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 Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture)

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Kaho

Kaho


Masculin Nombre de messages : 87
Age : 31
Passion : Lecture, un poil -mais petit- d'écriture, musique, jeu de rôle
Coup De Coeur Livresques : Tolkien et Robert Holdstock...
Préférences Littéraires : Fantastique et classiques. Très peu de policier et haine envers les romans d'amour...
Date d'inscription : 04/06/2009

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MessageSujet: Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture)   Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture) Icon_minitimeJeu 2 Juil - 17:37

Comme dit dans le titre, c'est juste un extrait d'un court récit fantastique que j'avais entrepris d'écrire y'a 3 ans... Ce n'est pas terrible, je me suis évidemment amélioré depuis, mais je songeais à le reprendre, et si vous pouviez juste le relire et me dire si vous trouvez le contexte, le style intéressant, et si je ferais bien de continuer dans la même lignée...

Dans un cadre temporel plutôt proche du haut Moyen-Âge, aucun élément fantastique ici, juste l'amorce d'une vague intrigue. En fait, la seule chose différent de notre vrai monde, c'est le contexte géographique^^ J'espère que la lecture vous plaira... Et n'hésitez pas à vous montrer mordant sur les critiques, mon but étant de faire une mise au point avant de me lancer dans la réécriture de ceci (fort peu original pour le premier jet, j'ai trouvé). Je rappelle juste que c'est vieux, pardonnez-moi les quelques influences de jeunesse perceptibles... (je parle notamment du fait que je trouve le début nunuche. Mais bon, j'ai essayé de décrire la vie typique du village, montrer la vie normale... Avec ses petits histoires simples. Mais je crois que je me suis un peu loupé.^^)

PS (ou AS xD) : Ca compmence par une prophétie, mazis c'est juste un conte de tablée... il n'a aucune influence, son but est juste de donner quelques informations culturelles... Je précise, parce que je n'aime pas les romans dont la trame tient en une prophétie xD



_______________________________________________________________________________


Laudenin




C’était la nuit, mais pourtant, personne ne dormait : on célébrait la venue du printemps, et tous faisaient la fête. De nombreux navires étaient amarrés au port, toutes voiles rentrées. Des feux étaient faits partout aux alentours du village, les tavernes étaient remplies, on dansait, on chantait. C’était une des rares journées de fête que tolérait le régime des Tureìans, les Envahisseurs, comme on les appelait. C’était à Melonarch, un petit village côtier, qui comptait quelque quatre cent âmes.
C’était sûrement sur la place du village, face au manoir de la famille Ambrosy, que la fête était la plus impressionnante : cette riche famille avait usé de moyens colossaux pour réussir la fête. Des tables étaient dressées sur tout le tour de la place, les meilleurs cuisiniers de la région avaient étés demandés, les nobles des villages voisins avaient étés invité, des bardes étaient venus des quatre coins du pays, et un grand chapiteau avait été dressé au centre de la place, recouvrant la Fontaine du Lion. Là étaient rassemblés les plus importantes personnalités, avec, siégeant au bout de la table, le Duc Faghin et la famille Ambrosy.
Des mets de rare qualité étaient servis à la cinquantaine de convives installés autour de la fontaine ; les cuisiniers s’étaient surpassés ! En entrée furent servis des morceaux de venaison salés, cuits à la perfection avec tout l’art possible, et avec étaient distribués des fruits confits. Terminant son assiette, Lernan, l’aîné des deux fils Ambrosy, s’exclama, parlant à son frère :
- Regarde ! Voici Fania. C’est une barde fort connue ; elle va sûrement faire une représentation !
- Ne fais pas semblant de ne pas la connaître…

Son frère, Galdinor lui avait répondu avec un sourire. Un peu, qu’ils se connaissaient ! L’aîné donna une bourrade à son frère qui ne pouvait s’empêcher de pouffer. Il n’avait que quatorze ans, mais aimait tenir tête à son frère, pourtant plus âgé que lui de six ans.
- Oh ça va, ne te fâche pas. Voici ton amie qui arrive !
En effet, La jeune femme d’une vingtaine d’année s’approcha. Elle avait de longs cheveux blonds qui lui tombaient jusqu'à la taille, et des yeux couleur de saphir, surmontés par de minces sourcils qui remontaient vers ses tempes. Elle était tout à fait charmante, et de nombreux jeunes gens la courtisaient, mais elle n’y prêtait guère attention : elle se vouait tout entière à son art. Après qu’elle se fut avancée dans le chapiteau et entre les tables, le bruit des conversations descendit rapidement. Voyant que tous avaient fini de manger, seuls quelques morceau de pains traînant ici et là, elle prit la parole, posant un genou à terre :
-Seigneurs et gentes dames, vous qui êtes tous ici réunis, je vais vous conter en l’honneur du printemps une légende depuis longtemps oubliée, connue de fort peu, dont la connaissance fut perdue avec la venue des Tureìans. J’ai suivi les enseignements d’un ancien, par-delà les mers. Cela fait peu longtemps que je suis revenue de mes voyages, et vous êtes les premiers à qui je vais conter cette histoire.
Sa voix était douce mais prenante, ses yeux d’un bleu profond balayaient la foule, et un mince sourire se dessinait sur sa bouche, rendant ses fins traits encore plus gracieux. Elle était contente, elle avait réussi à captiver la foule.

-Avant notre venue sur ce continent, avant que les Tureìans ne se soient jamais aventurés sur cette terre, existaient déjà les Enyas, qui furent chassés par nos ancêtres il y a des siècles, peut-être même des millénaires. Alors que nous étions des rustiques peu évolués, ils étaient déjà bien plus avancés que nous maintenant par leurs technologies. Ils ne vivaient pas dans cette région, mais plus à l’est, dans les contrées fertiles qui s’étendent le long du fleuve Nigar. Ils étaient peu nombreux, les écrits n’offrent aucune précisions sur leur nombre, mais ils n’ont jamais étés beaucoup à vouloir rester en cette contrée. Tout ce qu’il nous reste d’eux, ce sont leurs nombreux écrits.
« L’un d’eux raconte l’histoire d’un prophète ayant vu dans leur avenir qu’ils seront chassés à tout jamais de cette terre. Bien peu l’ont cru, et ceux qui ne le prenaient pas pour fou préféraient tout de même rester vivre ici. Ce même prophète a vu aussi que, longtemps après qu’eux aient quitté ce monde, leur race approcherait du déclin, et que seul un descendant des Hommes qui les chasseront de ce continent pourrait sauver leur peuple.
« Aucun n’en crut mot. Mais pourtant, ce livre raconte que plusieurs décennies plus tard, alors que même ceux qui avaient cru le prophète au début le rejetaient, le jour même du printemps, tandis que les Enyas fêtèrent tard la nuit sur les rivages du Sud, apparurent des voiles au loin. A aucun ne vint l’idée de la Prophétie, mais ils restaient pourtant sur leur garde. Certains allaient prendre leurs armes, d’autres allaient chercher les Enyas resté loin de la fête, les autres étant trop hébétés par les réjouissances pour réagir.
« Il est même prétendus que ce peuple à la vie presque éternelle pouvaient faire usage de la magie. Mais ils ne tentèrent rien contre les navires, ne sachant si ceux qui les commandaient leur étaient hostiles ou non. Lorsque les bateaux furent assez près du rivage pour être vus, les Enyas découvrirent qu’ils étaient rudimentaires, tels qu’eux même les faisaient de nombreux siècles auparavant. Il y avait une quarantaine de navires. Ils accostèrent, tandis que les derniers Enyas qui résidaient au loin arrivaient en ce lieu.
« Des passerelles de bois furent jetées, et des hommes en sortirent, courrant, hurlant, massacrant. Ils étaient habillés de simples peaux et armés de bâtons, mais ils étaient fort nombreux. Le livre ne précise pas combien, car la plus grande partie des Enyas furent tués à ce moment, et le livre abandonné, mais ils étaient vraisemblablement plus de quatre mille. Nombre de ces hommes furent tués aussi, mais la surprise de l’attaque leur permit une victoire. Les dernières lignes du livre disent que le prophète, usant de magie pour traverser la foule des assaillants, s’enfui en nageant. On n’en a plus entendu parler depuis.

