Trahison, et abandon

Perdue. Egarée. Surement seule. Je ne sais que faire. Devant moi s’étalent les souvenirs d’un monde imaginaire. Le monde que je m’étais créé, par la force de l’amour et de l’espoir, s’est maintenant éteint, aussi rapidement et aussi brusquement qu’une bougie en plein mistral.
D’ailleurs, j’ai froid. Le temps lui-même est devenu glacial. Plus aucun mot ne vient me réchauffer. Il n’y a que ces souvenirs collés au mur de cette pièce. Il n’y a que ces lettres venues d’un pays lointain, que ces mots, qui passent devant mes yeux et figent mon cœur dans un instant de faiblesse.
]Je ne sais que faire. Ce monde n’a pourtant pas disparu, il est là qui m’attend, et je suis là à attendre un bateau qui m’y emmènerait, mais … Il ne vient pas, il est comme cet être que j’ai quitté. Il ne reviendra pas. Je suis seule. Plus jamais je ne sentirais sa main là où elle devait être, plus jamais je ne le verrais lui, lui et toutes ces choses qui le composaient. Je ne regarde plus les relents d’amour perdu. Je les colle contre moi, et je m’enfonce dans un brusque retour en arrière. Je le revois me sourire, je le revois rire. Je le revois m’aimer.
Moi aussi je l’aimais, et je l’aime encore. Ces airs de piano qui dansent dans ma tête me ramènent à la réalité. Et me soufflent que cet univers que j’avais créé avec lui, s’effondre avec la délicatesse d’une plume emportée par le vent. Reverrais-je jamais le faucon de mes nuits ? Qui m’offrait chaque soir la certitude d’un lendemain aussi beau ?
Certainement pas. Mais subsiste en moi la douleur aiguë d’un espoir fugace. Celui qui me dit qu’il reviendra, que tout ira mieux, que tout s’arrangera. Je crois en cet espoir, car c’est tout ce que j’ai à présent.
Je le conserve au fond de moi, en y ajoutant ces lettres que je serre contre moi. Je me sens trahie, et abandonnée, mais ils sont là pour me dire que je ne dois pas l’être. Les souvenirs me préservent, moi et mon espoir de fou. Je n’arrêterai jamais d’espérer. J’entends quelque part que je suis en train de me détruire, mais je n’écoute pas. Je reste plongée dans mon silence. Je ne respire plus, je suis passée sous l’eau. Reviendrais-je à la surface un jour ? Reverrais-je jamais le soleil ?

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