l’homme. Le marchand possédait lui aussi une longue moustache et semblait être d’origine arabe. Ce que je ne comprenais pas, c’est qu’il n’arrêtait pas de me regarder fixement et des fois hochait la tête en silence. Quant à Père, il parlait dans une langue que ne connaissait pas. En tout cas, elle avait l’air compliquée à maîtriser. Mais Père devait la parler couramment, car on avait l’impression qu’il était arabe. Mère, elle, ne bougeait pas. Immobile, elle éviter de croiser mon regard ainsi que celui de Père. Soya attendait patiemment auprès d’elle. Puis, tout à coup, Père m’ordonna d’avancer. C’est ce que je fis, naturellement; je n’allais pas lui désobéir tout de même!
Et c’est en me montrant au marchand que mon sang ne fit qu’un tour; une terreur indescriptible s’empara de moi. Je sentais ma tête qui me disait: « mais non, tu rêves, ça ne peut être vrai! »
Mais la vérité était affolante: Père allait me vendre! Voilà pourquoi tous ces événements étaient arrivés; voilà aussi pourquoi Mère avait pleuré, que Père s’était absenté. J’ai compris que lorsque que le marchand m‘observait d‘un air étrange, c’était tout simplement parce qu’il savait que j’allais lui appartenir.
je posterai la suite après vos commentaires parce que j'imagine qu'il y a beaucoup de choses à rectifier XD
je vous remercie d'avance de votre réponses