La jeune barde s’était tue. Au fil de son récit, elle avait parcouru les rangées de bancs et de tables qui s’alignaient sous le chapiteau. Au-dehors s’entendaient encore les bruits de la fête. Elle s’arrêta de marcher derrière Lernan. Elle balaya les convives du regard, légèrement appuyée sur le siège de ce dernier, avant d’annoncer la clôture de son récit :
-Les Hommes s’installèrent sur les terres qui jadis avaient appartenu à un grand peuple, qui maintenant n’existe plus sur ces terres. Non sommes leurs descendants.
Elle quitta le chapiteau, après avoir échangé des saluts avec les plus importantes personnes réunies ici. Elle alla ensuite dans le manoir des Ambrosy, où une chambre lui avait été réservée, pour se changer en vue des prochaines représentations. La soirée était loin d’être finie.
Pendant ce temps, sous le chapiteau, les serveurs apportèrent un sanglier des montagnes, qui devait faire facilement le poids de quatre hommes. Les cuisiniers l’avaient évidé de ses abats et avaient confectionné une farce à base de volaille et de fruits dont ils l’avaient rempli. Chacun eût un morceau de taille, et les plus gourmands furent rassasiés, après quoi les conversations allèrent bon train, notamment entre les deux jeunes Ambrosy qui continuaient à se disputer, sur fond de musique jouée par un troubadour local.
- Tu me fatigues avec tes allusions, disait l’aîné.
- Mais il y a de quoi ! Tu essaies toujours de cacher ce qu’il y a entre vous deux !
- Et qu’est-ce que cela peut faire ?
- Juste qu’il n’y a pas besoin de cacher tes sentiments ! On dirait que tu en as honte !
- N’importe quoi ! Et puis ce que je fais ne te regarde pas !
- Oh, fait ce que tu veux ! Moi de toute façon, je m’en désintéresse ! Juste que cela ne doit pas vraiment faire plaisir à Fania !
Gelsian, le chef de famille des Ambrosy se leva alors. Le silence se fit peu à peu, tous s’attendant à un discours, ce qui fut le cas. Il annonça quelque chose qui en étonna plus d’un :
- Et maintenant que nous sommes bien repus, voici venu le moment de danser ! Et oui, vous avez bien entendu ! Si vous avez l’amabilité de remettre bancs et tables sur le côté, nous pourrons commencer ! Que ceux qui ne dansent pas sortent, pour ne pas gêner les autres !
Après quelques moments, les convives se mirent en mouvements. Près de la moitié quittèrent la salle directement, les autres commencèrent à pousser les tables sur les côtés. Fania refit son apparition, accompagnée de plusieurs autres bardes, cette fois-ci habillés avec des vêtements colorés assez serrés, habits des troubadours. Elle avait les cheveux noués dans sa nuque par un bandeau, rajoutant encore à son élégance. Elle prit la parole, envoûtant la trentaine de personnes présentes.
- Je vais cette fois jouer des airs sur lesquels vous pourrez danser. Je commencerai dans quelques instants, dont vous pourrez profiter pour aller chercher certaines personnes dehors que vous souhaitez inviter à danser.
A cette annonce, quelques personnes quittèrent le chapiteau, dont Galdinor. La plupart des convives paraissaient enchantés, des chandelles furent allumées, Fania prépara sa harpe avec laquelle elle comptait jouer, deux autres bardes sortirent des flûtes, un autre encore un petit tambour. De grands va-et-vient se firent sous le chapiteau. Après quelques minutes, tout le monde avait trouvé un partenaire, et ceux qui étaient sortis revinrent.

Dehors, de nombreux bardes de moindre renommée jouaient pour les habitants. Galdinor courait entre les tables, cherchant une partenaire. « Il faut bien que je danse ! De quoi aurais-je l’air sinon ? Je pourrais demander à Alden, Inea, ou peut-être Lyria… » Après avoir parcouru le lieu de la fête quelques minutes, il trouva enfin la personne qu’il cherchait. Il expliqua de quoi il retournait en quelques mots avant de repartir, accompagné cette fois par une jeune fille. Ils entrèrent dans le chapiteau où les bardes s’apprêtaient à jouer leurs morceaux. La fille regarda Galdinor droit dans les yeux, lorsqu’ils furent prêts à danser.
- C’est vraiment bien de ta part de vouloir danser avec moi !disait-elle à son cavalier. Et c’est un honneur pour moi, qui ne suis pas importante dans ce village !
- Je n’ai que faire de l’importance ici, et nous sommes tous égaux lors de cette fête. Et si je veux être avec toi, j’ai mes raisons.
- Oh, merci !
Elle se mit sur la pointe des pieds et posa un baiser sur la joue de Galdinor. Elle avait le même âge que lui ; quatorze ans. Elle avait de longs cheveux noirs et des yeux verts, légèrement bridés, ainsi que le teint basané : sa famille venait d’Elmera, dans les lointaines contrées de l’est. Elle se nommait Lyria Eldecare, et était d’une taille moyenne. Galdinor, lui, avait des cheveux blonds traversés de noir et des yeux verts sombre. Il avait d’épais sourcils, mais qui pourtant donnaient une impression de légèreté. Il était un peu plus grand que Lyria.
Fania commença alors une douce musique des nombreux répertoires des anciens, accompagné par le doux son des flûtes et le battement régulier du tambour. Elle chanta doucement dans une ancienne langue, que personne ici ne comprenait, mais qui envoûtait tous les convives, qui dansèrent doucement, oubliant la dureté de leur vie sous le règne de fer des Tureìans. Il y avait là de nombreux jeunes couples encore flambants de passion, qui menaient la danse.
Ce jour-là, on dansa, on chanta et on bu tard. Tous étaient heureux de pouvoir vivre, simplement. Ils oublièrent tout et ne pensaient plus qu’a une chose : la vie est parfois encore douce.


Dernière édition par Kaho le Sam 4 Juil - 13:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture)   Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture) Icon_minitimeJeu 2 Juil - 17:41

Chapitre 1 : Les Tureìans


Le lendemain, à l’aube, l’humeur avec grandement changé, du moins pour les rares personnes éveillées. Un navire rapide était arrivé à la fin des festivités, porteur de mauvaises nouvelles : les Tureìans vont bientôt débarquer à Melonarch. Il était rare qu’ils s’intéressent à un village de la taille de Melonarch, car il y avait des villes bien plus importantes, comme Jerno, non loin. La nouvelle fit vite le tour du village, et tout le monde s’affairait à cacher ses valeurs et à trouver quelque chose qui puisse satisfaire les Envahisseurs. Chaque fois qu’ils venaient, ils pillaient le village, et emportaient plusieurs personnes qu’on ne revoyait jamais.
La famille Ambrosy et le Duc Faghin n’y étaient pas indifférents, loin de là : ils aidaient justement les plus pauvres en leur donnant de la nourriture ou de l’argent qui pourraient satisfaire les Tureìans. De nombreuses familles envoyèrent aussi leurs plus jeunes enfants se cacher dans la forêt, de peur qu’ils ne se fassent emmener. Lernan et son frère avait été désignés pour conduire certains d’entre eux à la vieille Grit, qui habite au fin fond de la forêt.
- Dis-moi, petit frère, crois-tu que l’on risque quelque chose ?
- Je ne sais pas… je n’étais pas là la dernière fois. Tu dois mieux le savoir que moi.
- Eh bien, pour être franc, j’ai peur. Père m’a dit un jour qu’il vivait auparavant dans un autre village, que les Tureìans ont brûlé. Il n’y a eu que peu de survivants. Depuis, il craint la venue des Envahisseurs plus que tout au monde.
Galdinor resta silencieux après ces quelques paroles. Il était troublé, et il resta plongé dans ces pensées un moment, jetant de temps en temps un coup d’œil pour vérifier que la dizaine d’enfants qu’ils escortaient étaient toujours là. Ce fut son frère qui le tira de ses rêveries.
- Voilà la cabane de Grit… Depuis le temps que je ne l’ai vue ! Elle vient rarement au village, mis à part pour le marché, elle trouve tout ce dont elle a besoin ici. Espérons qu’elle sera là…
Lernan frappa à la porte et, après quelques instants, une voix revêche et aigrelette lui répondit. Pendant ce temps, Galdinor essayait de calmer un petit qui pleurait après sa mère.
- Que voulez-vous ? » Une femme, assez âgée, ouvrit la porte d’un long et lent mouvement. Des cheveux couleur de fer encadraient son large front et ses hautes pommettes. Malgré son âge, elle paraissait pleine de vigueur, ses joues étaient rosies par la vie en plein air, et la santé émanait d’elle et de son visage souriant –non en ce moment précis, elle était plutôt acide envers ses visiteurs. « Je ne tiens pas à être dérangée ! », ajouta-t-elle après un moment.
Mais pourtant, malgré ses dires, elle s’écarta en tenant la porte bien ouverte pour laisser passer les deux frères, ainsi que tous les jeunes enfants, dont la plupart n’étaient pas plus âgés que de six ans. Une fois que tous furent entrés, Grit ferma la porte d’un air agacé et à la fois étonné. Ce fut Lernan qui lui expliqua les raisons de leur visite.

- Nous sommes venus te prévenir d’un grand danger » Il se tut un moment. « Les Tureìans. Ils sont de retour. » Devant le regard effaré de Grit, il continua : « Et nous sommes venus aussi pour te demander de protéger les enfants du village, là où ils ne pourront pas être découverts. »
La vieille Grit resta interdite un moment, légèrement tremblante. Elle se dirigea vers une casserole qui pendait au-dessus de l’âtre « Vous voulez une tisane ? » elle parlait d’une voix chevrotante, attirant le regard de tous les enfants présents, les plus âgés comprenant vaguement l’importance de ce qu’il se passait, et les plus jeunes ressentant l’émotion de Grit. Elle sortit une boîte, dans laquelle se trouvaient quelques biscuits d’orge, et les distribua aux enfants « Alors ? En voulez-vous, oui ou non ? » Les deux frères se regardèrent, attristés par l’émoi de la pauvre Grit. Galdinor acceptait d’un hochement de tête, et son frère prit à nouveau la parole :
- Ce serait avec joie. Mais, dites-moi, que savez-vous sur eux ? Tous ce dont je me souviens, lors de leur dernier passage, c’est qu’ils ont pris tout ce que nous avions et brûlé des maisons, en vengeance, car ce que nous possédions n’était pas assez bien pour eux.
Grit versa trois tasses d’une tisane à base d’écorces de certains arbres, censées apaiser les troubles de ceux qui en boivent. Elle tremblait un peu et renversa de l’eau chaude à côté, et un des enfants les plus âgés se précipita pour l’aider à essuyer, et Grit le remercia chaudement : son dos la faisait souffrir. Elle tendit une tasse à Lernan et Galdinor, après quoi elle prit la parole, d’une façon hésitante.
- Eh bien… Les Tureìans. Dans mes souvenirs, ils sont assez semblables à nous, humains, mais ils sont plus grands et plus forts, ils vivent bien plus longtemps et ils sont aussi beaucoup plus… brutaux. Ils prennent plaisir à faire souffrir les autres et n’hésitent pas à tuer si cela sert leurs ambitions. Ils sont vils et cruels. Ce sont eux qui ont tué ma famille, mes parents, mes deux frères, ma fille…
Sa voix se cassa au souvenir de ces jours heureux, maintenant finis à cause des Tureìans. Mais elle reprit après un petit instant de silence « Ils viennent d’un archipel d’îles, loin au sud, nommé les Tureì, d’où leur nom. On raconte aussi que, parmi les plus puissants Tureìans, certains auraient des ailes…. Je n’y crois mot. »

Galdinor sirotait pensivement sa tisane, tandis que la vieille Grit expliquait ce qu’elle savait, et que Lernan s’occupait des enfants, que les biscuits n’avaient pas calmé fort longtemps. Grit était assise sur une vieille chaise branlante, alors que le cadet était accoudé devant la porte, et regardait la fenêtre, le regard dans le vide. A nouveau, ce fut son frère qui le tira de ses pensées.
-Aide-moi un peu à trouver quelque chose qui pourra les occuper pendant tout le temps qu’ils devront rester ici !
-Oui je crois que ce serait mieux d’éviter trop de peine à leur hôtesse…
Il posait sa tasse et se précipitait au secours de son frère, car la plus grande part des enfants ne savaient marcher que depuis deux ou trois ans et étaient fort turbulents. Il proposa à son frère de leur fournir des jouets qui pourraient les occuper, mais tous deux n’avaient aucune expérience en la matière. Ce fut alors que quelques coups retentirent à la porte.
- Décidément, ce n’est pas la journée que j’escomptais… » Grit se dirigeât vers la porte en maugréant, et l’ouvrit sur une jeune fille qui sauta à l’intérieur à une vitesse surprenante, car la pluie commençait à tomber. « Eh bien, jeune dame, on ne se présente pas avant d’entrer ? »
- Excusez-moi, mais je ne tiens pas à me faire tremper. Je suis Inea Omdri, et l’on m’a envoyé chercher les deux frères Ambrosy, ils sont appelés au village. On m’a aussi demandé de les remplacer à la garde des enfants.
Celle qui s’exprimait ainsi devait avoir dans les seize années, et avait de longs cheveux nattés qui lui descendaient dans le dos, d’un noir de jais, et dans lesquels le moindre rayon de lumière se reflétait dans des tons roux. Ses yeux, tout aussi sombres, étaient assez inquisiteurs, car elle aimait à se trouver des hommes avec qui passer du temps…
Les deux frères, ainsi concernés, poussèrent ensemble un soupir de soulagement, et prirent congé en vitesse, l’air préoccupés. Ils ne traînèrent pas pour retourner à Melonarch, car ils se disaient que s’ils s’étaient fait appelés, c’était pour une bonne raison. Le village était en émoi : les voiles des navires Tureìans avaient été repérées au loin. Ils se dirigèrent vers le manoir Ambrosy en premier lieu, où on leur apprit que leurs parents étaient absents, sûrement à la demeure du duc Faghin.
Alors qu’ils se dirigeaient vers l’imposante bâtisse, qui formait le centre du village, ils virent des hommes poussant des brouettes, des mules tirant des charrettes, toutes pleines de richesse, que tous rassemblaient, pour les offrir aux Tureìans, espérant ainsi sauver leurs familles. Lernan et son frère se séparèrent, l’aîné cherchant son père auprès du Duc, l’autre parcourant les rues à la recherche de leurs parents. Galdinor trouva leur mère, aidant les anciens du village à s’éloigner des quais, où les Tureìans allaient débarquer. Il fut stupéfait par la quantité de biens amassés en cet endroit : il y en avait pour une fortune, rien qu’en blé et en avoine. Ce fut seulement qu’il comprit toute l’ampleur de ce qui allait se passer : la famine et la mort planaient maintenant au-dessus d’eux.
Lernan trouva son père, effectivement chez le duc, extrêmement agité, car cela faisait presque vingt ans que les Tureìans n’étaient plus venus dans la région, et il avait peur pour ce petit village reculé, et il aidait du mieux qu’il le pouvait les personnes qu’il rencontrait, ainsi que le duc Faghin.
- Dis-moi, mon père, que comptes-tu faire ? Et puis de toute façon, ce n’est pas à nous de tenter de sauver des gens, mais au duc. Nous ne sommes qu’une famille plus importante que les autres !
Gelsian regarda son fils d’un air calculateur, et posa sa main gauche sur son épaule, plongeant son regard dans le sien, et lui dit quelques mots avant de retourner à ses occupations.
-Tu as encore beaucoup à apprendre. Sache que, si nous ne faisons rien pour les autres, nous en pâtirons de toute façon. L’homme n’arrive à rien seul, il faut s’entre-aider, les plus forts soutenant les plus faibles, pour assurer notre survie. C’est ca l’esprit de communauté.

Il s’en alla, laissant Lernan réfléchir à ces quelques simples mots. Le reste de la journée se passa ainsi, avec une activité fébrile. Quelques heures avant le crépuscule, trois navires accostèrent aux quais de Melonarch. Ce n’étaient pas de simples navires comme ceux que fabriquaient les gens du village, mais de grands vaisseaux de guerres, éperonnés à l’avant et avec deux rangées de rames, comme on n’en voyait pour ainsi dire jamais en ces lieux.
La ville était silencieuse, tous les habitants étaient barricadés chez eux. Seuls le duc Faghin, Gelsian et une dizaine d’hommes étaient restés pour garder les biens amassés là. Une passerelle fut jetée du navire de tête, et cinq Tureìans en armes débarquèrent, suivis par un autre, habillé avec richesse, puis par de nouveaux cinq soldats. Les dix gardes, car c’était bien ce qu’ils étaient, avancèrent pour empêcher les hommes présents là de s’approcher du Tureìan, vêtu d’une longue cape bleue foncé, ne laissant voir que ses mains en dépassent, qui s’approchait.
- Je vois que vous vous êtes préparés à nous recevoir…. Eh bien vous ne le regretterez pas. » Il eût un sourire mauvais, puis se tourna vers le navire, d’où une trentaine de Tureìans étaient en train de sortir. « Embarquez-moi ca ! »
Il désigna le tas de nourriture, d’or ou de toutes sortes d’objets de valeur d’un mouvement de tête, puis jaugea les hommes qui étaient devant lui, qui n’avaient encore pas dit un mot. Il eut une exclamation dédaigneuse :
- Et ce sont ces êtres primitifs qui nous servent ? Ils ne méritent même pas cet honneur ! » Il regarda ses hommes embarquer les biens des villageois, avant de continuer, comme si les autres n’étaient pas là « Ce n’est pas assez, il nous faut plus ! »
- Mais que voulez-vous donc pour assouvir votre soif de destruction ? » C’était le duc, qui, excédé par les propos de cet homme, avait pris la parole d’un ton menaçant. « C’est mon devoir de protéger ce peuple. »
Le Tureìan se retourna doucement vers lui, et s’en approcha lentement, l’air paisible. Le duc ne bougea pas, trop touché dans son honneur pour en plus reculer devant ces menaces. Le Tureìan, arrivé devant lui, s’arrêta, et dit d’une voix doucereuse « Je ne pardonnerai pas un tel affront. » Il planta une dague, cachée sous sa cape, dans la poitrine du duc, qui s’effondra raide mort. Les autres hommes présents là se jetèrent sur lui, mais il se retira et ses gardes s’interposèrent, usant de la lance pour abattre leurs ennemis.
Il ne fallut pas plus de quelques instants aux gardes pour s’imposer. Ils tournaient, tels des rapaces, autour de trois survivants. Gelsian, ainsi que deux hommes, anciens soldats, surveillaient les huit assaillants restant, les deux autres ayant été tués grâce au courage des hommes, pourtant incapables de manier une arme, qui gisaient maintenant au sol. Un garde, plus téméraire que les autres, s’élança sur un des hommes, qui l’embrocha grâce à une lance qu’il avait récupéré sur le corps d’un Tureìan, avant même que son ennemi n’aie été à portée d’arme.

Des hommes, ayant vu l’affrontement de leur maison, vinrent rejoindre le petit groupe qui résistait. Ils étaient au total une vingtaine, et, parmi eux, se trouvaient Lernan, ainsi que son frère. Les arrivants formèrent un cercle autour du corps de leur duc, mais, à ce moment, un cri retentit. Tous regardaient autour d’eux, étonnés, se demandant d’où provenait ce hurlement. Le Tureìan qui avait tué le duc s’avança, toujours un sourire aux lèvres.
- Je vous conseillerai plutôt de regarder derrière vous. Ah, mais j’allais oublier ! » Il claqua des doigts, et une série d’autres soldats sortirent du navire. « Au fait, je suis Gerdis, seigneur de l’île du Tolas’Emnir. »
Les hommes, maintenant une vingtaine, se retournèrent, et cette vue les choqua : des Tureìans, ayant sans doute débarqué plus loin sur la côte, se déversaient par le nord dans le village ; pillant, détruisant tout sur leur passage, enlevant les femmes et tuant les hommes. Ils ne savaient que faire : s’ils partaient pour sauver les habitants, cela revenait à laisser ces Tureìans-ci pénétrer dans le village et piller à leur tour. Mais s’ils restaient, les autres pourraient continuer leur œuvre de destruction. Ils se décidèrent lorsqu’ils virent des hommes sortir de leur maison, toute arme à la main pour défendre leur village : fourche, bâton, couteau, pour certains des arcs ou de vieilles lames. Gelsian et ses hommes resteront donc ici.
Ils se jetèrent donc tous ensemble sur les gardes Tureìans, tandis que le dénommé Gerdis rembarquait sur son navire, apparemment désireux de s’éloigner au plus vite des affrontements. De cette échauffourée, il n’y a rien à dire, sinon que les hommes, armés de leurs seuls poings, ou d’outils rudimentaires, se jetèrent avec des cris sauvages sur une vingtaine de gardes en armes. Mais ceux-ci ayant étés pris par surprise, les villageois étaient tout de même avantagés.
Gelsian menait ses hommes, balançant sa longue épée de-ci delà, fauchant bras et corps. A ses côtés venait son fils, Lernan, qui combattait non moins bien, armé d’une épée courte assez simple, qu’il a pour ainsi dire toujours possédée. Autour d’eux, les hommes se lançaient d’une façon fort désordonnée sur leurs ennemis, donnant un coup de fourche ici ou là, plantant un couteau dans un bras dénudé… Le chef Tureìan surveillait le combat du pont de son navire.
-Bande d’incapables ! Vous ne savez même pas réduire ces paysans au silence ! Vous allez les éliminer !
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MessageSujet: Re: Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture)   Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture) Icon_minitimeJeu 2 Juil - 17:43

Sans qu’il n’ait donné d’ordre apparent, des soldats Tureìans débarquèrent des trois navires, ils devaient au total être une centaine. Ils s’avancèrent en un mur impassible de boucliers, encerclant les hommes.
- Partons, nous n’aurons aucune chance contre eux… Nous ne sommes pas assez nombreux, il faut courir !
Gelsian, voyant qu’il était impossible de battre un si grand nombre d’assaillant, décida de battre en retraite. Les villageois étaient plus rapides que les soldats, car ils ne portaient pas d’armure, contrairement à leurs assaillants. Les survivants n’eurent donc aucun mal à fuir, pendant que les soldats s’éparpillaient dans Melonarch. Le duc étant mort, Gelsian décida de prendre les rênes du village, et il recueillait chaque villageois qu’il croisait. Ce fut donc accompagné d’une centaine d’hommes et de femmes qu’il arriva à la sortie du village, à la lisière de la forêt.
- Nous n’avons plus aucunes chances ici. Nous allons devoir fuir, je demanderais s’il n’y a des volontaires pour partir avec moi, chercher les survivants dans le village. Mais c’est une mission dangereuse.
Douze hommes s’avancèrent, ainsi qu’une femme, d’accord pour aller chercher les survivants. Gelsian s’adressa alors aux autres :
-N’oubliez pas de passer chez la vieille Grit, qui garde les enfants. Bonne chance.
Les hommes et femmes restants partirent rapidement dans la forêt, tandis que Gelsian le jaugeais du regard, quand il commença à pâlir, comme sous un grand choc.
- Mes fils… » Il commença à trembler, et s’en retourna en vitesse, sans attendre les autres.
Il dévala la pente les séparant du village, suivit par onze des hommes et la femme, le dernier ayant renoncé au dernier moment. Gelsian traversa le village au pas de course, ne prêtant nulle attention aux maisons enflammées qu’il vit, ni aux habitants fuyant qu’il croisa. Il arriva rapidement sur le lieu de l’affrontement, et était déjà occupé à retourner les corps à la recherche d’un de ses fils quand arrivèrent les membres du village le suivant. Ils passèrent un long moment à la recherche des disparus, et trouvant au passage deux hommes, qui n’étaient pas encore morts. Des hommes les prirent en bagage sur leurs dos, et s’en allèrent en vitesse.
Tandis que les hommes continuaient leurs recherches, Gelsian s’agenouilla, perdu entre les corps, pour la plupart d’hommes qui auraient encore pu vivre de nombreuses années, sans inquiétude autres que le manque de pluies lors d’un été ou d’un hiver trop rude. Tous étaient morts pour rien, car, maintenant, il avait compris : ils s’étaient battus pour rien, le village tombait. Il entendait un homme s’approcher, mais ne faisait rien. Il voyait des jambes devant lui, mais pas le reste de cette personne, laquelle se penchait légèrement. Il sentait sur sa nuque le contact froid du fer, mais pourtant pas si froid que ca. Une chaleur s’en dégageait, chaleur volée à ses victimes.

Il était prêt à mourir, lorsqu’il entendit un claquement sec, et vit l’homme tomber lentement dans une mare de sang, une pointe de flèche dépassant de sa poitrine. Le Tureìan s’effondra, et l’empêne de la flèche se cassa sous son poids. Gelsian leva lentement la tête, et vit ses sauveurs : une vingtaine d’hommes et de femmes ayant échappé aux massacre et s’enfuyant, menés par Kalin Eldecare, un solide marin qui avait déjà prouvé de nombreuses fois dans le passé sa valeur.
Il tenait une hachette à la main, décidé à s’en servir contre quiconque le menacerait. Assez râblé, il avait des cheveux noirs attachés en queue de cheval, qui lui tombaient bas dans le dos et lui donnaient un air menaçant. Il était fort bien constitué, et toute personne sensée se serait abstenu de le provoquer, car tout dans son maintient démontraient d’une force écrasante, mais cependant il n’était pas du tout violent ; même des plus agréables à vivre, et dans ses yeux sombres se lisaient une profonde affection pour tout ceux qui lui sont proche, principalement sa fille, Lyria, qui se tenait à sa droite, un arc à la main, quelques flèches à la ceinture. Ce fut elle qui prit la parole :
- Que faites-vous ainsi à terre, monseigneur ? Il faut se dépêcher, la ville est tombée. Partons tant qu’il est temps.
Elle offrit sa main à Gelsian, qui l’accepta, et se releva avec peine de la boue, le visage morne. Il jeta un regard désespéré sur les corps entourant le petit groupe, et ne fit pas attention aux regards étonnés que tous lui lançaient. Il suivit Kalin, qui déjà s’éloignait d’un pas pressé, et s’adressa à Lyria, qui marchait à ses côtés.
- Dites-moi n’avez-vous point aperçu mes fils ? Je… Ils ont disparu. Je les ai cherchés partout, là où je pensais les trouver, mais je n’ai vu nulle trace d’eux. » Voyant l’air peiné de Kalin et sa fille, ne sachant que dire, Gelsian promena son regard parmi l’attroupement formé derrière lui. Il reconnût là la femme ainsi que six des hommes volontaires, et évita de songer à ce qui était arrivé aux autres. « Je pense cependant qu’ils sont toujours en vie. Je n’ai vu leur corps, ni au lieu du combat, ni nulle part ailleurs. Je pense qu’ils ont pu se sauver, et sont cachés quelque part. »
- Cela m’étonnerait que vos fils se cachent. Tels que je les connais, ils ne feraient jamais pareille chose. » Cette fois, c’était Kalin qui s’exprimait, d’une voix houleuse et grave, marquant bien sa vie de marin. « Je ne sais pas ce qu’il a pu advenir d’eux, mais je ne pense pas qu’ils se seraient terrés tels des lapins, ce serait indigne d’eux et de leur sang. Mais ne traînons pas, trop de vies se sont déjà terminées !»

Tout en continuant à parler, le petit groupe avançait toujours vers le nord-est, suivant la côte, presqu’au pas de course. Les premières étoiles s’illuminaient dans le ciel lorsqu’ils quittèrent le village. Une fine pluie commençait à tomber, renforçant le sinistre du moment, et faisant s’élever de sombres volutes de fumées du port, dont les dernières flammes s’éteignaient avec le crachin. Le vent soufflait fort, et les puissantes vagues s’écrasaient avec bruit sur la falaise, tant d’éléments présageant d’une tempête prochaine.
Loin au nord, les pics rocheux du haut-pays se découpaient dans la brume qui envahissait le pays. Ce n’étaient pas de hautes montagnes enneigées, comme ils s’en rencontraient un nord du continent, mais plutôt de sommets de verdure, recouverts de forêts de pins, verts toute l’année. Mais de la distance où se trouvait la petite troupe, ils ne paraissaient que comme de grises élévations, dans le lointain. Comme un éclair déchirait le ciel, accompagné quelques instants plus tard d’un sourd grondement et d’un redoublement de la pluie, Kalin décidait de prendre les choses en main.
- Nous allons chercher refuge dans la forêt, où nous serons à l’abri à la fois de la tempête et des Tureìans. Du moins je l’espère... J’ai peur que les Envahisseurs ne restent à terre jusqu’à ce qu’à ce que la tempête se soit apaisée. Quel malheur pour nous !
Comme personne n’avait mieux à proposer, et même peut-être pas le courage de protester, ils acquiesçaient silencieusement et suivaient Kalin, qui n’était plus guère qu’une ombre pour eux, tant le brouillard était épais et la pluie tombait dru. Rapidement, ils ne voyaient plus qu’a quelques pas d’eux, et ne distinguaient plus ni forêt, ni falaise. Ils surent se diriger grâce à la forme floue des montagnes, vers laquelle ils marchaient, dans l’espoir de trouver refuge en la forêt. Kalin marchait en tête, suivit de près par sa fille, qui soutenait le vieux père de la famille Ambrosy. Il avait le front ridé et les yeux mornes, ce qui le vieillissait d’autant plus. Suivaient ensuite une file désordonnée d’hommes et de femmes, jeunes ou vieux. Il y avait aussi de nombreux blessés, et tous se soutenait l’un l’autre tant bien que mal.

Le groupe avançait lentement, mais bientôt ils atteignirent l’abri de la forêt. Ils pensèrent être tirés d’affaire quand surgirent soudainement deux silhouettes hors de la brume. Enfin, elles ne surgirent pas, elles avancèrent justement lentement, mais elles furent jusque là cachées par le brouillard. Kalin, qui se trouvait à quelques mètres d’elles, dégaina promptement, prêt à être agressé. Mais il fut rapidement clair que les deux individus n’étaient pas capables de se battre, car un soutenait l’autre, apparemment immobile. Il s’agissait d’un homme et d’une femme, et le visage de Gelsian s’éclaira lorsqu’il reconnût en la femme, qui soutenait l’homme dont il ne pouvait voir le visage, Fania.
-Fania ! » Il s’élança, se défaisant de Lyria, courant vers elle, mais s’arrêta brusquement lorsqu’il vit le visage maculé de sang de l’homme. Il s’agissait de Lernan, et il oublia derechef la barde pour se précipiter vers le jeune homme « Mon fils ! Qu’est-il arrivé ? Réponds ! » Il arracha le corps tiède des bras de Fania, et pris peur en ne sentant qu’une faible chaleur en émanant. À ce moment, sa femme, qui soutenait des blessés dans le groupe qui suivait, se précipita elle aussi. Il tâta sa gorge, sentit légèrement son pouls, et poussa un soupir de soulagement. Le père contrit leva les yeux vers la ménestrelle « Et… qu’est-il advenu de Galdinor ? Vous ne l’avez point revu ? »
Lyria suivit Gelsian dans son mouvement, et se pencha sur le corps meurtri de Lernan. Elle était assez bonne guérisseuse –son père la destinait à tenir un dispensaire au port- et observa ses blessures, certes impressionnantes mais peu profonde. Il avait quelques égratignures, mais peu importante. Le seul point grave était une longue estafilade, coulant le long de sa tempe, et d’où le sang avait coulé sur son visage. Gelsian la regarda faire, trop attristé pour réagir pendant qu’elle lavait les blessures du jeune homme, et s’intéressa plutôt à Fania.

- Je ne sais pas grand-chose, dit-elle. Je fuyais le carnage de la ville, lorsque, devant la porte, je trouvai Lernan allongé dans la poussière et maculé de sang. Le reste de la rue était déserte, si l’on fait abstraction des cadavres. J’eus peur un moment qu’il n’en soit un lui aussi, mais il me suffit de le regarder de près pour voir que je me trompais : il avait une faible respiration, et il tressaillait légèrement dans son sommeil. Songeant trouver son frère non loin, j’ai cherché, mais, n’ayant point découvert sa trace, je m’enquis donc d’emmener Lernan. Je fuyais vers la forêt, voulant m’y réfugier, et je viens à l’instant de vous y rejoindre.
Gelsian, ne comprit pas le sens de ces derniers mots, et leva la tête, et vit en effet au-dessus de lui une épaisse couche de feuille. Il avait, sans s’en rendre compte, pénétré sous les avancées de la forêt, lorsqu’il s’était précipité vers son fils. Il rabaissa son regard vers lui, soulagé de le savoir vivant. Le blessé avait maintenant ses plaies lavées et pensées tant bien que mal, et, Lyria, ayant terminé sa tâche, se redressa, presque aussi pâle que Gelsian. Elle regarda Fania droit dans les yeux, et s’adressa à elle, ainsi qu’à tous ceux présents près d’elle, d’une voix hésitante.
-Et Galdinor ? Il faut le retrouver, lui aussi… Nous ne pouvons ainsi se désintéresser de son sort, ainsi que de celui de ceux qui sont encore vivants, agonisant sous des décombres ou prisonniers des Tureìans ! Nous devons les sauver !
Son père la saisit par les épaules, et la retourna pour plonger ses yeux dans le vert de ceux de sa fille. Il eût un pâle sourire, et fit un signe de la main en direction de tous ceux qui les entouraient.
- Nous ne pouvons non plus partir maintenant, sous la pluie et sans vivres. Nous allons devoir nous installer ici, où au moins nous serons à l’abri, et attendrons la fin de la tempête pour partir. Et, rassure-toi, les Tureìans ne pourront quitter la côte tant qu’elle durera. Je sais de quoi je parle. Enfin… Dans la mesure où cela rassure de les savoir si proches/ » Il se tut et posa son regard quelques instants sur Gelsian, puis sur Lernan, et enfin le ramena sur sa fille « Je ne sais pas ce que nous pourrons faire, mais, je te le promets, je le ferai. Nous le ferons.

Fania prit la main gauche de Lyria « Je suis d’accord avec toi, j’irais les sauver. » Elle lui parla d’un ton apaisant, pendant que Daria, mère des jeunes Ambrosy, se redressa et prit elle aussi la parole : « Je sauverai mon fils, ainsi que tous ceux que je le pourrai. » Tous les regardaient échanger ces paroles, tandis qu’un silence mordant s’installa, laissant à chacun l’impression d’avoir fait un pacte. Il y avait tant de personnes à sauver, tant de familles amputées, comme celle-ci.

**
*\*/*
**


Il faisait sombre, dans cette petite cale de navire suintante d’humidité, où se trouvait à présent Tryon. La tempête faisait rage au-dehors, et il aurait certainement remis tripes et boyaux s’il avait quelque chose dans le ventre, mais ce n’était point le cas : il avait commis la regrettable erreur de laisser échapper ses prisonniers, et Gerdis, qui dirigeait les cinq navires des Tureìans, avait décidé de le punir comme il se doit. Tryon regrettait amèrement cette erreur, et songeait aux deux jeunes hommes qu’on lui avait ordonné de capturer. C’est qu’ils lui avaient donné du fil à retordre, ces gaillards ! Il éclata d’un petit rire sans joie en songeant au massacre que les Tureìans avaient fait dans ce village. Ca leur servira de leçon, à ces humains présomptueux et incapables. Des heures passèrent comme cela dans cette étroite cellule. Seul point positif : la tempête était de moins en moins forte. Il semblait à Tryon que la pluie avait cessé.
Il se leva et marcha d’un pas titubant vers le bout de sa prison, ce qui lui prit un temps relativement long compte tenu de la taille réduite de la pièce. Il se pencha et ramassa son écuelle au fond de laquelle restait un peu d’eau croupie, et bu avec une grimace de dégoût, mais un brusque roulis lui fit lâcher le bol, dont le contenu se renversa au sol. Il poussa un juron, et envoya un coup de pied dans le récipient, qui alla se fracasser contre la porte. Enfin… aurait dû se fracasser contre la porte, car, à ce moment elle s’ouvrit, laissant place à un Tureìan à l’imposante stature, qui paraissait d’humeur exécrable, humeur qui d’ailleurs n’était pas arrangée par le coup qu’il reçut sur le genou. Il s’avança vers Tryon et lui envoya une taloche sur le crâne
- Debout, fainéant ! Je vais t’apprendre à accueillir ainsi ton supérieur !
Le Tureìan empoigna Tryon par le col, et se dirigea vers la sortie, tenant toujours son compatriote au-dessus du sol, avec une force impressionnante. La porte de la cellule ouvrait sur un étroit passage, sur lequel donnaient d’autres pièces similaires. Le colosse suivit son chemin vers le bout du couloir, et gravit quelques marches menant sur le pont, traînant Tryon derrière lui sans douceur. Il le jeta violement au sol, tandis que trois autres Tureìans s’avancèrent, intrigués. L’un d’eux fut étonné, et parla d’une voix étonnement aigüe :
- Que fais-tu, Garro ? Ce n’est pas ton rôle de punir ceux qui le méritent. Et puis, tu peux quand même bien tolérer un écart de sa part, tu sais aussi bien que nous qu’il est l’un de nos meilleurs éléments.
Tryon ne dit pas un mot, car il ne trouva rien à dire, et, même s’il l’eût voulu, sa gorge était bien trop sèche pour lui permettre quelque parole. Il resta, étalé au sol près des bottes du dénommé Garro, lorsque celui-ci reprit la parole, après un moment de silence.
- Je le sais fort bien, mais je veux éviter que pareille erreur ne se reproduise, car il serait regrettable qu’il lui arrive un… accident. Mais il gardera, j’en suis persuadé, toute confiance de nos maîtres. Mais, maintenant, laisse-moi accomplir ma tâche.


Dernière édition par Kaho le Ven 3 Juil - 12:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture)   Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture) Icon_minitimeJeu 2 Juil - 17:44

Il écarta celui qui avait osé l’interrompre dans sa tâche d’un large mouvement du bras, et allongea son pied dans la face de Tryon, qui ne réagit pas, mais poussa un court gémissement en se recroquevillant un peu plus. Garro le saisit par les épaules et le redressa un peu, puis lui arracha sa chemise d’un geste violent, avant de le rejeter au sol d’un coup de pied. Il marcha d’un pas un peu boitant jusqu’à un tas de cordage, accroché au bastingage du navire, et le remua un peu. Après un instant à chercher ce qu’il voulait, sans daigner s’occuper de Tryon, il poussa un petit soupir de soulagement avant de se retourner, et d’avancer vers le punis, l’air content de lui-même, un fouet à la main.
Tryon ne pouvait réagir, non par manque de volonté, mais bien de force. Ah, qu’il détestait cet homme ! Il poussa un cri, court et aigu, lorsque la lanière du fouet s’enroula une première fois autour de sa nuque, et s’effondra encore un peu plus, si la chose fut possible. Il vit Garro brandir à nouveau son arme, et roula pour éviter le coup, obtenant pour tout résultat un coup supplémentaire dans les côtes, suivit de peu par le claquement du fouet sur son épaule. Il sentit son sang coulant sur son torse, et il trembla de tous ses membres. Garro afficha un sourire carnassier, puis abattit une nouvelle fois son arme, touchant cette fois sa cible au visage. Tryon poussa un long et déchirant hurlement de douleur lorsque la lanière du fouet, finit par une pointe métallique, lui coupa le visage, arrachant de la peau sur toute la longueur du trait, et, comble du supplice, atteignit son œil avec violence.

Ce fut comme si un éclair avait éclaté en lui, il ressentit comme un flash de douleur, lui empêchant de voir quoi que ce soit. Il se tordait sur le sol, martyrisé par la douleur battant ses tempes, et d’ailleurs tout le reste de son corps. Qu’il eût encore cent fois préféré mourir que de subir le coup suivant ! Le cuir du fouet s’abattit sur sa gorge, lui ouvrant une mince entaille de laquelle le sang suintait. Tryon n’avait encore jamais subi pareille douleur, or les dieux savent lesquelles il avait dû endurer. C’était comme si son corps entier était enflammé, la douleur était telle qu’il ne pouvait pas la comprendre, il sentait chaque partie de son corps comme si la chair en avait été à vif. La chaleur qu’il ressentait n’avait rien de réconfortante, elle lui faisait plutôt l’effet d’une bouilloire trop pleine qui déborde. Mais, que voilà l’image parfaite : cette bouilloire était son corps, l’eau sa souffrance. Comme la bouilloire se vide de son eau, son corps ne pouvait encaisser pareil choc, et il sombra dans un profond coma.
Que sa tête le faisait souffrir ! Tryon ne voyait rien, entièrement aveuglé par cette lumière. Non pas une lumière qui éclairait et réchauffait, mais une lumière qui aveugle et blesse. Il ne savait dire combien de temps il demeura ainsi. A un moment, sans comprendre pourquoi, il savait qu’il pouvait se réveiller. Il faisait quelques mouvements, et sentait sous lui le moelleux d’un matelas de plume, ainsi que la douce chaleur d’une couverture tirée sur lui. Il ne se risquait pas trop à bouger, car chaque mouvement qu’il faisait l’élançait, mais sa douleur était à présent minime comparativement à ce qu’il avait ressentit plus tôt. Combien de temps en fait ? Il ne le savait pas.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, il ne vit toujours rien d’autre que cette lumière aveuglante. Il resta allongé, troublé par son absence de vue. Mais peu à peu, après un long moment d’attente, cette blancheur devint moins éclatante, se teintant de sombre. Il dû encore attendre bien longtemps, du moins, ce temps lui parût long, sans aucun point de repère où se raccrocher quant aux heures et lieux où il se trouvait, mais, si sa vue ne lui servit de rien, au moins son ouïe lui permit de comprendre qu’il ne faisait plus nuit : il entendit des hommes s’affairer au-dessus de lui, réparant à ce qu’il lui semblait les dommages de la tempête. Mais aussi, il sentit un faible tangage, ce qui le rassura quant au fait qu’il fut toujours sur un navire. Un certain temps avait dû s’écouler depuis qu’il avait perdu connaissance, car la mer, forte à se moment, était plus calme à son réveil.
Mais enfin, sa vue lui revint à peu près. Tryon tâta sa nuque avec ses doigts et sentit un bandage, il regarda autour de lui et vit une chambre assez luxueuse, avec un baquet d’eau posé au pied d’un grand lit de plume, une commode posé non loin, à ses pieds un plateau sur lequel était posé un morceau de pain et du fromage, ainsi qu’une chope de bière. La chambre n’était pas particulièrement spacieuse, mais confortable et suffisamment grande pour que l’on puisse s’y mouvoir sans difficulté. Un léger sourire étira un coin de la bouche de Tryon.

Il était dans sa cabine, soigné et disposant de nourriture, comme si rien ne s’était passé. C’était cela la force de l’armée des Tureìans : une vigueur de fer. Il avait été puni, mais maintenant sa vie allait reprendre son cours normal, et Garro allait sûrement l’envoyer réparer sa faute. Il n’allait pas ramper aux pieds de cet usurpateur, jamais ! Garro n’était digne de la confiance de personne, et c’est d’ailleurs en abusant de confiance qu’il avait atteint ce grade dans la flotte de Tolas’Emnir. Enfin, nul besoin n’était de penser à tout cela maintenant.
Tryon se redressa, non sans mal, et se rafraîchit le visage grâce au broc d’eau, après en avoir bu son content. Il fut agréablement surpris de la vitesse avec laquelle sa douleur avait chut. Il prit ensuite le plateau de nourriture, bien que cela fût bien insuffisant pour combler la faim qui le tenaillait. Ce fut à ce moment, alors qu’il se rassasiait, assit sur le coin de son lit, qu’un envoyé de Garro vint le chercher, celui-ci fut d’ailleurs bien surpris de le voir éveillé. Tryon le congédia avant de terminer son maigre repas, ensuite, soucieux de ne rien laisser paraître de son mécontentement, il fit une rapide toilette, avant de sortir hors de la cabine à la suite du servant.
N’importe qui aurait été scandalisé de ce traitement et du peu de réaction de Tryon, mais tout le monde n’est pas un Tureìan… C’est ainsi que fonctionne leur société : avec rudesse, à force de punitions, qui endurcissent les guerriers. C’est un peuple de combattants, ils vivent grâce à leurs conquêtes et leurs pillages. C’est pourquoi ils acceptent ces corrections et ces mauvais traitements, ils ont appris ainsi. Aussi étrange que cela paraisse, dans les coutumes des Tureì, les hommes arborent avec fierté les cicatrices ainsi reçues, car elles témoignent du nombre d’années de leur service et de leurs nombreuses campagnes.
Tryon s’avançait donc d’un pas fier sur le pont, où l’attendaient Garro et le capitaine du navire, ainsi que son second, les trois personnages les plus importants à bord, car le poste de Garro est fort prisé, en tant que gardien des prisons. Une fois devant eux, Tryon s’arrêtait et attendait qu’ils entament la conversation, respectant les stricts protocoles des Tureìans, voulant que les moins forts ploient devant les plus importants. Après quelques moments, ce fut le capitaine qui prit la parole :

- Tryon Tengranes, tu t’es vu confier la tâche de ramener deux prisonniers importants, qui pouvaient nous donner une lourde rançon. Tu as échoué, et nous n’attendons aucune excuse de ta part. Tu as été châtié comme mérité, et tu vas maintenant devoir retrouver les deux prisonniers que tu as laissé s’échapper. Tu seras accompagné par trois de nos guerriers qui connaissent, autant que nous le pouvons, la région. Tu partiras dès que tu te seras restauré et que tu auras préparé les affaires dont tu estimes avoir besoin.
Personne d’autre ne disait mot, et le capitaine fit un signe de la main, congédiant Tryon. Ce discours avait été prononcé dans la langue des hommes, bien que les Tureìans possèdent leur propre langage. Etant peu habitués à l’utiliser, ils parlent couramment ainsi lorsqu’ils pillent et sont au large du continent, pour en avoir le réflexe lorsqu’ils descendent à terre.
Tryon salua brièvement les trois hommes, avant de se retirer, après quoi il descendit dans sa cabine, prépara un léger bagage, contenant un couteau et une épée, de quoi monter un camp, et un peu de nourriture. Il fut prêt en quelques minutes, et remontait sur le pont où l’attendaient trois Tureìans, apparemment prêts à partir. Tous possédaient un petit sac avec les effets nécessaires à leur départ, qui durera probablement plusieurs jours. La tempête avait désormais laissé place à un beau soleil printanier, réchauffant une atmosphère autrement fraîche, ils pourraient donc chercher les prisonniers sans entrave, qui, d’après Tryon, étaient d’ailleurs blessés.

Ils marchèrent rapidement et arrivèrent en peu de temps à Melonarch. Du moins ce qu’il en restait… C’est-à-dire ruines fumantes et taches de sang. Somme toute, un triste spectacle. Tryon en premier, suivit de ses trois compagnons, nommés respectivement Kalris, Mentrit et Tiress, entra par la porte où il avait dû lâcher ses prisonniers. Mais, en y repensant, il riait de lui-même : il avait abandonné des prisonniers, sans doute décisifs dans cette bataille qui durait depuis trop longtemps contre les villages résistants, les laissant sur le bord de la route, simplement parce que un groupe d’hommes arrivaient sur lui. Il avait fui, attitude des plus scandaleuses pour un guerrier Tureìan. Il aurait dû rester droit et fier, et combattre son ennemi, ou bien, au pire, se cacher derrière quelconques débris et garder ses prisonniers.
Comme il s’y attendait, nulle trace n’était visible de ses deux prisonniers. Cependant, un élément retint son attention : une marque assez nette, commençant non loin de l’endroit où il avait laissé ses prisonniers, formant un léger sillon, passant par la porte, aménagée dans la barricade de bois entourant la partie sud du village, destinée, non pas à protéger les habitants de brigands ou envahisseurs, mais des animaux sauvages vivant dans le forêt s’étendant non loin. Ou il ne s’y connaissait pas, ou il s’agissait d’un corps qui avait été traîné. En quelques instants, une hypothèse se forma dans son esprit : l’un d’eux, sûrement le plus jeune, qui avait été moins malmené, avait eu assez de force pour s’abriter et avait emmené l’autre avec lui. Tryon fouillait rapidement l’endroit, et, ne voyant toujours aucun corps, trouva matière à confirmer son idée. Mais Mentrit ne l’entendait pas de cette oreille.
- je ne vois pas en quoi tu peux être certain de ce que tu avances, peut-être sont-ils cachés dans un bâtiment proche et ce n’est qu’une trace sans importance ou d’un autre corps, rien ne confirme ce que tu dis là. » Il toisait Tryon d’un air hautain, bien conscient d’être plus fort que lui. Fort grand, même pour un Tureìan, des cheveux très sombres, des yeux encore plus sombres, autant par leur couleur que par leur regard. Une musculature fort développée, Mentrit était le type même du combattant, à l’intelligence limitée, du moins du point de vue des Tureìans, lesquels sont généralement plus intelligent que le commun des mortels, mais à la force brute et brutale, elle, presque illimitée. D’ailleurs, ce point de vue était aussi l’avis des trois autres membres du petit groupe.
- Je pense que, ici, tu es la dernière personne dont on ait besoin de l’avis pour ce genre de chose. Si tu veux te rendre utile, fouille plutôt les bâtiments que tu vois devant toi. Enfin, se rendre utile, c’est bien sûr une façon de parler vu que tu n’y trouveras rien d’intéressant. Quelques babioles tout au plus, mais ce n’est pas ce que nous cherchons ici. Pour le pillage, tu es quelque peu trop tard. » Un ton cassant et mordant, bien de Kalris et de son aversion pour Mentrit, qu’il trouve trop irréfléchi et brutal. Tout le contraire de ce grand moralisateur, connaissant à lui seul des bibliothèques entières de savoir, mais assez peureux. C’est surtout ce dernier point qui fait qu’il est la cible de bien des moqueries de ses compatriotes. Le cheveu de couleur argent bleuté, se retrouvant aussi dans ses yeux, ses dents… En fait, sur un peu toutes les parties de sa personne, couleur au diapason de ses anciennes origines, remontant aux tout premiers Tureìans, en ce temps bien peu différents des Enyas ; Kalris est d’ailleurs de sang noble, appartenant à une famille peu éloignée de celle du grand Seigneur, mage de Tolas’Emnir.
Faisant montre d’une bêtise étonnante, même de la part d’une personne possédant si peu de sagesse, Mentrit pénètre dans le corps de garde, retournant tout sur son passage, sous le regard incrédule de Tiress, moqueur de Kalris et exaspéré de Tryon. Ce dernier réprimande d’ailleurs sérieusement Kalris, mais prenant bien garde de rappeler le Tureìan occupé à chercher, bien inutilement, dans les décombres de ce qui était apparemment le quartier des gardes. Mais est-il sûr que ce soit inutile ?
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MessageSujet: Re: Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture)   Petit extrait fantastique... (Brouillon, besoin d'avis pour la réécriture) Icon_minitimeJeu 2 Juil - 17:46

Chapitre 2 : une chance inespérée

Sous un couvert de brume, une ombre s’avançait, discrète comme l’obscurité dans laquelle elle se fondait, telle une douce brise dans la plaine. La nuit était fort avancée, et, seules éclairant cette ombre solitaire, les flammes mourantes des derniers incendies dans le village de Melonarch, non loin en contrebas, ainsi que la lumière opalescente de la lune, presque pleine en cette seconde nuit de printemps, permettaient de repérer cette silhouette. Elle s’arrêtait, semblant se tourner, postée au sommet d’une légère avancée de terre sur l’océan calme, vers les ruines fumantes dont on distinguait les formes à l’éclat de quelques flammes, les seuls restes de ce petit village isolé. Le vent battait ses cheveux et sa cape, dont les claquements provoquaient le seul bruit en dehors des sons réguliers de la marée et du léger bruissement parmi les feuilles des arbres proches.
- Ainsi donc, le moment est venu… Je n’y aurais jamais cru, mais l’on m’avait prévenu. Nous mourrons tous, jusqu’au dernier, si quelqu’un ne réagit pas. Désolé de t’avoir ainsi abandonné, mon frère, mais il le fallait. » Galdinor rabattit sa capuche sur son visage, geste quelque peu inutile en soi, car il n’y avait personne pour le reconnaître, ni même le voir. Après avoir jeté un dernier coup d’œil vers la colonne de fumée montant vers le ciel, face à lui, il se retourna et repartit, non sans quelque appréhension, vers la forêt se dessinant derrière lui, à la pâle lumière de la lune, et s’enfonça parmi les arbres.

Peu de temps auparavant, lui et son frère avaient été capturés par deux Tureìans, et avaient déterminés d’après les quelques mots échangés entre eux, que l’un d’eux se nommait Tryon. Ils n’en savaient pas plus. D’ailleurs, Galdinor n’en savait pas long non plus sur la façon dont ils avaient été libérés, puisque c’était apparemment le cas. Il se souvenait seulement d’avoir été assommé, ainsi que Lernan, par un des deux hommes, sûrement car ils se démenaient de trop. Il s’était réveillé, peu de temps plus tard d’après une vague estimation du temps suivant le soleil, sans trace aucune des deux Tureìans. Lernan n’était pas, lui, réveillé, et paraissait mal en point, ayant visiblement été frappé avec violence. Seulement, de nombreux autres Tureìans étaient présent non loin, et Galdinor aurait eu bien du mal à en réchapper avec son frère dans cet état. Le jeune homme décida donc de fuir, attitude que l’on pourrait qualifier de lâche, non à tort, mais il pensait que c’était le mieux à faire pour sauver Lernan. Après tout, si tous deux étaient repris par les Tureìans, n’avaient-ils pas aucune chance de s’enfuir ? D’ailleurs, il était déjà bien assez miraculeux d’avoir ainsi été délaissé. Il comptait revenir lorsque les Tureìans seraient repartis, et ce fut dans cette optique qu’il cacha son frère, étant toujours incapable de le réveiller, parmi les corps d’hommes et de femmes, nombreux à cet endroit.

Le voilà donc, passant de pan de mur écroulé en monticules de déchets destinés à être brûlé, il réussit à sortir de l’enceinte ouest de la ville, et pénétra dans la forêt. Quelques survivants essayaient bien de s’échapper par la même voie, mais la plupart furent rattrapés. Lui qui n’avait jamais été chanceux, il se rattrapait largement en ce moment ! Ce fut le cœur empli de remords que Galdinor avait traversé un pan de forêt pour arriver à ce lieu d’observation qu’il avait particulièrement apprécié durant toute son enfance, se faisant discret bien qu’il ne vit âme qui vive. Après quelques moments passés à contempler la vision désolante s’offrant à lui, il s’en était donc retourné dans la forêt, sa pensée entière occupée par seulement quelques mots : « Me le pardonneras-tu jamais ? »
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